Vidyuta

23/ Juste une nuit

Quand nous arrivons aux alentours du château, je sens que Noahlia tombe de sommeil. Je passe un bras plus près d'elle pour éviter qu'elle ne tombe du pur-sang qui marche dans les jardins du Palais. Elle est adorable et étrangement minuscule. C'est en l'ayant tout contre moi que je me rends compte qu'elle est terriblement frêle et que son caractère flamboyant la rend plus grande.

La retrouver devant le bar où nous étions avec ses frères en train de danser joyeusement m'avait fait un véritable électrochoc. Atlas m'avait dit qu'il ne l'avait plus vue dans cet état depuis des années et Friedel avait hoché la tête tristement. Je me rappel leur avoir dit de partir et que je m'occupais de la ramener. Bien entendu, Atlas s'y était opposé mais son ainé l'avait tiré par le bras en le fusillant du regard.

Je ne me sentais pas fier d'avoir contribué à rendre Noah comme elle était aujourd'hui ; Par ma faute, elle allait se marier, elle allait quitter sa famille qu'elle semblait beaucoup aimer, et elle allait se retrouver dans un endroit hostile. J'avais bien envie de me dire qu'elle allait se plaire à Sar Avila, mais elle allait se retrouver face à la centaine de femmes qui voulaient m'épouser, et face à Heidi. Ma petite sœur était une vraie reine à la capitale. Tout ce qu'elle voulait, elle pouvait l'avoir, et je savais que son but unique était de rendre la vie de ma femme plus qu'impossible. Malgré la dispute que nous avions eue, ainsi que la soirée qu'elles avaient passée ensemble, je ne pensais pas qu'elle avait changé d'avis à son égard.

Heidi était terrifiée par les So depuis qu'elle avait failli mourir dans un incendie qui avait ravagé notre ancienne demeure. Si elle savait que c'était moi qui l'avait allumé, elle m'aurait haït aussi...

-Nero ? Qu'est-ce que tu fais ? Me demanda la petite voix endormie de ma Princesse alors que je la descendais de cheval en la portant.

-Rien, dors.

Elle ne pipa mot et nicha sa tête dans mon cou, obéissante. Un Garde Royal me fit signe qu'il allait s'occuper d'Ardadel et me laissa le champ libre pour rentrer dans nos appartements. Je traversai le plus vite possible les couloirs pour ne pas tomber sur la mère de Noah mais c'est la mienne que je trouvai au détour d'un couloir.

-Maman ? Que fais-tu ici ? Tu devrais aller dormir, il est tard.

-Intenable insomnie, mon fils. Vous savoir dehors, tes sœurs et toi, m'inquiétais. J'ai entendu Carmilla, Méroé et Heidi rentrer ainsi que Féodor et les garçons mais je n'avais aucune nouvelle de toi et d'elle.

Elle caressa la joue de Noahlia délicatement de la main.

-Je vais bien, comme tu peux le voir, la rassurai-je en souriant.

-Je sais, je sais. Je peux aller dormir maintenant, souri-t-elle en resserrant son châle autour de ses épaules. Tu sais Nero, je suis certaine que Noahlia se plaira chez nous. Je tacherai de l'aider un maximum. Cette petite est un bijou que les gens d'ici ne voient pas. J'en suis malade.

-Maman...Merci d'avoir plaidé sa cause alors que Papa refusait que je me maris à elle.

-C'est normal, mon fils. Même si sa So est impressionnante, elle reste une enfant qui a besoin d'amour. Et puis, tu l'as toujours aimé.

-C'est vrai. J'ai essayé de faire passer mon affection à son égard pour une profonde amitié mais tu as toujours su la vérité, hein ?

-Je te connais depuis toujours, me fit-elle avec douceur comme si c'était la réponse à tout. Allez, va dormir toi aussi.

J'hochai la tête, posai un baiser sur la joue de ma mère et filai pour aller coucher Noah. Je savais depuis longtemps que ma mère l'aimait beaucoup mais je ne savais pas qu'elle l'aimait autant. Méroé pourra le nier autant qu'elle le voudra, Velvet aurait voulu avoir une So comme fille.