Cela faisait quelques heures que Till était rentré avec le reste de son groupe à l'hôtel. Je tentais de me préparer psychologiquement à son départ, au fait que je ne le reverrais sans doute jamais et tout ce que cela impliquait. Cela faisait une semaine à peu près que nous nous étions rencontrés au bar et je m'étais attachée à lui à la vitesse de la lumière. Cela ne me ressemblait pas spécialement, mais c'était bel et bien arrivé avec lui. La tristesse me gagnait au fur et à mesure que les minutes défilaient. Je savais pertinemment qu'il devait prendre son avion le lendemain, mais je n'avais qu'une envie, qu'il reste. Je n'étais pas prête psychologiquement à le laisser partir. Il avait cependant une vie ailleurs, loin d'ici, et je ne pouvais pas me permettre de le retenir. Il a sa carrière de rockstar à gérer, peut être un album à préparer et je ne sais quel autre projet en cours. Je n'eus même pas l'envie de jouer de la gratte ou quoi que ce soit. Je m'installais devant la télévision et zappais machinalement. Aucune émission, aucun film ou série n'accrocha mon attention. J'éteignis la télé aussi vite que je l'avais allumé et quittais le canapé. Je traversais mon appartement pour aller dans ma chambre. Je me laissais tomber sur mon lit, dans un silence le plus total. Je réfléchissais à toutes les bonnes choses que nous allions rater à cause de la distance, de nos univers diamétralement opposés, de nos vies si différentes. Je ne me voyais pas lui imposer d'arrêter sa carrière comme ça, du jour au lendemain, et de lui dire de s'installer dans la région. D'autant plus qu'il ne connait personne, à part nous. Et je ne me vois pas non plus tout quitter, mon appartement, mon métier que j'aime plus que tout, la ville que j'appréciais tant et tout le reste. Quand je pensais à l'idée de perdre peut-être l'amour de ma vie, des larmes coulèrent le long de mes joues. Je n'arrivais plus à m'arrêter, les larmes noyèrent mon visage. Sincèrement, je n'avais jamais pleuré de la sorte de toute ma vie. Au bout d'un long moment, je finis par m'endormir, épuisée par ces larmes et la tempête de sentiments qui avaient envahie mon cœur, mon corps et ma tête. Je ne me réveillais que le lendemain matin avec les premiers rayons du soleil. Je n'avais pas fermé mes volets la veille. Je regardais l'heure sur mon réveil. Il affichait six heures vingt et un. La veille, la dernière fois que j'avais regardé l'heure il était tout juste vingt et une heure. Je ne savais pas combien de temps j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps mais j'avais dormi au bas mot huit heures. Chose que je ne faisais jamais. Généralement, je préférais mettre mon temps à profit de la musique et moins dormir. Je pouvais compter sur les doigts d'une main mes heures de sommeil. De plus, dormir cinq heures me suffisaient pour être opérationnelle. Je réalisais alors que c'était une autre journée, que la vie normale allait reprendre son cours. Le goût amer de la déception s'imposa dans ma bouche pendant un long moment. Cet homme apportait une touche de bonheur à mes jours. Je me levais et attrapais mon téléphone qui trainait dans un coin de mon lit. Hier soir, dans ma détresse, j'avais oublié de le brancher pour qu'il charge. Il ne restait qu'une dizaine de pourcents de batterie et je ne me fis pas prier pour le mettre en charge. Je branchais aussi à une prise ma batterie portable pour éviter que mon téléphone ne s'éteigne. Comme il était tôt et que je ne commençais qu'à neuf heures, j'avais une marge assez intéressante. Je sortis de ma chambre et filais à la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Je me fis couler en premier un café serré et je me préparais ensuite un grand bol de mes céréales préférés. J'embarquais le bol ainsi que la boisson chaude pour m'installer sur le canapé. Mon ordinateur était resté là, lui aussi allumé. Heureusement que je l'avais laissé branché. J'ajoutais plusieurs vidéos que je voulais voir à ma liste d'attente et lançais justement cette liste. Cette fonctionnalité était géniale puisque je n'avais plus besoin de lancer les vidéos ni de les chercher à droite et à gauche. Je bus mon café d'une traite presque et je me brulais un peu le palais par la même occasion. J'attaquais alors mon bol de céréales et le dévorais rapidement. Une fois le repas terminé, je me levais pour aller laver ma vaisselle. Je la laissais s'égoutter sur l'évier et je fis une étape à la salle de bain. Je pris une douche rapide, me brossais les dents et changeais de pièce encore une fois. Je pénétrais alors dans ma chambre pour m'habiller. J'ouvris mon placard et jetais un œil à l'intérieur. Je jetais mon dévolu sur un jean ainsi qu'un tee shirt noir à l'effigie de Metallica. J'enfilais mes sous vêtements, mes habits et retournai dans ma salle de bain pour me maquiller rapidement. J'appliquais un peu de crayon khôl noir dans ma muqueuse inférieure, un peu de mascara et du gloss transparent. Une fois prête, je rejoignis le hall ou j'enfilais une paire de converses basses blanches. Je me regardais un instant dans le miroir. Je décrétais alors que j'étais prête à aller au travail. J'attrapais mon sac contenant mes papiers, pris mes clefs et sortis de mon appartement pour le fermer derrière moi. Je sortis de l'immeuble et marchais en direction du conservatoire ou je donnais des leçons de chant ainsi que des cours de guitare électrique, de basse et de batterie. Pendant un moment, j'avais pensé à donner aussi des cours de piano, mais je ne maitrisais pas assez cet instrument pour le faire. De plus, il y avait déjà assez de professeurs de piano et j'étais une des rares à dispenser des cours de batterie et de basse. J'avais donc de quoi occuper mes journées sans soucis. J'arrivais comme à mon habitude environ dix minutes avant mon premier cours. C'était juste assez pour prendre mon café et accueillir le premier élève de la journée. A huit heures, mon élève était là pour son cours de chant. Nous entamâmes alors le cours sans plus attendre. Les cours s'enchainèrent et la journée défila jusqu'à ce que Till m'appelle. Il m'apprit qu'il restait quelques jours de plus pour passer du temps avec moi. J'en fus estomaquée. La surprise m'empêchait de parler. Cela me faisait intensément plaisir mais je ne m'y attendais pas. Il me demanda alors si j'étais toujours au bout du fil. Je lui répondis par l'affirmative. Je le questionnais ensuite sur les modalités de son séjour, ou est ce qu'il dormirait, qu'est ce qu'il ferait de ses journées en attendant que je finisse le travail etc. il dormirait dans un hôtel dans le centre-ville, qui n'était pas très loin de chez moi d'ailleurs, et il promènerait un peu dans certains coins de la ville qu'il n'avait pas encore vu. Il m'expliqua aussi qu'il irait courir un peu aux alentours de l'hôtel. Cela lui ferait découvrir la ville d'une manière différente, qu'il me disait. J'acceptais sans broncher, toujours surprise et heureuse de la nouvelle. Je n'arrivais pas à réaliser ce qu'il se passait. Moi qui étais triste ce matin me retrouvait la plus heureuse du monde. Par message, il me demanda l'adresse du conservatoire ou je travaillais pour qu'il puisse venir me récupérer à dix huit heures ce soir. Je lui fis parvenir aussitôt. cette relation n'était peut-être pas perdue finalement.
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Really?
Fiksi PenggemarParfois, la vie peut nous réserver quelques surprises, quelques rencontres fabuleuses au détour d'un voyage, d'une sortie dans un bar. Les fans aussi peuvent étonner avec un talent insoupçonné, nous en avons fait l'expérience. Mais est ce que ce ser...