31/ Saute d'humeur

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-Ma luciole, réveille-toi, chuchota Nero.

Sa main caressait mon visage, et ses lèvres déposaient de petits baisers le long de mon cou. Si je n'avais pas aussi mal à l'épaule et à la cheville, et qu'une odeur de bois brulé ne flottait pas dans l'air, j'aurai pu me croire dans mon lit au château.

Encore endormie, je me redressai puis ouvris les yeux. Le jour était levé, et le temps était maussade. Il avait plu toute la nuit, et si Loren et Lucia n'avaient pas monté les tentes, nous aurions passé une nuit des plus horribles.

-Comment te sens-tu ? S'enquit le Prince en retirant une mèche de mes cheveux emmêles qui me barrait le visage. 

J'avais été à la rivière hier soir pour me laver un peu, mais mes blessures m'avaient fait trop souffrir pour que je considère ma petite trempette comme un véritable décrassage. 

Dès que j'étais revenue en clopinant au camp aidé de Lucia, Loren m'avait fait un bandage à la cheville et il s'était servis de bout de bois solides pour me faire une atèle. La seule sacoche médicale que nous possédions n'était composée que de simples bandages, de désinfectant et d'antidouleur, que j'avais refusé d'avaler. Nero, vêtu d'un simple pantalon de toile, accroupi en face de moi, penchait la tête sur le côté en l'attente d'une réponse.

-J'ai l'impression d'être passé sous un troupeau de Trolls, avouai-je avec un demi-sourire.

-Au moins, ton sens de l'humour et son sarcasme sont intactes, railla-t-il en me tendant un bol d'eau.

-Comment se fait-il que nous ayons croisé ce genre de créature ? Demandai-je de but en blanc après avoir bût.

-Je n'en sais rien. Habituellement, les Chasseurs arrivent à les repousser loin des villes, mais la forêt de Mathma est immense et je ne pense pas que les Chasseurs viennent jusqu'ici. Surtout que la ville la plus proche est encore loin. 

-Tu parles de Thurin'lia ? Nous ne sommes pas si loin, il me semble. 

-Non, pas vraiment, environ une journée de cheval, mais comme nous allons passé entre Thurin'lia et Primvaley, nous croiserons certainement d'autre créature. 

Primvaley était la ville qui avait donné à ma famille son nom royale. La loi du Magistère voulait qu'à côté de chaque capitales se trouve une ville portant le nom du Roi de ce secteur. Je ne me souvenais plus si c'était la ville qui donnait le nom ou le nom qui donnait celui de la ville...Quoi qu'il en soit, la deuxième plus grande ville de l'Ouest, était Primvaley. C'était une auberge au commerce, et à l'économie. Les plus grandes banques et les diverses magasins se trouvait là-bas. Si la capitale Caravelle était le lieu de vie le plus primé de l'Ouest, Primvaley était là où tout se faisait. On pouvait y trouver de tout, même les pires choses qu'il pouvait exister au monde, comme des marchands d'esclaves où des mercenaires. 

-Pourquoi ne pas s'arrêter dormir à Primvaley, suggérai-je. 

Le regard de Nero se posa sur ma cheville en miette et l'entaille que j'avais au front. 

-Nous ferons peut-être une pause là-bas pour te soigner, mais c'est trop risqué de s'y arrêter. Si les marchands d'esclaves nous tombes dessus, je ne serais pas en mesure de te protéger. Rester loin des villes c'est rester loin des ennuis. 

-Tu as aussi besoin de soin, objectai-je, et nous devons nous procurer de meilleurs armes pour nous défendre contre les choses que nous pourrons croiser. Regarde, hier un Inugami, demain une goule peut-être ? Je ne comprends toujours pas pourquoi on est tombé sur un Inugami si loin de la ville,  mais nous ne pouvons pas prendre plus de risque. 

VidyutaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant