Gimel me suivait depuis que le Prince Nero avait fait l'annonce de ce qui se passait dans la grande salle. Il regardait autour de lui comme un lapin effrayé et s'accrochait à ma main si fort qu'il devait en avoir mal aux doigts. Son visage était tout froncé, et son inquiétude perlait par tous ses ports.
-Friedel, les monstres, est-ce qu'ils sont déjà ici ? Me demanda-t-il avec une petite voix.
Je m'accroupis devant lui et posa mes deux mains sur ses épaules.
-Je ne vais pas te mentir, petit frère, peut-être qu'ils sont déjà quelques part, mais que nous le savons pas.
-Il faut que l'on se cache !
L'urgence dans son ton me fit sourire malgré la situation critique.
-Que fais un Prince devant des ennemis ? Le questionnai-je toujours à sa hauteur.
-Il se bat ?
-Alors c'est ce que nous allons faire. Noah est partie avec le Prince Nero ; Mère, Susan et Carmilla sont installées dans les voitures prêtent à partir pour Stan. Toi, Ether, Père et moi, allons défendre le château de Caravelle jusqu'à ce que tous les habitants du château soient à l'abri.
Il fixa ses chaussures, un peu perdu.
-Mais je ne sais pas me battre moi, gémit-il les larmes aux yeux. Et puis, Atlas est partit lui aussi.
Je lui caressai les cheveux avant de me relever. Père avait voulu que je garde Gimel avec moi et que je protège l'aile sud avec les Gardes Royaux en faction là-bas. A sa place, j'aurais mis mon jeune frère à l'abri avec les femmes et les autres enfants, ou dans une voiture direction le Sud avec Atlas, mais un Prince avait, selon mon Père, des responsabilités. L'avoir dans les jambes n'allait pas être simple si les monstres se réveillaient plus tôt que prévu, mais il allait falloir que j'agisse en conséquence.
Nous arrivâmes dans mes appartements où je récupérai mon épée et mon fusil. Je ne savais pas quelle arme serait la plus utile en cas d'attaque. Toutefois, mieux valait pour moi de prendre les deux.
-Tu peux me donner quelque chose pour que je me défende aussi, quémanda Gimel alors que je haussai les sourcils de surprise.
Je lui tendis une petite sacoche bleu qu'il mit en bandoulière.
-Qu'est-ce que c'est ? S'enquit-il en tripotant le tissu, curieux.
-Des grenades. Fais très attention, si tu les dégoupilles et que tu ne les lances pas, elles pourraient t'exploser au visage et tu mourrais sur le coup.
Il laissa le sac retomber sur son bassin. Sa tête passa par différentes couleurs puis c'est une détermination inébranlable que je vis prendre le dessus.
-Je te couvre, déclara-t-il sérieusement.
Je le dévisageai avec amour. Ce petit était futé, mais aussi très noble. Il fit demi-tour pour aller faire le gai dans le couloir en m'attendant. J'avais beau lui cacher, j'étais dévoré par l'anxiété. La peur de le perdre ou d'apprendre que l'un de mes proches pourrait être en danger me donnait des hauts de cœurs désagréables. Les yeux fermés, je me concentrai pour implorer les Déesses de tous nous protéger des malheurs.
-Osboré, Mopaline, Gamet, Viviana : Je ne sais pas combien de temps, de force, de vitalité ou d'autres innombrables qualités vous nous avez accordés, mais je vous en supplie, faites que cet enfant au cœur pur puisse voir à nouveau le jour se lever demain. Je vous implore de le laisser ressentir les doux rayons du soleil d'hiver caresser son visage et la brise fraîche ébouriffer ses cheveux d'or. Protégez-le du mal.
Je restai un instant de plus dans le silence de ma prière puis rejoignis Gimel à l'entrée de mes appartements. Dix minutes plus tard, nous étions tous les deux arrivés à l'entrée sud du château. Si je levai la tête vers les étages supérieurs je pouvais voir les lumières chaudes de la bibliothèque éclairé cette fin d'après-midi grisonnante.
-Prince Friedel, m'interpella un garde. Nous avons reçu des informations du centre médical. C'est en train d'arriver. Ce que vous redoutiez est en train d'arriver.
-Explique-toi mieux, ordonnai-je.
