Really?

Chapitre 12 : Emma

Le comportement de Till avait fini par me mettre la puce à l'oreille. Il était perdu dans ses pensées, ce qui semblait être anormal vu l'attitude des autres membres de Rammstein. Parfois je le surprenais à me fixer, comme s'il avait en face de lui la plus belle chose du monde... Est-ce que je lui plaisais ? Telle est la question. Je n'étais sûre de rien, mais plusieurs signes le montrent. Je me sentais un peu mal à l'aise parfois. Ce malaise me prenait au ventre notamment lorsqu'il me regardait. Son regard avait quelque. Il était différent des autres hommes lorsqu'ils posaient les yeux sur moi. Une lueur apparaissait dans les yeux de Till que je ne trouvais pas chez les autres. C'était bien plus que de l'amitié, comme si je lui avais volé son cœur sans savoir comment. Peut être que je m'inquiétais un peu trop, que je me faisais des idées. D'autant plus que je n'ai jamais vraiment eu de relations amoureuses avant. Juste quelques flirts, quelques rendez-vous galant mais rien d'abouti. Je n'étais pas le genre de femme à plaire aux hommes, surtout vestimentairement. Je n'étais pas assez féminine, pas assez maquillée, pas assez parfumée. Mon image ne correspondait pas à l'image de la femme qui faisait fantasmer les hommes. Je m'étais résignée, si on peut dire ça comme ça, au célibat. Avec Till, tout cela était remis en question, chamboulé. Je me sentais comme l'objet de tous les désirs. J'avais l'impression d'être la plus belle femme qu'il n'ait jamais vue, et pourtant, je n'avais rien de spécial. J'étais simplement moi, simplement Emma. On avait rendez-vous tous les deux pour boire un verre. Ce n'est pas sans appréhension que je m'y rendais. Je m'étais habillée comme tous les autres jours. Ce n'était pas un « rencard » à proprement parlé, du moins pas à mes yeux. Lorsque j'arrivais près du bar, Till était déjà installé sur la terrasse. Je fus soulagée quelque part lorsque je détaillais ses vêtements. Sa tenue était des plus normales. Un poids s'enleva de mes épaules. Je ne ferais donc pas tâche auprès de lui. Je m'installais près de lui et nous commandâmes de quoi boire. Au fil de la discussion, il suscitait de plus en plus mon intérêt. Il me faisait rire, réfléchir, penser... Ces choses-là me plaisent chez un homme. Elles me touchent bien plus que ce que je voulais l'avouer. Il me prit aussi de cours lorsqu'il posa un paquet sur la table, devant moi. Je fus très surprise et surtout, je ne réalisais pas ce qu'il se passait. Mon regard passa du cadeau à Till puis revint sur le paquet. Je l'ouvris et y découvris un bracelet. Tout à fait le genre d'accessoire qui me plait. Ce cadeau me fit très plaisir. Je n'en revenais toujours pas. Je n'avais pas de mot pour le remercier. Je me demandais aussi pourquoi il me faisait un cadeau. Cela faisait à peine quelques jours que nous nous connaissions. Est-ce que cela avait à voir avec mes angoisses ? Je les sentais devenir de plus en plus palpables, de plus en plus sérieuses. Et je ne savais pas si je devais foncer tête baissée ou bien réfléchir à deux fois avant de faire quoi que ce soit. Je ne connaissais pas son âge exact, ce que je ne manquerais pas de regarder sur internet par curiosité, mais j'étais sûre et certaine qu'il avait l'âge d'être mon père. A peu près. Cette différence d'âge me faisait peur. Vraiment. Nous n'avions peut-être pas la même vision des choses, du couple, de la vie à deux et de tout ce que cela impliquait. Je m'étais tellement perdue dans mes angoisses que je n'avais pas remarqué que de la musique émanait du bar. Till était toujours là, à me fixer d'un regard étrange.

Till : tu as l'air bien pensive... Un soucis ?

Emma : mmmh ? Non... Du tout.

Till : t'es sûre ? T'avais l'air de te poser mille questions ?

Emma : non du tout...

Till : ça se voit sur ton visage que quelque chose te tracasse. Tu ne veux pas m'en parler ?

Emma : non non t'inquiète pas, rien d'important.

Till : bon... d'accord.

Till s'installait un peu plus confortablement dans sa chaise et fermais les yeux pour profiter un peu plus du soleil. Quant à moi, instinctivement, je passais ma jambe droite sous la gauche, signe que je réfléchissais. Je pensais de plus en plus que je lui plaisais. En revanche, je ne saurais dire si Till me plait. Intérieurement, je trépignais. La question fatidique me brulait la langue.

Emma : Till ?

Till : oui ?

Emma : Est-ce que je te plais ?

Till resta silencieux. Je sentais son malaise. Il était presque palpable. Je ne pipais plus mot après avoir lâché cette bombe. Il n'avait pas besoin de me dire quoi que ce soit. Son silence me donnait la réponse que je voulais. Si je ne lui plaisais pas, il aurait dû me répondre du tac au tac, logiquement.il finit par ouvrir la bouche.

Till : effectivement. Tu me plais.

Je sursautai et devins aussi rouge qu'une tomate. Cela me faisait tellement bizarre qu'on me dise cela, encore plus parce que cela venait de Till. Mes pensées étaient donc fondées. Je ne m'étais pas trompée, j'avais bien interprété le comportement du chanteur. Maintenant, les choses étaient dites et je savais à quoi m'attendre avec lui. Plus ou moins. Je me doutais bien qu'il n'allait pas en rester là. Désormais, il ne tenait qu'à moi d'accepter ou de refuser ses avances et d'entrer ou non dans son jeu de séduction. J'y réfléchirai un peu plus tard, une chose après l'autre. Aujourd'hui, un pas a été fait : Till avait reconnu qu'il n'était pas insensible à mes « charmes ». Cela me soulageait bien plus que je ne voudrais l'avouer de savoir que je plaisais à cet homme. Il ne restait plus qu'à voir si j'étais prête ou non à lui répondre favorablement.

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