2/ Dompteuse de foudre

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Au petit matin, les rayons du soleil vinrent caresser mes paupières à travers mes rideaux blancs et j'ouvris les yeux reposée des tourments de la veille. Je pris le temps de m'étirer et de reprendre conscience avec le monde avant de me redresser dans mon lit. Le sommeil avait engourdi mes muscles et ma respiration s'était faite discrète, c'est pourquoi je ne fus pas surprise lorsqu'un bâillement disgracieux sortit de ma bouche. Le plaisir du réveil se dessina sur mes lèvres et s'est toute joyeuse que je me levai de mon lit pour aller prendre une douche.

Habituellement, le matin, j'allais déjeuner avec ma famille et je partais juste après pour la bibliothèque où des montagnes de livres attendaient mon retour. Ce matin pourtant, je savais que la bibliothèque n'allait pas être ma seconde destination. Avant de penser à sortir du château, je devais malgré tout aller faire acte de présence à la table royale du déjeuner. C'est vêtue d'une longue et légère robe crème en satin ainsi que de mes gants que j'ai pris la direction de la salle à manger.

En longeant les couloirs chaleureux, mon regard suivait les courbes gracieuses des cadres où les peintures de membre de la famille étaient accrochées. Il y avait des photos aussi, dans des plus petits cadres, car, même si les Rois avaient droit aux nouvelles technologies, certains comme mon père, préférait encore les bonnes vieilles méthodes.

Il n'y avait qu'à voir l'état de la bibliothécaire...

J'entrai avec un sourire dans la grande salle à mangé. Ma mère y était déjà installée avec mes deux sœurs, Susan et Carmilla. Ma cadette se leva pour venir me saluer alors que je faisais mon apparition. Ma petite sœur de trois ans ma cadette passa sa main sur mon bras avec la douceur qui la caractérisait tant.

-Je suis heureuse que tu prennes le temps de venir petit-déjeuner avec nous, Noah, me souffla Carmilla avec sa petite voix fluette.

-Comme tous les matins, lui fis-je remarquer.

-Oui, mais après ta dispute avec Susan hier je pensais que tu ne viendrais pas, bouda-t-elle en jetant un petit regard courroucé vers la concernée.

Susan fit un mouvement d'épaule hautain qui ne m'échappa point mais je m'installai tout de même en face d'elle, l'air de rien. Ses petites piques mesquines ne me touchaient plus depuis longtemps. Ma mère leva les yeux de son journal et me fit un sourire aigrit.

-Tu devrais arrêter de te mêler des affaires des autres, fille. Les histoires de ta sœur ne regarde qu'elle.

Mon père arriva avec trois de mes frères sur les talons et ils s'installèrent autour de la table en nous saluant alors que je m'apprêtai à répondre avec politesse.

-Mère, sachez que ce n'était en rien une dispute. Je ne suis pas responsable du manque de maturité de mon aînée.

Ma mère s'offusqua en claquant son journal sur la table alors que ma sœur me jetait un regard noir. Mon sourire en coin n'échappa pas à mon frère ainé, Friedel qui m'intima silencieusement de ne pas provoquer ma mère. Friedel était le premier héritier légitime du trône après notre père. Il avait déjà trente ans et avait épousé une jeune femme, fille du Roi qui régnait sur le Nord. Il était tombé amoureux d'elle à sa première visite dans le Nord et notre père s'était empressé de proposer un mariage pour rallier nos deux royaumes. Bien que le Roi du Nord soit un homme avare, et qu'il avait des propositions plus juteuses ailleurs, il accepta tout de même pour le bonheur de sa fille dont l'amour envers mon frère était réciproque. Friedel n'était plus souvent parmi nous et chacune de ses visites annonçaient encore d'avantage son départ.

-Avez-vous entendu ça, Madween ? Votre fille me fait de l'insolence sans se soustraire à mon regard.

Mon père, amusé des disputes entres les femmes de sa cour, me fit un clin d'œil avant de replonger son nez dans son café ce qui eut le don d'énerver Susan et notre mère.

VidyutaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant