19/ Ascenseur émotionnel

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J'avais été recouché mon petit frère dans sa chambre dans laquelle j'avais trouvé une servante paniquée. Elle m'avait remercié à genoux d'avoir retrouvé Gimel, presque en pleure. Je savais ce que cela pouvait lui coûter de perdre le petit prince. C'est après avoir souhaité une bonne nuit à mon frère que j'étais retournée dans mes appartements. Nero semblait pensif et quand il me vit entrer il ne put s'empêcher de sourire.

-Je trouve que Gimel te ressemble. C'est un enfant particulièrement intelligent.

-Cela risque de lui coûter beaucoup, je soupire en m'asseyant à côté de lui, lasse.

Il hoche la tête et passe un bras par-dessus ma tête pour me ramener contre lui. Je serre les dents mais me laisse faire, trop fatiguée pour me dire que son rapprochement est déplacé. La seule chose à laquelle je pense, c'est que j'ai besoin de me sentir protégée. Je pose alors ma tête sur son épaule, toujours emmitouflée dans mon peignoir nuageux.

-Je me disais quelque chose quand tu racontais la Première Légende. Déjà, à l'époque, les quatre hommes n'étaient pas d'accord. L'Est a toujours été en marge. Même quand il y a eu le vote du peuple pour garder l'unification. Je ne sais pas trop pourquoi, mais il y a toujours eu une sorte de séparation entre l'Est et les trois autres Royaumes.

-Je ne sais pas non-plus. Il paraît que l'Est est divisé. Une guerre civile menace depuis une dizaine d'année, mais Badenil sait garder son peuple obéissant. C'est un bon Roi, quoiqu'un peu rude.

-La rudesse n'est pas une mauvaise chose, s'amuse Nero en me caressant les cheveux. Regarde-toi.

-Je ne suis pas rude ! M'exclamais-je en me redressant.

-Absolument pas, rit Nero. Bon, je vais aller me coucher, Princesse.

Il se leva et je le vis se diriger vers ma chambre. Une alarme sembla se déclencher dans ma tête si bien que je me levais d'un bond et lui attrapa le bras.

-Tu ne penses tout de même pas dormir dans mon lit, dis-je en insistant sur le fait que c'était mon lit.

Il regarda le canapé avec une grimace, puis moi, et ouvrit grand les paupières.

-Quand je te disais que tu étais rude, c'était un euphémisme, souffla-t-il en se rasseyant sur le canapé, dépité.

Je fis théâtralement passer une mèche de mes cheveux derrière mon épaule.

-Que veux-tu ? Je ne suis pas une Princesse facile, raillais-je. Et puis tu risquerais de m'écraser.

-Je fais quatre-vingt-douze kilos, pas une tonne, pesta le Prince.

Je le laissais dans le salon pour retourner dans ma chambre où une douce chaleur m'étreignit. Avec le froid qu'il commençait à faire dehors, j'appréciais dormir dans une chambre très légèrement chauffée, juste ce qu'il fallait pour que les draps soient un peu frais mais que l'air autour soit supportable. Je n'allais pas dire que je n'étais pas exigente, car ça serait faux, mais je devais bien avouer qu'il y avait quelques manies dont j'aimais me satisfaire. Je me débarrassais de mon peignoir et enfilait une petite chemise de nuit bleu d'une texture que j'adorais. Même si l'habitude me faisait dormir nue, il était hors de question que je prenne le risque avec le Prince dans la pièce d'à côté. C'est quand je fus habillée de mon vêtement que je me rendis compte qu'il ne faisait pas si chaud que ça dans ma chambre, et qu'une chair de poule ravageait mes bras.

J'eus soudain un peu mal au cœur en pensant que Nero aurait peut-être froid sur le canapé, malgré les draps à sa disposition dans le meuble. Bien entendu qu'il aurait froid. La porte qui menait au balcon n'était pas bien isolée et cela faisait un courant d'air avec la salle de bain. Je me mordis la lèvre, hésitante.

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