Jour 7 - Vendredi soir - Partie 2

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Sabrina réalisa qu'elle n'entendait plus la musique ni les bruits rassurants de la vie autour d'elle. Elle ne voyait presque plus les couleurs non plus.

Tendue, son univers se réduisait au visage bien rasé de Jérémy en face d'elle et à son expression grave. Ses yeux brillaient d'une étrange lueur et elle eut un mauvais pressentiment.

Si elle avait fait le choix de vouloir poursuivre sa relation avec lui, qu'en était-il de son côté ? Après une semaine de cachotteries et de maladresses diverses, pouvait-il lui avouer qu'il n'en pouvait plus non plus ? Est-ce que leur histoire allait se terminer à la table luxueuse d'un des plus beaux restaurant de Paris ? Une sorte d'ultime cadeau spectaculaire avant un adieu ?

A cet instant, tout était possible.

Et s'il ne lui disait pas très vite ce qu'il voulait lui dire, elle allait sûrement s'évanouir, encore.

Heureusement, il ne la fit pas attendre plus longtemps :

— Bon. Nous avons passé une semaine étrange toi et moi, hein ? Je veux dire : nous avons vécu plein de déboires et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'était mouvementé.

Il sourit et Sabrina laissa échapper un rire nerveux qui la détendit à peine. Toujours crispée, elle avait posé sa fourchette à côté d'elle, incapable d'avaler la moindre bouchée bien que son assiette lui mettait l'eau à la bouche.

— Je ne suis pas ingrat et je sais pourquoi tu en es arrivée à me lancer cet ultimatum la semaine dernière. Je sais que je t'ai blessée et je m'en excuse sincèrement. J'ai fait de mon mieux pour me rattraper cette semaine et même si ça n'a pas toujours été parfait, sache que je l'ai fait avec mon cœur, pour toi.

Il lui attrapa la main par-dessus la table et ce contact inattendu l'électrisa. Son souffle devint court et elle ne pouvait plus détacher ses yeux de ceux de Jérémy. Sans même s'en rendre compte, elle s'était légèrement penchée dans sa direction, suspendue à ses lèvres. Dans sa poitrine, son cœur battait de plus en plus vite à mesure qu'une pensée s'insinuait en elle : et s'il s'apprêtait à lui dire quelque chose de gentil ?

— Alors oui, tu m'en veux parce que je ne t'ai pas tout dit. Oui, je t'ai même avoué que je te cachais des choses, l'autre jour. Je comprends que tu sois fâchée pour cela, ou parce que je n'ai pas toujours été présent alors que je m'y étais engagé. Tu en as parfaitement le droit et c'est tout à fait légitime.

Holala, mais qu'est-ce qu'il allait lui dire ? Aussi curieuse qu'angoissée, Sabrina le laissa continuer. De toute façon elle avait promis de ne pas l'interrompre :

— Je travaille beaucoup comme tu le sais. Mais il n'y a pas que ça. Mes absences sont parfaitement justifiées par autre chose.

L'anxiété revint de plus belle et elle eut soudain très envie de courir aux toilettes. On y était. Le point d'orgue de la semaine. Elle cessa de respirer tandis que Jérémy reprenait son téléphone et pianotait sur l'écran d'un air complètement détaché :

— Je suis amoureux, Sabrina. D'une fille géniale, superbe, intelligente et très talentueuse. Je suis amoureux d'elle au point que je veux la soutenir comme je peux et avec mes moyens. Cette fille...

Il leva les yeux au ciel comme s'il cherchait ses mots, et Sabrina avait envie de se cacher sous la table. Elle commençait à entrevoir ce qu'il essayait de lui dire et redoutait de se tromper encore une fois :

— ... je ferais tout pour elle. Je crois en elle à tel point que j'ai fait le pari de m'occuper d'elle sur internet. De lui créer des pages sur les réseaux sociaux parce qu'elle n'avait pas le temps de le faire elle-même, et de les alimenter. J'ai fait en sorte de lui créer une communauté pour qu'elle se fasse remarquer par des directeurs de théâtre et autres personnalités du milieu. Parce que je veux que tout le monde sache à quel point elle est super.

Une semaine pour me prouver que tu m'aimes [TERMINÉ] #WATTYS2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant