Jour 4 - Mardi soir - Partie 1

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Sortir lui avait permis d'échapper à toute cette tension et aux questions gênantes qui en découlaient. Étouffée par ses émotions, Sabrina n'aspirait qu'à prendre l'air. Heureusement, sa meilleure amie Cécile était toujours ponctuelle. Ce soir ne fit pas exception.

L'italienne senti un poids s'envoler de ses épaules lorsqu'elle aperçut la silhouette blonde de son amie devant l'épicerie en bas de chez elle. Elles se donnaient toujours rendez-vous ici parce que ce n'était pas loin de la sortie du métro.

Quand elle la vit, un sourire illumina le visage de Cécile et Sabrina eut l'impression de ne pas l'avoir vue depuis une éternité.

C'est fou comme la notion du temps est variable... on s'est pourtant vu il y a une dizaine de jours à peine...

Tu es radieuse ! lança la blonde en guise d'introduction.

- C'est gentil, merci.

Sabrina la serra dans ses bras.

Il était 19 heures et elles avaient prévu de prendre le métro pour se rendre un peu plus loin, dans une friperie ouverte jusqu'a 20h, avant d'aller prendre un repas dans une brasserie ou une pizzeria.

Un programme simple et agréable qui ne promettait pas beaucoup de surprise, simplement le plaisir de se retrouver.

Tout ce qu'il fallait !

Cécile avait passé son bras autour de celui de Sabrina et elles marchaient tranquillement dans la rue en se racontant les derniers potins de leurs vies. Cécile habitait à l'extérieur de Paris et travaillait dans un bureau comme secrétaire de Direction. Rien de passionnant mais un travail stable et actif qui lui donnait peu de temps libre. Chaque sortie entre copine était donc un moment de détente bienvenu.

Les filles avaient l'habitude de se rendre dans cette friperie assez peu fréquentée à cette heure de la journée. Le calme ambiant offrait tout loisir pour chercher, fouiller, déplacer les pièces à la recherche du bonheur.

- Quelle impression veux-tu renvoyer sur ta vidéo ? demanda Cécile en tirant une robe à gros pois rouges.

- Je veux être fraîche et légère.

- Que raconte ton sketch ?

- Heu...

Sabrina leva le nez des vêtements qu'elle regardait pour se tourner vers son amie. C'était LA question problématique.

Certes, elle avait avancé, mais il était encore un peu tôt pour dire qu'elle savait dans quelle direction elle partait, exactement.

Alors elle resta évasive, parce qu'elle ne pouvait pas en dire plus même si elle aurait voulu. La confiance qu'elle portait à Cécile était indéniable, jamais son amie ne l'aurait trahie. Au contraire, elle était même souvent d'une bonne aide avec son regard neutre et extérieur. Si ses blagues la faisaient rire, il y avait des chances pour que le public réagisse de la même manière. Un bon signe.

- Pour l'instant je raconte un peu mon quotidien, je m'inspire de mon début de vacances, la fin de mon spectacle.

- Ha ! C'est intéressant, ça. C'est vrai que c'est un angle original.

- Merci.

Le fait que Cécile approuve conforta Sabrina dans le choix de son thème. Au moins n'avait-elle pas passé quelques heures à travailler pour rien.

Elle replongea dans son shopping le coeur plus léger qu'avant.

La boutique était énormément fournie, si bien qu'il y avait des vêtements pendus sur des cintres jusqu'au plafond. Une vraie caverne d'Ali Baba. L'explosion de couleurs attirait le regard dans tous les sens et il y avait une odeur de vieux tissus qui lui rappelait le grenier de son enfance. Tous ces vêtements avaient eu une première vie et c'est ce qui faisait leur charme. Sabrina aimait bien se fournir dans des friperies pour ses tenues de scènes. Cela lui permettait de s'offrir l'élégance intemporelle à moindre coût.

Le magasin regorgeait de produits, les rayonnages transformaient le lieu en un véritable labyrinthe textile. Bien vite, Sabrina perdit Cécile de vue.

