14/ Jeu hasardeux

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Nero s'était installé sur la petite table ronde qui trônait dans mon salon, et se réchauffait les mains en serrant sa tasse de Rooibos des vahinés. Son regard était perdu dans son breuvage comme s'il réfléchissait à la manière de me répondre.

-Tu n'as toujours pas compris, hein ? Soupira-t-il en relevant la tête pour plonger ses yeux noir dans les miens. Ce que je t'ai dit jadis est encore valable aujourd'hui. Je ne t'ai pas demandé en mariage uniquement pour te sauver comme le pense Ether ou Heidi. Ce serait chevaleresque de ma part mais la vérité est un peu plus égoïste. Mon attachement à ton égard est réel.

Je me suis assise sur le canapé en me massant la tempe droite.

-Je veux juste m'assurer que tu ne regretteras pas, fis-je doucement.

J'avais toujours rêvé que je me marierais avec un homme qui m'aimera pour ce que je suis et qui m'acceptera avec mes travers - et en soit ma Seconde Origine. Mais ce qui me faisais le plus peur, et ce que je n'avais jamais eu conscience jusqu'ici, c'était le fait que l'homme pouvait regretter. Je n'avais pas vu Nero se lever et je fus surprise de le voir accroupi face à moi, la main sur la mienne. Il dégageait de sa peau une chaleur déconcertante qui me fit du bien, même à travers mon gant.

-Sacré érudit, s'amusa-t-il. Tu devrais arrêter de continuellement penser à tout, de perpétuellement vouloir tout prévoir. Repose-toi un peu sur moi, Noahlia.

Son ton était suppliant. Il n'avait pas changé au fond de lui. Toujours aussi serviable et attentionné, malgré les quinze centimètres qu'il avait prit et les muscles qui saillaient sous sa chemise rouge. Je ne sais pas pourquoi je l'ai repoussé.

-Ne crois pas que ce mariage va me rendre faible, grondai-je en me relevant et en le repoussant. Je peux me débrouiller toute seule comme j'ai coutume de le faire, et je n'ai pas besoin de me reposer sur quelqu'un.

Nero se mit à rire comme s'il savait que je reviendrais très vite sur mes positions. Il devait se douter que me séduire n'allait pas être aussi simple qu'avec les femmes qu'il côtoyait à sa cour. Il bût d'une traite son thé et remit sa veste de costume qu'il avait retiré plutôt. Le temps était écoulé et nous devions retourner avec les autres pour le diner.

-Je ne cherche pas à te changer, chère et tendre future épouse, railla-t-il pendant qu'il posait mes mains autour de son bras.

-Tu as fort intérêt à te souvenir de ces paroles, Nero.

Je le fixais avec mes yeux bleu électrique ce qui l'amusa beaucoup. Il savait pertinemment que ma Seconde Origine allait lui causer quelques ennuis mais ça n'avait pas l'air de l'effrayer plus que cela. Il ouvrit la porte et nous découvrîmes un homme de la Garde Royale qui montait la garde à côté de ma porte. Il portait une tenue verte et noir, typique de celles du Sud ce qui me confirma que cet homme n'était pas l'un des nôtres. Le Prince fronça les sourcils et avant que je n'aie pu rouspéter, il s'en chargea à ma place.

-Que fais-tu ici ? S'énerva Nero en attrapant l'homme par le devant de sa veste.

Il le plaqua contre le mur en le foudroyant du regard alors que je restais muette de stupéfaction.

-J'obéis aux ordres que j'ai reçu, parvint difficilement à répondre l'homme dont la cage thoracique était compressée par les poings du Prince.

-Des ordres de qui ? Gronda-t-il en appuyant un peu plus.

Le garde ne répondit pas. Le duel de regard qui s'en suivit me parut particulièrement absurde. Il y avait une tension brûlante entre les deux hommes mais Nero n'insista pas plus longtemps et relâcha le Garde en lui ordonnant de partir. C'était tellement étrange que les mots ne sortirent pas de ma bouche. Le Prince prit ma main et m'entraina en direction de là où nous devions dîner sans rien dire de plus, alors je l'interrompis dans sa marche en le retenant par le bras.

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