Jour 2 - Dimanche matin - Partie 1

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La nuit fut longue et désagréable pour Sabrina. En effet, impossible de réellement trouver le sommeil. Quoi qu'elle fasse, les bras de Morphée lui restaient désespérément fermés.

La jeune femme soupira silencieusement. A force de tourner et se retourner, elle avait cherché en vain la meilleure position pour s'assoupir. A plusieurs reprises elle avait même failli réveiller Jérémy, qui dormait à côté d'elle d'un sommeil profond, la respiration lente et régulière. Quelques grognements incomodés s'étaient parfois échappés de la gorge du malheureux après qu'il se soit pris un malencontreux coup de coude ou de genou.

Il faut dire que la soirée avait grandement inquiétée la jeune femme. La présence de ce Raphaël, qu'elle n'avait pu se résoudre à avouer à son compagnon, la tracassait. Et si elle était en danger ? Elle ne cessait d'y penser. Elle revoyait son visage, son sourire, elle entendait à nouveau sa voix, et percevait cette aura mystérieuse qui transpirait de lui comme un parfum indéfinissable. Avait-elle rêvé ? Si oui pourquoi l'avait-elle vu ? Avait-elle pu imaginer le siège au bout de la rangée ?

Cela n'a pas de sens et pourtant... Je ne suis pas folle, ou alors je suis en train de perdre complètement les pédales ? Mon anxiété me donne des hallucinations.

C'était possible, et elle admettait volontiers qu'elle se focalisait trop sur son couple et que ses tracas devenaient presque obsessionnels. La fin de sa tournée, cumulée à tout le travail accompli en amont pour en arriver là, l'avaient épuisée physiquement et moralement.

Pourtant, en dépit de sa fatigue extrême, impossible de dormir.

C'est vraiment rageant !

Un faible rayon de soleil perçait les volets, désormais, preuve que le temps s'égrenait toujours. Le jour se levait à peine, contrairement à Jérémy, qu'elle entendait marcher depuis une demi-heure dans l'appartement sans savoir à quoi il s'activait.

Sabrina aurait pu se lever et aller le retrouver mais elle avait immité le sommeil car elle ne tenait pas à parler pour l'instant, encore toute à ses réflexions. Elle ne voulait pas être désagréable non plus. Toujours à fleur de peau, elle se sentait sur le fil du raseoir, prête à s'enflammer à n'importe quel moment.

Alors elle s'étira, féline, et se focalisa sur la douceur du drap, le moelleux du matelas et la chaleur de ce rayon de soleil, promesse d'une belle journée.

Jérémy choisi cet instant pour entrer dans la chambre, tout sourire :

- Allez, je sais que tu ne dors pas.

Il vint s'asseoir au bout du lit et se tourna vers elle. Sabrina cessa immédiatement de faire semblant et sourit à son tour. Les tracas qui comprimaient son coeur s'envolèrent à l'instant où elle posa les yeux sur le visage de son compagnon. Il avait rasé sa barbe, ne laissant qu'une fine couche brune de quelques jours, entretenue de manière à former une barbe uniforme aux traits bien dessinés. Ses petits yeux bruns étaient comme deux billes braquées sur elle, et brillaient d'une lueur enfantine.

Il lui réservait une surprise.

Alors Sabrina se redressa, enthousiaste, et s'avança pour poser ses lèvres sur celles, chaudes, de Jérémy.

- Me voilà.

Elle battit des mains comme une enfant.

- Quand le prince charmant vient se poser au bout de son lit, la Belle au bois dormant n'a plus aucune raison de dormir.

Ils rirent, la phrase contenait trop de sous-entendus. Néanmoins ils n'avaient pas le temps de batifoler.

- Ma Belle au bois dormant me ferait-elle l'honneur de se lever et faire un brin de toilette, de manière à ce que son prince puisse l'emmener bruncher dans un bel endroit de Paris ?

Une semaine pour me prouver que tu m'aimes [TERMINÉ] #WATTYS2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant