Une semaine pour me prouver que tu m'aimes [TERMINÉ] #WATTYS2020

Prologue - Partie 1

— Je vous remercie d'être venus pour cette dernière représentation de mon spectacle. Je suis vraiment émue de voir cette belle salle du Ptit Milhaud si pleine.

Les applaudissements redoublèrent au point que Sabrina ne s'entendait plus parler.

Les spectateurs n'étaient pourtant pas nombreux, à peine une trentaine, mais tous les sièges ou presque étaient occupés. Celà lui fit vraiment chaud au coeur. Après toute l'énergie dépensée ses deux dernières années dans la création et la diffusion de son premier one woman show, la jeune femme de trente ans touchait enfin au but : vivre de sa passion pour le spectacle.

Ho, elle en était encore loin, mais ces cinq derniers mois l'avaient vu jouer une quarantaine de soirs dans la plus petite salle du théâtre Darius-Milhaud, situé dans le 19ème arrondissement de Paris. Une victoire modeste, certes, mais la première d'une longue série, espérait-elle. Là, elle allait s'accorder un peu de vacances avant de recommencer à écrire et à chercher un endroit où se produire. L'été arrivait et elle n'avait rien de prévu.

Tandis que les spectacteurs se levaient pour rentrer chez eux, elle chercha du regard le visage de Jérémy. Plus les secondes passaient et plus son appréhension de ne pas le voir lui tordait l'estomac. Elle avait un mauvais pressentiment.

Est-il possible qu'il ait encore oublié... ?

Jérémy partageait sa vie depuis deux ans et n'était encore jamais venu la voir, à sa plus grande tristesse. Il ne faisait même pas mine de s'intéresser à ce qu'elle créait, visiblement.

En effet, elle insistait depuis le début pour qu'il vienne, un soir, observer le résultat de ses efforts. Rien ne lui aurait fait plus plaisir que de voir son amoureux installé sur l'un des sièges de la salle, sentir son ventre se nouer sous la pression du stress supplémentaire, et ressentir la fierté d'être applaudie et d'avoir performé devant celui qu'elle aimait.

Malheureusement, son regard ne le rencontra pas.

Le sourire de Sabrina s'effaça. C'était donc fini. Sa toute première tournée se terminait et Jérémy n'en avait rien vu. Une erreur qu'il ne pourrait jamais rattraper vu qu'il n'y aurait plus jamais de première fois. Si elle arrivait à percer demain, il n'aurait jamais connu le charme des représentations devant quelques dizaines de personnes, voir moins.

Cela n'avait pas été facile, au début. Jouer devant une salle pratiquement vide pouvait rapidement décourager. Sabrina avait plus d'une fois laissé la tristesse la gagner quand, lorsqu'elle arrivait sur scène, elle ne découvrait que trois ou quatre spectateurs en face d'elle.

On lui en avait fait voir, aussi. Entre celui qui s'était trompé de salle et avait quitté le spectacle avant même qu'il n'ait commencé, celle qui ne parlait pas français et donc ne comprenait rien et passait son temps à poser des questions à voix haute à son voisin pour savoir ce qu'il y avait de drôle... rien ne lui avait été épargné.

Mais Sabrina se consolait toujours en se disant que c'était les galères normales de tout comédien qui débute.

Ce qu'elle arrivait moins à accepter, en revanche, c'était l'absence de son petit ami au quarante représentations.

C'était quoi son emploi du temps, déjà ?

Elle quitta la scène et Sam, le régisseur, éteignit les lumières derrière elle dans un ultime "Bravo Sabrina, c'était super". Le pas lourd, elle se rendit dans sa petite loge, un placard à balais, sans rien répondre. Sa déception n'avait d'égal que la grandeur des sentiments qu'elle éprouvait pour Jérémy, ce qui n'était pas peu dire !

Lorsqu'elle entra dans la pièce exiguë, les larmes qui emplissaient ses yeux menaçaient de jaillir à tout instant et elle s'obligea à fixer le plafond. Puis elle se laissa tomber sur sa petite chaise en plastique simplement rehaussée d'un coussin en velours rouge, et fit face au miroir. Les quelques lumières bricolées autour de la glace pour lui donner l'allure des coiffeuses des grands cabarets lui renvoyaient l'image de son joli visage aux traits italiens, hérités du côté de sa mère. On lui disait souvent qu'elle ressemblait à Monica Bellucci lorsqu'elle était jeune.

Elle se mordit la lèvre, impossible de digérer l'absence de celui qu'elle avait tant voulu voir.

Il faut dire que cela faisait un moment que Sabrina ne se sentait plus à l'aise dans son couple. Elle avait rencontré Jérémy deux ans auparavant, alors qu'elle venait de quitter son poste d'esthéticienne pour se consacrer au spectacle. Au détour d'une soirée entre copines dans une boîte branchée de la ville où elles étaient venues fêter son nouveau départ.

Il était au bar, seul, occupé à lire un article de journal sur son téléphone, et semblait s'ennuyer. Alors qu'elle commandait un verre, il avait levé les yeux dans sa direction et l'avait abordé, poliment, sans chercher à lui faire du rentre dedans.

Ils avaient alors fait connaissance. Il avait son âge, travaillait dans une banque à La Défense, et attendait des amis qui tardaient à arriver. Ce genre d'ambiance n'était pas trop son truc et il avoua s'ennuyer ferme. Sabrina fût immédiatement séduite par ce grand homme élégant et franc, à la voix grave et au look soigné. Il était brun et avait mis dans ses cheveux du gel pour repousser ses longueurs en arrière, découvrant un front haut et volontaire. Deux petits yeux brun affichaient un air enjoué, presque enfantin, et sa bouche, fine et aux dents blanches parfaitement alignées, étaient encadrée d'une petite barbe.

Tout à fait son style ! Elle qui était célibataire depuis plusieurs mois se laissa aller à la discussion avec le bel inconnu, qui se nommait Jérémy.

Ils n'avaient fait que discuter poliment durant cette soirée et Sabrina eut le plaisir de découvrir un homme cultivé et intéressant, bien loin de l'idée que l'on pouvait se faire d'un visiteur de boîte de nuit.

Elle avait finalement délaissée ses amies, et ceux de son futur petit-ami n'avaient jamais montré le bout de leur nez, si bien que ce fût une belle soirée.

Par la suite, ils s'étaient revus et leur histoire avait débutée au troisième rendez-vous.

Toutefois, après un an et demi d'une vie rose et idyllique avec lui, Sabrina s'inquiétait. Certes, elle était toujours amoureuse de lui, même si ses maladresses et sa faculté à se laisser envahir par son travail lui pesaient, parfois, mais elle doutait de plus en plus.

C'était comme si la flamme qui s'était allumée lors du début de leur relation s'éteignait peu à peu. Il y avait les oublis, puis les absences. Les SMS de plus en plus rares, le temps passé ensemble qui diminuait... 

Est-ce que quelqu'un soufflait lentement sur leur flamme pour arriver à ce résultat ?

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Bonjour à tous et bienvenue sur cette nouvelle histoire. 

Comme les chapitres font environ 2 000 mots chacun, ils seront découpés en 2 parties à chaque fois.

Comme d'habitude, n'hésitez pas à commenter/voter/partager... 

Je vous fais d'énormes bisous <3