-Une femme médecin, Elana Soare, vient d'appeler au QG de la Garde Royale. Elle a dit que les malades se relevaient. Juste avant que la communication ne coupe, elle a dit : « Ceux sont tous des So ». Nous n'en savons pas plus pour le moment, excepté que l'aile de Soin est ravagée par les monstres et qu'ils se déplacent rapidement.
Je me retournai vers Gimel et le prit par les épaules une nouvelle fois.
-Ether est à l'Est, c'est lui qui est le plus près d'eux. Je dois aller lui prêter main forte et toi tu vas rester là avec les Gardes.
Il hocha la tête me donnant ainsi le feu vert pour que je puisse courir pour aider mon autre frère qui allait au-devant des premiers monstres humains de l'histoire des quatre Royaumes. Je n'avais jamais couru aussi vite avec une épée de quinze kilos dans le dos et un fusil dans les mains. Malgré tout, quand j'arrivai près de la porte Est, je ne vis personne, comme s'il n'y avait jamais eu de distribution de secteur par ici. Je fis les quelques couloirs des alentours, accélérant le pas plus je ne trouvai personne. Je poussai la porte d'une salle commune de détente et me figeai.
Sept paires d'yeux ensanglantés me fixaient immobile. Je n'avais jamais vu une chose pareille, mais ce que je savais c'était qu'ils étaient tous d'anciens malades graves de l'aile de Soin. Je le savais grâce à leur chemisette en papier vert à moitié déchirée, et à leur état aussi dégradé qu'à ma dernière visite à l'hôpital. Je reconnu la fille. Cara. Ses cheveux avaient presque désertés son crâne, et ses côtes ressortaient à cause de son ventre qui faisait comme un creux immonde et sa peau jaunissait à certain endroit, et était bleuté à d'autre. Ses lèvres, aussi craquelé que le désert sec des Crânes De Sables, étaient blanches, et ne couvraient plus ses dents noires.
Je ne sais pas comment j'ai pu trouver la force de me détacher de ce spectacle pour reculer et sortir, mais quand je fus dans le couloir je savais ce qu'il me restait à faire. Courir.
Les monstres se mirent à courir à ma suite comme si ma fuite avait été le signal pour eux d'attaquer. Ils poussaient des cris rauques, comme des râles de morts ce qui me forçait à courir encore plus vite. Quand je mis une distance respectable entre eux et moi, je me retournai et tirai deux fois avec mon arme. Deux monstres tombèrent, mais les autres ne leur prêtèrent aucune attention et cherchaient à m'atteindre. Je repartis le plus vite possible en tournant au croisement pour essayer de les distancer dans l'escalier en colimaçon. Mes pieds dérapèrent et je m'écrasai lourdement sur les marches du haut.
Mon regard croisa celui de Cara et ce qui ressemblait le plus à un sourire se dessina sur ses lèvres au moment où elle se jetait sur moi. Sa bouche s'ouvrit, mais elle n'atteignit pas mon corps grâce à la chaussure d'un garde qui lui écrasa le visage.
-Friedel ! Hurla la voix d'Ether.
Il tira deux flèches qui s'enfoncèrent dans le cœur du monstre suivant qui me menaçait. Cela le ralentis et me laissa le temps de sortir mon épée pour lui trancher la tête. Le garde qui m'avait sauvé passa une main sous mon bras et m'aida à me relever tandis que deux autres tiraient des rafales sur les autres monstres.
-Que fais-tu ici, Ether ? Je croyais que tu devais être à la porte Est.
-Nous avons été appelé en renfort près de l'hôpital, m'expliqua-t-il la mine sombre. Quand on est arrivé, il était déjà trop tard.
J'enfonçai d'un geste sec et précis mon épée dans le bassin d'un monstre et l'éventrai de bas en haut.
-Ils sont tous morts, là-bas, rajouta-t-il en sortant une flèche du carquois sur son épaule.
-Alors faisons en sorte qu'ils aient été les derniers à mourir.
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Vidyuta
FantasiElle est née pour sauver le monde d'une épidémie horrifique. Elle est née pour gouverner un peuple incompris. Elle est née pour être celle qui fera tomber la barrière de l'impossible. Elle est née pour chevaucher la Foudre. Elle est née pour gag...