36/ Gimel

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Je tenais dans mes bras son petit corps mourant, refusant d'admettre une vérité beaucoup trop lourde a porter. Ses yeux grand ouvert sur le soleil-levant perdaient peu à peu de leur brillance, et l'éclat marron commençait a disparaître. Gimel s'en allait. Ses lèvres où s'accrochait un sourire triste tremblèrent et je le vis lutter pour rester avec moi.

-Atlas, souffa mon petit frère en tendant sa main vers mon visage.

-Ne dis rien, lui intimai-je, caressant doucement sa joue de mon pouce.

Il prit une inspiration difficiles, encombré par le sang qui emplissait lentement ses poumons. Il avait été d'un courage héroïque, tuant avec une seule grenade les sept monstres qui se battaient juste à coté de lui.

-J'ai peur, murmura-t-il. Et je suis... fatigué.

Je lui fis un sourire qui se voulait rassurant. Il ne devait pas avoir mal, la mort ayant déjà posée son voile doux sur son corps.

-Tu n'es pas obligé de lutter Gimel, tu peux t'endormir, lui dis-je avec une peine qui me tranchait le cœur.

Je ne voulais pas le laisser partir. Je voulais croire qu'il y avait encore de l'espoir, mais les dégâts sur son corps étaient trop importants. Le trous pleins d'éclats dans son ventre n'était pas la blessure la plus importante. C'était peut-être son bras arraché, ou la fourche qui lui traversait le bas-ventre.

-Tu sais que... je ne vais pas... que dormir ? S'inquiéta-t-il comme s'il voulait que je réalise qu'il ne reviendrait pas.

-Oui, le le sais, finis-je par lui dire au prix d'un effort insurmontable alors que des larmes recommençaient a couler de mes yeux.

-Je...ne veux pas que tu... sois triste, Atlas, pleura-t-il à son tour en essuyant ma joue de sa main pleine de sang.

Il toussa et un filet de sang s'échappa d'entre ses lèvres.

-Je le serais, parce que tu vas me manquer, petit frère. Mais tu verras, Rethna s'occupera de toi jusqu'à ce que je vienne te rejoindre.

-Rethna...Souffla-t-il comme s'il venait de se souvenir de la Déesse de la mort.

-Tu peux partir, je te promets que tout ira bien et que je sauverais tout le monde, lui promis-je en hoquetant de tristesse. Même...Si je n'ai pas pu te sauver toi.

-Tout...ira bien... grand frère, ne pense...pas à ça. Je...

Sa voix mourut, et son âme suivit peu après ma laissant muet avec le corps sans vie de Gimel dans mes bras. Sa lueur de vie qui était restée accroché à ses yeux s'envola au même moment où un hurlements de douleur me déchira les oreilles. Friedel se tenait là,à genoux à quelques mètres de nous deux, hurlant la perte que nousvenions de subir, pleurant sans aucune dignité. De toute façon, à quoi servait la dignité face à une perte de cette ampleur ?

-Non...Gémit-il en se traînant près de moi. Pas ça.

Je pleurais. Les mâchoires serrées, et incapable de crier ma colère comme l'avait fait mon aîné qui se tenait à genoux à mes côtés, la main sur mon épaule.

-Gimmy, non, souffla-t-il en s'accrochant à lui. Réveille-toi. Reviens.

-C'est finit, Friedel, parvins-je à lui dire en posant ma main sur son épaule. Il est partit. Arrête, il est partit. C'est finit.

Je reposais doucement le corps de Gimel, soutenant un Friedel anéantis qui hurlait sa rage et sa peine, noyé sous un flot de larme.Oubliant toute virilité et laissant parler ma souffrance, je le pris dans mes bras, et il me serra dans les siens, m'implorant de lui pardonner. Il n'arrêtait pas de répéter que tout était de sa faute, qu'il aurait mérité de mourir à la place de notre frère,mais raisonner ainsi ne lui aurait pas rendu hommage. Je ne pouvais pas me permettre de juger les actes de mon frère, alors que les temps de tristesse et de deuil s'abattaient sur nous. Nous devions nous serrer les coudes, faire face, ensemble, car nous étions une famille.

-Déesse Rethna, incantai-je en fermant les yeux de Gimel. Mère des enfants partis trop tôt. Étendez vos bras.

-Bercez cette âme jeune et lumineuse qui nous a été arraché ici-bas, m'enjoignis mon aîné en combattant ses larmes qui lui cassaient la voix.


-Soignez sa conscience, apportez lui douceur et amour en notre absence. Faites qu'il soit heureux, à jamais et pour toujours. Accompagnez-le sur le fleuve des rires, laissez-le courir dans les champs de souvenir.Emportez dans vos bras aimant la plume de cet oiseau blésé. Nous te disions adieu, jeune frère Primvaley.















Piiiiiouuf

Habituellement je ne suis pas du genre a laisser un commentaire en fin de chapitre, mais celui-ci a été tellement difficile a écrire que j'avais besoin de vous laisser un petit mot. Concrètement, je suis en larme. Je viens de vider l'équivalent d'un paquet de mouchoir et c'est pas encore finis. Je ne sais pas si je vais avoir le courage d'aller me coucher car je suis certaine que je vais revoir cette mort dans mes songes. Je vais être sincère, je ne voulais pas tuer Gimel. Je lui avais prévu un tas de chose avec la petite Telma, mais parfois les histoires prennent le contrôle sur l'écrivain et on se laisse emporter par un flux presque magique qui nous conduit à faire des choses que nous ne voulons pas. J'espère que je vais réussir a garder le contrôle pour la suite parce que sinon, cette histoire va être très éprouvante a rédiger. 

Bien à vous -M-

VidyutaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant