24/ La cérémonie

35 5 12
                                    


L'eau fraiche qui dévalait sur ma peau me donnait la chair de poule ainsi qu'une délicieuse sensation de bien-être. J'étais à l'aube de ma renaissance, il fallait que je sois parfaitement réveillée pour la croquer à pleine dents. J'avais déjà fait quelques efforts auprès de Nero ce matin. Autrefois j'aurais réagis de manière disproportionnée, en l'insultant, probablement. Désormais, je devais penser comme s'il allait faire partie de moi. Et c'était en quelque sorte ça. Nero allait devenir une part de moi, et j'allais devenir une part de lui. Il était tant que je me lâche un peu, que je cesse de me fermer telle une huitre et que je m'ouvre à la vie de femme bientôt mariée.

Je sortis de la salle de bain une serviette autour de moi et fus ravie de trouver mes appartement vide avec un petit mot sur la table.

On se verra devant l'hôtel, Princesse.

Je souris bêtement, enivrée. Au même moment, deux femmes que je connaissais bien entrèrent comme des furies dans mon salon. J'hoquetai en resserrant ma serviette contre ma peau.

-Noaaah ! Hurla Carmilla en venant me prendre dans ses bras pendant que Méroé me prenait le mot de Nero de la main. Ma sœur va se marier. Ma sœur va se marier. Ma sœur va se marier ! Répéta-t-elle toute excitée.

-Au moins, si jusque-là j'avais encore un doute ça devient tout à coup très clair, raillai-je en la faisant reculer par les épaules en prenant soin de ne pas la toucher avec mes mains nues.

-Mon frère a toujours été très romantique, se moqua Méroé en reposant le mot sur la table. Bon, tu te doutes bien de la raison de notre présence, n'est-ce pas ?

-C'est vous qui allez m'aider à m'enfuir ? Proposai-je en haussant les épaules.

-T'enfuir ? Je ne crois pas non, fit ma petite sœur avec malice.

-Petite ingrate, si un jour tu me demandes de l'aide pour cacher un corps, ne compte pas sur moi !

Elle s'esclaffa puis retrouva vite dans l'entrée pour faire signe à une vielle femme d'entrer. Celle-ci passa le pas de la porte la tête baissée et un gros paquet dans les mains.

-Votre robe, Princesse Noahlia, annonça la vielle dame en plongeant ses beau yeux bleu dans les miens.

Quelques longues minutes plus tard je sortais de derrière le paravent avec la robe que les couturières m'avaient confectionné sur mesure.

-Je n'ai pas les mots, souffla Carmilla la voix teintée d'émerveillement.

En réalité, je ne les avais pas non-plus. Cette robe était sublime. C'était un bustier de dentelle blanc qui épousait mon corps à la perfection. La jupe n'était pas très épaisse, elle se contentait de descendre en suivant la ligne de mes courbes jusqu'au sol sur lequel elle s'étalait. Elle était longue et je savais qu'elle traînerait dans mon dos quand je marcherais jusqu'à l'hôtel. Le bustier impliquait qu'il n'y avait pas de manche, mais se marier en décembre avait un prix.

-Tenez, fit Solène, la vielle femme, en me tendant des gants.

Je les enfilai avec précaution. Tout de dentelle fait, ils montaient jusqu'après mon coude avec douceur. Ils avaient des motifs pourpres qui représentaient des fleurs. Je les savais assez épais pour protéger ceux qui me prendraient les mains. L'un d'eux avait un espace qui ne recouvrait pas ma peau précisément à l'intérieur de mon poignet droit, là où je recevrais les marques d'engagement envers Nero.

-Tu es magnifique, me complimenta Méroé. Pour un peu nous pourrions laisser tes cheveux sans aucun artifices tellement ta robe te sciée.

-Ah non ! Protesta Carmilla. Je dois lui poser un voile de trois mètres de long avec des pierres précieuses sur la tête. Comment veux-tu que je fasse si elle laisse ses cheveux comme ça ?

VidyutaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant