Vidyuta

28/ Ils sont réveillés

Ardadel et sa magnifique robe caramel attendait patiemment que je finisse de le préparer pour le voyage. Je lui avais mis une scelle de choix, faite dans un cuir souple et brun qui semblait se fondre avec la couleur sablé de mon cheval. Les sacs de nos provisions et de nos affaires diverses étaient soigneusement rangés de part et d'autre de la scelle. Alors que nous nous apprêtions, une heure avant, à partir pour Ilin'dur, nous étions tombés sur Friedel et Gimel qui se préparaient pour partir pour Stan sur l'Ile du Paradis. Mon frère m'avait tout de suite demandé où je comptais aller je n'avais pas pu lui cacher la vérité sur les visions de Velvet. Résultat, il m'avait promis de ne rien dire si en contrepartie je m'engageais à partir avec trois membres de la Garde Royale pour me protéger. Je n'avais pu rien négocier, ni moi, ni Nero.

L'un des Gardes s'approcha de moi avec un arc et des flèches rangées dans un carquois en cuir noir.

-C'est pour vous, Princesse, m'informa-t-il en me tendant le tout.

-Je ne suis pas une très bonne archère, me crus-je bon de lui dire en prenant l'arc maladroitement.

Il me fit un sourire. Il devait avoir l'âge d'Ether, tout au plus vingt-cinq ans. Il était vêtu de la même armure lourde et clinquante que ses coéquipiers et portait à sa ceinture une épée et plusieurs poignards.

-Nous avons une longue route. Je pense que je pourrais peut-être vous entrainez, si mademoiselle le veut bien.

-Comment vous appelez-vous ? Souris-je en attachant l'arc sur l'arrière de la scelle et en déposant le carquois sur mon épaule.

-Loren, Mademoiselle, dit-il en même temps qu'il s'inclinait. Mais s'il vous plait, tutoyez-moi.

J'acquiesçai.

-Je serais ravie d'apprendre le tir à l'arc, Loren. Est-ce que nous sommes prêts à partir ? Les toiles de tente tiennent sur vos chevaux ?

-Oui. Nous n'attendons plus que votre mari. En attendant, puis-je vous présentez aux deux autres membres de votre garde rapprochée ?

Je le suivis jusque dans un box ou se trouvait une femme d'un peu près mon âge et un homme d'une quarantaine d'années. Tous deux s'inclinèrent sans rien dire alors que j'arrivai à la suite de Loren.

-Princesse, je vous présente le General Griffin, et voici Lucia. Nous faisons tous partis de la Garde Royale de l'Ouest sous le commandement de votre frère Atlas.

Je palis.

-As-tu prévenue mon frère que nous partions pour Ilin'dur ? M'inquiétai-je tourné vers Loren.

Celui-ci secoua la tête les yeux baissés tandis que le Général Griffin sortait du box pour venir plus près de moi. C'était un homme de caractère, marqué par l'expérience et la vie, mais ses yeux chaleureux lui donnaient un air de bon gentil.

-Mademoiselle, pourquoi ne voulez-vous pas qu'il soit au courant de notre expédition ? Lui mentir est une infraction grave pour nous.

-Vous ne lui mentez pas, Général, vous omettez de le lui dire.

-La limite entre mentir et omettre est très fine, me fit-il remarquer avec douceur.

-Je veux le protéger, c'est tout. Maintenant, si nous sommes prêts à partir, j'aimerai que nous y allions le plus rapidement possible.

-Princesse, intervint Lucia en se mettant devant le Général, nous n'avons plus de compte à rendre à la Garde Royale. Nous sommes là pour vous suivre tout au long de votre périple. N'écoutez pas les sermons de ce veux bougre de Griffin, la droiture lui est montée au cerveau ! Nous vous serons désormais loyales à vous et uniquement à vous.