Fil Rouge

Chapitre 60

Je le vis arriver la clope au bec avec sa serviette sur l'épaule tant dis que je me reposais sur le bord de la piscine, les pieds dans l'eau et le soleil qui brûlait ma peau. Pour m'emmerder il me mit la serviette sur la tête et s'assit à côté de moi. Je la tira pour l'enlever et retourna à l'eau en lui faisant face.

-T'es casse couilles dans ton genre toi non? Dis-je en mettant mes mains sur ses chevilles et en le défiant du regard.

-Peut-être. Il me prit la mâchoire, se pencha et m'embrassa.

-Le nombre de fois où je t'ai dis que je voulais pas que tu m'embrasses quand tu fumes. Va falloir l'imprimer ou te le faire tatouer je sais pas mais arrête.

-Dis celle qui au début taxait des garos en soirée avec son verre de vodka.

-Oui, mais là j'ai complètement arrêté, moi, au moins. Je lui envoya de l'eau dessus à en faire éteindre le tube cancérigène.

-Tu vas le regretter toi...

Ni une, ni deux, il plongea dans la piscine et me rattrapa malgré mes tentatives de fuites à la nage. Il me plaqua contre la paroi et je pris appuie sur ses épaules. J'essaya tant bien que mal de le couler mais il était bien plus fort et restait immobile.

-Tu penses vraiment me couler? Questionna t-il en me soulevant et en me jetant à l'autre bout de la piscine. T'es vraiment plus légère dans l'eau, c'est fou!

Il eut son sourire moqueur et je revint vers lui pour réessayer de le mettre à l'eau mais en vain. Je noua mes jambes à son bassin et mes mains à sa nuque. En profitant de ma faiblesse, il me fit basculer en arrière pour me mettre la tête à l'eau.

-Je te hais Ken Samaras.

-Non c'est faux. Tu m'aimes trop.

-Malheureusement.

Il me regarda avec un grand sourire, je pencha la tête et il passa sa main dans mes noeuds capillaires mouillés et les tira pour les défaire. Heureusement que je ne craignais pas.

-Avant de venir, j'ai reçu un message d'une amie d'enfance Ornella, elle fait une soirée pépouze chez elle ce soir ça te dit?

-Tu me dis ça que maintenant? Bien sûr que je veux y aller, tu l'aurais dis plutôt j'aurai fais baver les gars au lieu de leur dire que j'allais me faire chier à voir mes beaux-parents.

Je lui claqua la joue pas aussi gentiment que j'en avais l'habitude.

-De un, c'est toi qui à la base voulait les voir, de deux, tu les insultes pas et de trois c'est pas tes beaux-parents.

-Ça va les devenir quand on se mariera et qu'on aura pleins d'enfants.

-Wow wow wow, du calme Samaras, déjà c'est pas toi qui portes les gosses pendant 9 mois et pour le mariage faut beaucoup d'argent tu sais?

-Un petit Cyborg par ci, des petits films par là et c'est réglé.

Je rigola à son optimisme, il était vraiment mignon quand il s'y mettait. J'acquiesça comme une façon de dire "cause toujours" et cela me value un autre saut dans l'eau. On resta une bonne heure autour de la piscine, je me mis à bronzer jusqu'à ce que l'heure de se préparer arrive. On passa rapidement à la douche chacun notre tour au plus grand désarroi de Ken et on s'habilla. Je mis un short en jean et un haut en crochet blanc à manche longue, mes sandales camels au bout des pieds et au bout des bras un Ken aux allures de mafieux italien avec son polo Lacoste vert et son pantalon à moitié déchiré. Je pris la voiture de mes parents et nous conduit au petit village d'à côté.

-Ornella? C'est moi! Je rentra dans la petite maison au portail ouvert avec le grec sur les talons.

Je vis la petite métisse dos à nous qui servait les autres invités et l'entoura dans mes bras.

