Jean-Patrick sautait fièrement dans les herbes hautes qui longeaient le chemin enneigé que nous avions emprunté à la sortie de Primvaley. Il avait gagné notre bataille quand Lucia était sortie de la maison et s'était jetée genoux près de lui, l'inondant de caresses et de mots-doux. Cette sale bête répugnante s'amusait à courir après les insectes volants, passant furtivement entre les pattes de nos chevaux. Entre Nero et Kayden dans la concession, il ne me lâchait pas d'une semelle. Je ne savais même pas comment on pouvait appeler ça un chien. Il était immense et ses poils long et emmêlés balayaient le sol en ramassant toutes les ordures et les feuilles mortes. Il ressemblait à un mélange entre un nid de poussière dans un grenier et une serpillière trempée d'eau croupis. Si ma métaphore n'était pas bonne, il n'y avait qu'à écouter son nom. Qui appelai son chien Jean-Patrick ?
-Pat' ! Aux pieds ! Rappela Kayden.
Oh, oui, « Pat » s'était beaucoup mieux, pensai-je ironiquement en roulant des yeux.
Je n'étais pas sans-cœur. Loin de là, mais les chiens et moi, nous n'étions pas fait pour nous entendre. Aux fils des années, je m'étais résolue. Dès ma première rencontre avec un canidé, j'aurais dû le savoir, mais j'ai du faire plusieurs tentatives pour m'en assurer. La première fois, le chien en question était une femelle. Elle m'avait mordue le bras parce qu'elle s'était appropriée ma peluche et qu'elle n'avait pas apprécié que j'essaie, du haut de mes quatre ans, de la récupérer.
Le deuxième, c'était un vieux molosse immense qui m'avait terrorisé. Je devais avoir même pas dix ans, et nous nous promenions avec Friedel et Ether dans les Jardins. Un monsieur avait perdu le contrôle de son animal et il m'avait coursé en m'aboyant violemment dessus jusqu'à ce que je me jette dans les bras de mon frère aîné qui l'avait fait fuir d'un coup de talon dans le museau. Friedel adorait les bestiaux en tout genre, mais celui-là n'avait pas été commode et j'avais refusé de descendre de ses bras avant d'être totalement rentrée.
Autre que ces deux expériences-ci, j'avais subits un tas de mésaventures avec les chiens. Ils m'avaient fait pipi dessus, m'avait fait tomber dans un caniveau. Je m'étais faite plusieurs fois courser, et morde. Voilà d'où venait deux des trois cicatrices qu'arborait mon corps.
J'avais retenue la leçon, je ne donnerai aucune chance à Jean-Patrick de me faire du mal. Et Ardadel semblait tout à fait d'accord avec moi car à chaque fois que la serpillière à pattes s'approchait un peu trop de lui, il le repoussait des sabots.
-Si on continu à cette allure, nous pourrons arriver à Ilin'dur avant demain soir, vient m'apprendre Nero en ramenant sa jument près de moi. J'espère qu'elles pourrons nous apprendre quelques choses.
-Elles nous pensent responsables. Si la cause est humaine, alors il y a peut-être une solution pour tout régler. Il y a même sûrement une solution pour tout régler, tentai-je de me persuader.
-Elles auraient dû nous prévenir, persifle-t-il le regard dans le vide.
-Elles l'ont fait. Je ne pense pas que ta mère reçoit spontanément certaines visions. Je suis persuadée qu'elles lui ont demandé de nous envoyer là-bas.
Il s'est passé la main dans les cheveux, perplexe.
-Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi on doit y aller, alors qu'elles auraient pu en parler directement à ma mère. Elles nous font perdre du temps. Et dans la situation actuelle, le temps est précieux, le temps c'est la vie. Chaque minute, c'est des gens qui se font contaminer.
-Peut-être qu'elles n'ont pas toutes les informations et qu'il est nécessaire qu'on soit là pour qu'elles les aient.
Il me détailla un instant, silencieusement. Je savais qu'il se demandait pourquoi moi, je savais qu'il se demandait si je ne lui cachais rien. Moi-même je me posais ces questions. Je n'étais même pas certaine de ne rien lui cacher. Il y avait bien cette conversation entre Ramsès, Friedel, mon père et Torino, à laquelle j'avais assisté. Malgré ça, ce que j'y avais appris, c'était avéré devenir public quelques heures plus tard.
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Vidyuta
FantasyElle est née pour sauver le monde d'une épidémie horrifique. Elle est née pour gouverner un peuple incompris. Elle est née pour être celle qui fera tomber la barrière de l'impossible. Elle est née pour chevaucher la Foudre. Elle est née pour gag...