Jour 6 - Jeudi soir - Partie 2

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A peine s'était-elle tassée sur elle-même qu'elle le vit.

Raphaël.

Très tranquillement, il avait poussé la porte de la brasserie et répondait au serveur venu lui demander la raison de sa présence.

Bilan : un quart d'heure de retard.

Le quart d'heure parisien, on va dire...

Un étrange sentiment la submergea alors qu'elle posait les yeux sur lui, mélange de peur et de soulagement. Il ne l'avait pas encore repérée et devisait avec l'homme qu'il avait l'air de connaître. Un habitué du lieu ?

Elle baissa la tête vers la table et fit mine de chercher quelque chose dans son sac, ne voulant pas donner l'impression de l'attendre trop fermement.

Du coin de l'œil, elle repéra le moment où il la vit et observa sa silhouette se déplacer lentement vers sa table.

Plus il se rapprochait et plus son cœur recommençait à battre rapidement. Bientôt, ce serait le moment, celui qu'elle espérait autant qu'elle redoutait depuis des jours.

Et s'ils n'avaient rien à se dire ?

Impossible. Il l'avait fait venir pour au moins une bonne raison. Elle ne pouvait plus reculer.

Alors elle prit une inspiration discrète pour se donner du courage, ferma son sac et leva les yeux vers lui en essayant d'avoir l'air naturelle et surprise :

— Hé, bonsoir ! lança-t-elle un peu crispée.

Elle se leva pour lui faire la bise.

— Tu es venue, répondit-il avec un grand sourire qui montait jusqu'à ses yeux. Je suis désolé pour le retard, il y avait beaucoup de circulation ce soir et j'ai eu du mal à me garer.

Il posa sa main sur son épaule et se pencha pour lui faire la bise à la manière de grands amis qui ne se sont pas vu depuis longtemps.

C'était idiot mais au lieu de la mettre mal à l'aise, cette complicité la détendit et tout son trac s'envola immédiatement. Le rideau venait de se lever et la salle était pleine de gens bienveillants venus pour elle. Elle pourrait donc donner le meilleur d'elle-même en toute sincérité.

— Il n'y a pas de problème, s'entendit-elle répondre, comme catapultée hors de son corps.

— Je n'étais pas sûr que tu acceptes de venir. Après-tout nous n'avions pas vraiment rendez-vous.

Elle s'assit et croisa les jambes au lieu de parler trop vite. En effet, elle voulait lui demander tant de chose, lui poser tellement de questions... Elle ne connaissait rien de lui alors qu'il semblait tout connaître d'elle, y compris son adresse.

— C'est vrai, mais j'ai l'impression que nous avons beaucoup de choses à nous dire.

— En effet, j'ai senti que tu voulais des réponses. Alors me voilà.

Il ne se départait pas de son sourire. Il était beau, solaire, il irradiait de gentillesse. Comment ne pas être touchée par cet homme qui transpirait le bonheur ? On ne pouvait que se sentir aimée en face de lui, entourée par sa compagnie, soutenue par ses mots. C'était comme si, à proximité de lui, plus rien de mal ne pouvait vous arriver. Elle se sentait tranquille et rassurée de tout.

Ses sens reconnurent son parfum, mélange d'ambre et de soleil. Celui qu'elle avait si souvent sentit cette semaine. Aucun doute, il était bien là en face d'elle, comme une apparition en chair et en os.

Sa voix grave et chaleureuse la tira de sa rêverie :

— Qu'est-ce que tu veux boire, ou même manger ? Je te laisse regarder le menu et choisir ? C'est pour moi, bien sûr. C'est moi qui invite.

Une semaine pour me prouver que tu m'aimes [TERMINÉ] #WATTYS2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant