33/ La cité Primvalley

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Après une journée entière sans descendre de cheval, j'avais les fesses complètement endoloris et le dos en compote. Roulant des épaules pour détendre mes muscles, je soupire longuement, la mort dans l'âme. La journée était passée très lentement, dans un silence malsain. Nous avions tous eu une pensée pour Le Général, que nous avions enterré près d'un arbre sous la terre et la neige. Son âme était retournée vivre auprès des dieux et des déesses, enfin, cela dépendait des croyances de chacun.

Il n'y avait pas de réelle raison qui m'empêchait de croire à une vie après la mort, excepté le fait que je ne croyais que ce que je voyais mais si Loren, Lucia et Nero voulaient croire que l'âme des morts rejoignait le sceptre de Rethna, la déesse de la mort, alors je n'avais aucune raison de les juger.

Les livres anciens évoquaient Rethna comme une femme aimante et chaleureuse qui soignait l'âme malade des morts, et avec l'aide de sa sœur Gamet, l'une des Déesses Fondatrices, les renvoyaient sur la terre pour vivre une nouvelle vie. C'était comme une sorte de réincarnation.

Quand j'étais plus petite, je me demandais souvent pourquoi il n'y avait que des Déesses, et pas de Dieux. Mon Père avait eu l'extrême patience de m'expliquer que les Dieux existaient, mais qu'ils n'avaient pour seule fonctions que d'aider les Déesses dans leurs vies et d'être leurs Exécuteurs. Car oui, chaque Dieux étaient liés à une Déesse et si l'une d'entre-elle souhaitait agir dans les Quatre Royaumes, c'était l'Exécuteur qui était envoyé à sa place. Personne ne connaissait leur nom. Mais les légendes s'accordaient à dire qu'ils étaient magnifiques et dotés de pouvoirs phénoménaux.

-On arrive à Primvaley, déclare Nero en me faisant soudainement sortir de ma rêverie.

Levant les yeux, je découvre les majestueux remparts de pierres blanches qui entourent la ville, en songeant que si les monstres arrivaient jusqu'ici, ils seront facilement repoussable.

D'ici, j'entendais les effluves d'énergies de la ville. II devaient être dix heures du soir, la nuit était tombée depuis bien longtemps, mais le service de nuit avait pris le relai pour ouvrir les bars, les restaurants, les théâtres, et les hôtels. Les visiteurs nombreux fêtaient la fin de l'année qui approchait à grand pas avec sa traditionnelle Mìeldìr, la fête du renouveau.

-Je crois que c'est la première année que je ne fêterais pas Mìeldìr avec ma famille, dis-je nostalgique alors que les lourdes portes s'ouvraient pour nous laisser passer.

Le visage de Nero s'assombrit, mais ses yeux noirs me sourirent chaleureusement.

-Je serais avec toi pour danser sous les feu-d'artifices, je te le promets, et puis (il tendit la main vers moi et caressa la marque que j'avais sur l'intérieur du poignet) nous sommes de la même famille maintenant, la nôtre.

-C'est vrai, admis-je le cœur lourd.

Le claquement des sabots d'Ardadel sur les pavés de la ville m'empêchèrent d'entendre la remarque de Loren à propos d'une auberge.

-Il a raison, concéda Nero alors que je n'avais pas suivis. Nous ne pouvons pas aller nous reposer au Rex, il faut que nous trouvions une petite auberge dans laquelle notre royauté passera inaperçue.

Le Rex, l'un des plus beaux hôtels de Primvaley, était souvent habité par des Emissaires ou par les familles célèbres qui venaient en visite à la capitale. Il n'était pas rare d'y croiser un membre des familles royales, comme Ether qui appréciait séjourner au Rex avant de rentrer à Caravelle.

Vêtus de grosses laines, de cuirs épais et d'une armada de provisions sur nos scelles, nous faisions plus penser à des voyageurs qu'à autre chose, mais Loren et Lucia risquaient de nous faire repérer car ils portaient tous les deux les vêtements de la Garde Royale sous leurs lourds manteaux.

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