-Flo! Quel plaisir! Elle se retourna et me serra fort. Tu as pris des couleurs dis donc et... C'est le vrai? Elle désigna Ken d'un coup de tête. Je pensais que c'était une blague et que tu me racontais des craques quand tu es venu en Novembre.

Tout le monde avait plus ou moins cessé ses activités pour regarder Nekfeu qui venait de faire son arrivée dans une petite maison d'un village paumé autour de Toulouse.

-Non non, c'est le vrai tu peux le toucher. Je pris son bras et le lâcha comme un pantin, ce qui le fit rire.

-Bon vous voulez boire quoi? Demanda t-elle en essayant de paraître normale.

-Juste du jus pour moi s'il te plaît. Continua t-il.

-Monsieur est au régime. Accentuais-je, ce qu'il me value un coup de hanche sur le côté de sa part. Pour moi c'est l'habituel.

Elle me fit un clin d'œil et commença mon mélange fétiche que je faisais au lycée. On se cala dans le canapé et mes anciens potes commencèrent doucement à entamer la conversation avec nous. Au fil du temps, un énorme troupeau de copines à Ornella arriva.

-Eh beh, y a de la meuf à cette soirée. Dit-il alors que j'en profita pour lui claquer le derrière de la tête.

-Eh oh. T'en a pas marre d'avoir déjà tout les regards sur toi?

Il resserra son étreinte et je roula des yeux.

-C'est la pulpe qui te monte à la tête ou comment ça se passe? Je passa mes mains sur ses joues rugueuses et le regarda dans les yeux.

-Viens on se pose en haut...

-Comment ça on se pose en haut? T'es pas bien là?

-Si, mais je vois le regard des autres sur moi et j'aime pas, surtout que tu connais presque tout le monde ici, et moi y a presque tout le monde qui me connaît. Je me sens mal à l'aise.

-T'es une princesse toi en fait... Bon, je vais demander à Ornella si elle a sa chambre de libre.

Je me leva et alla retrouver Ornella qui discutait avec Erwan à la cuisine et lui expliqua la situation sous son regard pleins de sous entendus et nous laissa monter. On enleva nos chaussures et on se coucha.

-Je pense pas que tu réalises à quel point c'est chiant d'avoir tout le temps le regard des gens sur toi.

-Ken, je peux pas savoir moi. T'as été OK pour venir ici en sachant très bien que ça serait pas comme les soirées avec les garçons où tout le monde s'en ballec de ton nom. Faut t'y faire. Si tu veux pas qu'on te reconnaisse, t'avais pas qu'à devenir une personne publique.

-T'as pas envie de vivre de ta passion? Ah oui c'est vrai, ta passion n'est même pas rémunérable, t'étais pas assez qualifiée pour qu'on t'emploie, c'est pour ça que t'as repris la lecture des livres universitaires mais que tu les as fermés au bout de 2 mois.

-Va te faire foutre.

Je me leva et remis mes chaussures. Les clés de la voiture dans la poche arrière de mon short, je les sorties et reparti chez moi, sans l'autre con. Il se débrouillera avec sa notoriété pour revenir à la maison. Il était tard, mes parents dormaient déjà, j'avais besoin de me changer les idées; j'enfila le maillot encore humide, alluma la lumière qui était dans la piscine et y plongea. Maverick vint se mettre sur le rebord comme quand je vivais encore ici et que je ne trouvais pas le sommeil. Les minutes passèrent alors que je faisais la planche et appréciais le silence que m'offrait la nuit. Le chien se mit à aboyer, bizarre en pleine nuit. Je le suivis en l'appelant pour qu'il arrête de réveiller tout le quartier et retrouva un Ken au portail le téléphone à l'oreille. J'ouvris manuellement la grille sans le regarder et le laissa entrer. Il murmura un Merci et je répartis à l'eau tandis qu'il alla à l'intérieur.

Un sweat était sur l'étendoir, une couverture d'extérieur sur le bain de soleil. Je me sécha rapidement et enfila tout ça avant de m'allonger avec Maverick dans les bras pour les quelques heures de nuit qui restaient à passer.