Les deux amies conversèrent encore un peu autant que leur proximité leur permis, avant de cesser, faute de contact visuel.

Je n'ai pas envie que tout le magasin entende tout ce qu'on se raconte...

Juste au moment où elle se faisait cette réflexion, une robe attira l'attention de l'humoriste. Blanche et cintrée, elle brillait grâce à des sequins brodés en des motifs élégants.

Par chance, elle était même à la bonne taille.

Une aubaine !

Sabrina ne se fit pas prier pour aller l'essayer. De toute façon, vu l'heure qui tournait, elle ne pourraient pas en essayer beaucoup d'autres, d'autant plus que pour ce qu'elle avait vu, c'était la seule pièce à lui avoir tapé dans l'oeil.

De son côté, Cécile flânait plus loin au rayon des accessoires. Sabrina n'eut pas le courage d'aller la chercher. Elle ne voulait pas se stresser en enfilant la tenue à la va-vite sans prendre le temps de bien s'observer. Elle détestait le shopping éclair et voulait vraiment se détendre.

Une fois enfilée, elle fit de son mieux pour fermer seule la fermeture éclair dans le dos et se recula d'un pas pour observer le reflet du miroir.

Pas mal !

Le blanc mettait parfaitement en valeur son teint hâlé, et les sequins lui conféraient une brillance discrète.

Sabrina tourna sur elle-même pour observer son reflet dans la glace, et elle était contente de l'image qu'elle lui renvoyait mais restait sceptique : Est-ce que cette robe ne la moulait pas trop ? Est-ce qu'elle ne renvoyait pas d'elle une image trop frivole ? Est-ce qu'elle serait prise au sérieux ? Avait-elle le corps pour ça ? Est-ce qu'elle ne paraissait pas trop démodée ? 

L'avis de Cécile aurait été important mais son amie n'était pas revenue dans le secteur. Peut-être essayait-elle aussi des produits dans son coin ? Chaque seconde qui passait emplissait la jeune femme de doutes. D'abord emballée, elle sentait fondre sa joie. Ses démons la rattrapaient et elle doutait de plus en plus.

Après-tout, son but était de pouvoir enregistrer une vidéo en se sentant bien dans ses vêtements. Un point non négligeable, vecteur de confiance en soit indéniable.

Résignée, c'est d'une main ferme qu'elle ouvrit le rideau, hésitante sur le fait d'aller payer sa trouvaille ou non...

Et tomba nez à nez avec Raphaël.

Son souffle se bloqua dans sa gorge et son coeur rata un battement. Il la regardait comme s'il l'avait attendue, debout à quelques mètres de la cabine. Il serrait contre lui une veste pliée.

Une veste masculine.

Il n'attendait donc pas sa petite amie partie en cabine.

On dirait qu'il est là pour moi....

Aussitôt intimidée, Sabrina détourna le regard. La cheleur qui lui montait aux joues menaçait de l'embraser toute entière.

Je dois être écarlate...

L'étouffante atmosphère ambiante n'arrangeait rien et l'espace d'une seconde, l'italienne pria très fort pour ne pas faire un nouveau malaise.

Elle ne savait pas trop quelle attitude adopter : l'ignorer ? Feindre de ne pas l'avoir vu ? Passer par un autre chemin ?

Non, impossible, il faudrait que je me faufile à travers les portants de vêtements et ma tentative de lui échapper serait trop flagrante...

Tout alla très vite dans sa tête, moins d'une seconde pour en arriver à la conclusion qu'elle ne pouvait pas faire autrement que de passer devant lui.

Mais à peine avait-elle accepté cette réalité qu'elle entendit sa voix chaude s'adresser à elle :

- Tiens, salut, dit-il avec un grand sourire.

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La suite à venir dans la suite :D Est-ce que vous vous attendiez à trouver Raphaël derrière le rideau ? Que vont-ils pouvoir se dire ?

Que feriez-vous à la place de Sabrina ? 

On se retrouve bientôt pour la suite de cette conversation :D

Une semaine pour me prouver que tu m'aimes [TERMINÉ] #WATTYS2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant