Une semaine pour me prouver que tu m'aimes [TERMINÉ] #WATTYS2020

Jour 6 - Jeudi après-midi - Partie 1

Après avoir passé un long moment dans la chambre, Jérémy était revenu vers elle. Ils avaient commandé des sushis pour le repas mais il n'avait pas été très bavard. Ensuite, il lui avait proposé de sortir.

— Je crois que j'ai autant besoin de me changer les idées que toi, avait-il expliqué en se passant une main dans les cheveux, visiblement contrarié.

Comme chaque fois que quelque chose le tracassait à son travail, il se refermait sur lui-même et refusait d'en parler. Typique des hommes !

Depuis le temps, Sabrina avait renoncé à le faire parler de ses soucis. De toute façon, les rares fois où ils en avaient discuté, elle n'avait rien compris. Le travail de Jérémy restait très obscur, pour elle. Et on ne pouvait pas dire que son petit ami excellait dans l'art de la vulgarisation financière.

Sabrina, qui s'était laissée tomber dans le canapé pour regarder un téléfilm sentimental à la télévision, aussi triste que dépitée que lui en raison de la situation, avait accepté de bonne grâce.

Elle se sentait enfermée avec ses problèmes, si bien qu'un peu d'air ne pourrait que lui faire du bien. Tant pis s'il faisait une chaleur écrasante dehors et qu'il n'y avait pas une seule brise fraîche. Elle étouffait encore plus à l'intérieur.

Et puis, il faut dire que Jérémy lui avait proposé une sortie originale en ce jeudi après-midi : le Grand Musée du Parfum.

Ouvert depuis peu, ce musée discret situé au 73 rue du Faubourg Saint-Honoré dans le 8e arrondissement promettait une parenthèse olfactive dans un quotidien souvent saturé de gaz d'échappements.

La jeune femme s'était laissée conduire, la main dans celle de son compagnon, et les voici qui foulaient le tapis rouge de l'entrée.

A première vue, peu de touristes avaient entendu parler de cette nouvelle adresse et on ne se bousculait pas à l'intérieur. Tant mieux, Sabrina préférait cela aux masses grouillantes qui vous percutent sans cesse et vous écrasent les pieds. Au moins pourrait-elle prendre le temps de regarder les objets, participer aux activités, et se détendre un peu dans le tumulte de cette semaine stressante.

J'ai vraiment besoin de me changer les idées, ressasser mon échec ne me fera pas avancer, même si je reconnais en avoir gros sur le cœur. Vivement la semaine prochaine...

Elle soupira et entra dans le bâtiment qui la frappa par sa sobriété.

Ce « Grand Musée » au nom prestigieux s'était installé dans l'ancien siège de la maison de couture Christian Lacroix, si bien qu'on aurait pu s'attendre à une débauche de luxe et une richesse ostentatoire, mais non. C'était même tout l'inverse. Le bâtiment se découvrait derrière une marquise en fer forgé très simple, en toute modestie. Le charme et l'élégance à la française s'exprimaient dans le dépouillement de la décoration et les boiseries.

Sabrina soupira en ouvrant de grands yeux, conquise.

De son côté, Jérémy paya les entrées et ils commencèrent la visite.

Les hautes fenêtres de l'hôtel particulier laissaient passer les rayons du soleil et chauffaient la pièce avec douceur. La décoration blanche transportait le visiteur dans un environnement sain, agréable et doux.

Et bien sûr, cela sentait très bon, un véritable voyage pour les sens.

Ils commencèrent par la galerie retraçant l'histoire des parfums. Sabrina réalisa alors qu'elle ne s'était jamais posé la question des origines des fragrances d'hier et d'aujourd'hui mais le sujet lui plaisait.

La première galerie qu'ils traversèrent portait le nom de "Galerie des séducteurs", et comme un peu partout dans le musée, elle était déserte.