Vidyuta

41/ Elle-même

Loren m'a aidé à l'asseoir devant moi sur le dos du cheval. Vidée de ses forces, Noah n'a pu que se laisser porter et asseoir devant moi sur Ardadel qui restait immobile, comme conscient que sa maîtresse aillait mal. Ils sont remontés sur leur monture quand j'en ai donné le signal. Tous avait compris que je n'étais pas d'humeur à être patient, ou amical.

-Loren, conduis nous à Ielcan. Au plus vite. Formation de combat. Si la moindre créature montre le bout de son nez, toi et Lucia, vous l'attaquez, Kayden, tu restes en retrait avec Noah.

Ils ont hoché la tête, et j'ai resserré le corps froid de ma femme contre moi.

Elle reposait contre mon torse, ses vêtements trempés n'allaient pas m'aider à faire remonter sa température mais je ne pouvais pas me permettre de la déshabiller. Inspirant profondément, j'ai été puiser en moi l'étincelle que j'avais trop souvent cherché a écarter. La chaleur qui s'en dégageait m'effrayait. Il y avait tant eu de meurtrissures, de douleur. Secouant la tête, je me rappelle que la vie de celle a qui je tiens le plus désormais est en jeux. L'étincelle m'a répondu presque instantanément, comme si elle avait attendu impatiemment juste à l'orée de ma conscience que je l'invite à revenir.

D'un coup, mon corps tout entier est devenu de plus en plus chaud, jusqu'à devenir bouillant. Cette chaleur ne me faisait aucun mal, j'avais déjà totalement prit feu par le passé, et mon corps en était sortit indemne. Mes yeux m'ont piqué et je savais qu'ils changeaient très légèrement de couleur. Dans mes iris noir, il devait y avoir un fil doré. Brusquement, mon pouvoir s'est emballé et je l'ai sentis débordé, ruant comme un cheval fou. Je me suis empressé de le brider.

Noah s'est réveillée. Elle aussi détentrice d'une So, elle avait du ressentir cette embardée de pouvoir. Elle s'est pelotonnée un peu plus contre moi.

-C'est fou, a-t-elle murmuré.

-Tu n'aurais pas dû me cacher ce que tu savais, Princesse.

-Je me suis dis que si tu ne m'en avais jamais parlé, c'est que tu devais avoir une bonne raison.

C'était presque gentil de sa part.

-Alors tu as préféré taire tes questions ? Je suis surpris. Tu n'es pas du genre à abandonner une piste quand tu en as une, lui ai-je dit d'un ton plus amer que je ne l'aurait voulu.

Noahlia de Primvaley avait beau être la femme que je désirais et à qui j'offrirais le monde si j'en avais l'occasion, elle avait tout de même la fâcheuse habitude de fourrer son petit nez partout. Et de se mettre dans des situations impossibles.

-Viens-tu délibérément d'insinuer que je suis une fouineuse ?

J'ai lâché un rire sardonique.

-Oui, peut-être. Malgré tout, je ne sous-entend pas que ce n'est pas une bonne chose, parfois, nuancai-je. Ta curiosité pourrait bien finir par nous sortir de notre cauchemar.

Elle s'est contentée de faire un « hum » avant de reposer sa tête contre mon épaule et de fermer les yeux. Je savais qu'elle ne dormait pas. Alors je lui ai parler de quelques choses qui m'avait étonné.

-Ardadel t'es très dévoué.

-Comme n'importe quel cheval avec son cavalier. Je prends soins de lui et il prend soin de moi, a-t-elle rapidement éludé.

-Je ne pense pas, non, ai-je affirmé. Il m'a éjecté de son dos et a plongé dans la rivière pour aller te récupérer. Peu de bête se serait mise en danger comme il l'a fait pour sauver un humain.

Elle a ouvert les yeux, les sourcils froncés.

-Je ne vois pas où tu veux en venir.

-Nul part. Je voulais juste te narrer ce qu'il s'était passé.