39/ Les sabots d'Ardadel

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Je voyais Noah glisser le long d'Ubaxiel, assise à califourchon sur le bout de bois et tentant de repousser les murènes qui lui tournaient autour. Ses cheveux blancs dansaient dans l'air, et formaient comme une balise que les prédateurs suivaient. Sur le dos d'Ardadel, au galop, je longeais la courbe de la rivière, suivit de près par Kayden et devancé par le chien. Soudainement, l'une des murènes s'est enroulée autour du bois qui a roulé. Prise par surprise, Noah n'a pu que suivre le mouvement et tomber dans l'eau. Le courant l'a très vite submergée et elle a disparue de mon champ de vision. 

-Remonte, remonte... Murmurai-je pour moi-même avec inquiétude. 

Miroir, la jument de Loren est arrivée sur ma droite. Le garde-royale a jeté un coup d'œil à l'eau.

 -Il faut qu'on la sorte de là. 

-Si tu as une idée, je suis preneur, ai-je sèchement répondu.

 -Nous avons des cordes. Il faut qu'elle ressorte de l'eau pour que je puisse lui en lancer une. 

Je lui ai fait signe d'accélérer pour la dépasser. Il a fait galoper plus vite sa jument, et s'est retrouvé sur une corniche, quelques mètres en amont. La frimousse trempée de ma femme est sortie de l'eau alors qu'elle inspirait une grosse goulée d'air. 

-Elle est là ! Hurlai-je à Loren en faisant accélérer Ardadel pour le rejoindre. 

Il a vivement attaché la corde a une flèche avant de viser Noahlia. Je devais lui faire confiance même si j'avais peur qu'il la transperce. Malheureusement, avant qu'il n'ait pu tirer, ma femme a disparut une nouvelle fois sous l'eau. 

-Attends, si tu la touches... Me suis-je écrié en me positionnant en barrière entre lui et sa ligne de mire. 

-Si elle n'attrape pas cette corde, elle se noie. 

Sans attendre que je me décale, il a lâché la corde de son arc et la flèche à filé jusqu'à s'enfoncer dans l'eau. Nous sommes restés muets, les yeux rivés sur le point d'entré de la flèche dans l'eau. Rien ne s'est produit. Noah n'avait pas pu prendre la corde en main, elle était peut-être déjà noyée. Une stupeur s'est éprise de mon corps et j'ai eu des sueurs froides. Je ne pouvais pas la perdre. Pas maintenant. Je n'avais pas pu lui dire tout ce que je ressentais pour elle. Je m'étais comporté comme un idiot, un insensible. Elle pensait peut-être encore que je ne l'aimais pas alors que j'avais toujours été fou d'elle. Depuis notre rencontre lorsqu'elle avait cinq ans et moi sept, jusqu'à aujourd'hui.

 C'était l'anniversaire du Prince Ether, et nous avions tous été convié par la famille des Primvaley. Pour moi, c'était la première fois que je rencontrais le jeune homme qui allait devenir mon ami et collègue et cela avait été une bonne idée de tous nous présenter. Nous avions été choisis dès notre naissance. C'était le rôle de chaque second mâle né.

Durant la fête, il y avait une petite fille aux cheveux blanc, cachée derrière un petit garçon au regard dur. Elle avait des gants jusqu'aux coudes et sa petite robe bleu nuit lui assombrissait le teint. 

Moi, j'étais loin d'être timide, contrairement à elle, et je m'étais avancé dans leur direction avant que ma grande sœur ne m'en empêche pour aller me présenter au Roi Madween. 

La petite fille avait continué à m'observer mais elle restait près du jeune garçon. C'était Atlas. Déjà très protecteur envers elle, il m'avait défié d'approcher. J'avais attendu qu'elle se retrouve seule pour l'approcher. 

-Bonjour, moi c'est Nero de Paladini. Et toi ? 

Ses grands yeux noisettes terrifiés avaient cherchés un moyen de fuir avant qu'un grand garçon aux cheveux tout aussi blanc ne pose sa main dans son dos pour l'inciter à parler. 

VidyutaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant