Chapitre 7 : Emma

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Il nous était arrivé un truc de dingue. Vraiment. Hier soir, après un concert au Barbenoire, nous avions rencontrés notre groupe favori, Rammstein. Ils étaient plus impressionnants en vrai que lors de leurs concerts en live. Ils étaient tous autant grand et baraqués les uns que les autres, de vraies armoires à glace. Surtout comparés à moi, qui ne suis pas bien grande. Mais tout ce qui compte, dans le fond, c'est que j'ai pu réaliser un de mes rêves : les rencontrer en chair et en os. Autre point positif : ils nous ont trouvés talentueux. C'est un honneur de recevoir des compliments d'artistes de leur trempe. J'ai en encore du mal à réaliser tout ça. Et comme une imbécile, je n'ai pas pensé à leur demander un autographe ou bien de prendre un selfie avec eux. Je ne pensais pas du tout les revoir de sitôt mais le destin nous remit sur leur route le lendemain. Nous allions, avec les garçons du groupe, au parc nous détendre. Très souvent, le parc nous servait de « salle » de répétition. Bien que nous travaillions tous, on n'avait pas assez de moyens financiers pour nous permettre de répéter comme des musiciens de renoms dans des studios. Même les compléments que nous percevons lorsque nous nous produisons dans des bars ne suffisaient pas. Dans le fond, cela nous convenait parfaitement et nous n'étions pas du genre à nous plaindre à tout va. Nous reprenions souvent des musiques de nos groupes favoris et récemment, nous nous étions mis à composer quelques musiques. Sur le chemin, nous les recroisions. Ils venaient de déjeuner et sortaient tout juste de table. Après avoir discuté quelques minutes dans la rue, ils nous accompagnèrent au parc. Nous nous installions au même endroit que d'habitude mais avec nos idoles en plus. Je sortis ma basse et jouais Rosenrot, la chanson qui faisait battre mon cœur quoi qu'il arrive. Lorsque je me sentais triste, elle me rendait ma bonne humeur et ma joie de vivre. Même lorsque j'étais de bonne humeur, elle participait à ce que je la garde. Nous étions assis en cercle, comme à notre habitude. Tous les regards étaient pointés vers moi ainsi que sur ma basse. A peine avais-je finis de chanter et de jouer que Till ainsi que les autres membres de Rammstein semblaient être bluffés. Ils me complimentèrent comme hier soir lors de notre toute première rencontre et accessoirement discussion. J'en fus tout aussi gênée venant d'eux.

Emma : franchement... Vous êtes notre groupe favori de tous les temps. On était dans la fosse lors de votre concert de Berlin en 2016. Vous êtes des fous, mais c'est ce que j'aime le plus chez vous.

Christophe : merci ! Tu sais ces choses que tu trouves folles, souvent c'est Richard qui y pense.

Richard : oui 'fin n'exagère pas non plus hein. J'ai l'idée de base mais souvent c'est du brouillon et on y potasse ensemble pour voir si déjà c'est faisable et voir ce qu'on peut améliorer.

Le débat continua dans ce sens pendant un moment et les blagues fusèrent. Les rires continuèrent à se faire entendre et je passais un moment très agréable. Les musiciens que j'admirais le plus au monde étaient détendus, simples et surtout n'avaient pas la grosse tête. Je les admirais encore plus pour cela. Je remarquais, après un certain temps, que Till m'observait d'un air pensif. Il avait l'air vraiment ailleurs, dans un univers parallèle. Il remarqua que je le fixais et m'adressa un beau sourire, comme s'il avait appris une bonne nouvelle. Je lui rendis sans gêne son sourire et rangeais ma basse dans son étui. Je me levais et vint m'asseoir près de lui. Je le dévisageais pendant une longue minute.

Emma : ça va ? Tu as l'air ailleurs.

Till : oui oui ne t'inquiète pas. Je pensais à un truc, rien d'important.

Emma : t'es sur ? T'avais l'air pensif, limite philosophique.

Il éclata de rire suite à ma remarque. Son rire était sincère, cela se sentait. Le sujet fut clos et les discussions continuaient de bon train pendant une heure environ. La nuit tomba et je suggérai qu'on aille boire un verre ensemble dans un bar. Tous étaient d'accord et approuvaient mon idée. Lorsque j'eu récupéré ma basse et que je rejoignis les garçons, je pris conscience que j'étais la seule femme au milieu d'un regroupement de testostérone et d'hommes. Mais d'un côté, c'était agréable. Je n'étais pas entourée de femmes et d'hypocrisie comme j'ai pu l'être il y a un certain temps. Même si j'étais la seule femme, je me sentais bien parmi eux. Pas d'hypocrisie, pas de coup dans le dos, largement moins de prises de bec... Tout était bénéfique selon moi à être parmi les hommes. Pour autant, ils ne déteignaient pas sur moi concernant le style vestimentaire. Je restais féminine quand même. Je prenais soin de moi, je portais des vêtements mettant en valeur ma silhouette et portait plus ou moins régulièrement des talons pour donner un petit plus à mon allure.

Nous marchâmes pendant un moment en flânant dans les rues à la recherche d'un bar sympa. En bas de ma rue, il y avait un petit bar qui venait d'ouvrir. Je proposais donc au reste du groupe d'y aller pour voir ce que ca vaut. Ils approuvèrent à l'unanimité. Nous nous dirigeâmes donc vers ce bar. Je profitais donc de passer dans ma rue pour monter rapidement chez moi pour y déposer ma basse et prendre un sac à proprement parlé pour ranger mon portefeuille et mes papiers. Je redescendis rapidement et rejoignis les garçons qui venaient de s'installer en terrasse, les lunettes de soleil sur le nez. Premier bon point : leur terrasse est au soleil. Parfait en été. Je m'approchais des garçons et constatais que la seule place se trouvait près de Till. Je pris donc place.

Till : la serveuse est venue pour prendre la commande, on voulait tous prendre une bière mais on ne savait pas trop ce que tu voulais boire. On n'a pas commandé du coup. Elle va revenir d'ici quelques minutes.

Emma : je vous suis !

Sur ces entre-faits, la concernée arriva et prit commande. Quelques minutes plus tard, elle revint avec nos onze bières sur un immense plateau. Elle nous laissa la note, un peu plus de vingt euros, puis retourna à l'intérieur. Nous profitâmes donc de ce moment agréable au soleil pour discuter. Je remarquais alors que doucement et assez discrètement, Till se rapprochait sa chaise de la mienne. je fis comme si je n'avais rien vu. Au bout d'une dizaine de minutes, peut être quinze, il était très proche de moi. La discussion allait bon train sur tous les sujets que l'on pouvait imaginer. Ils étaient très drôles et plus je passais du temps avec eux, plus je constatais qu'ils ne se prenaient pas la tête. Soudain, je sentis une immense main sur ma cuisse, près de mon genou. Je me sentis rougir et mes joues me brulaient intensément. Je ne pris pas la peine de regarder à qui appartenait cette main, je le savais déjà. C'était celle de Till. Je lui jetais un rapide coup d'œil et il ne semblait pas plus perturbé que ça. Je me sentais mal à l'aise et bien plus, je ne savais pas quoi penser de la situation. Il était bien plus vieux que moi. Il aurait pu être mon père. Mais d'un côté, sa discussion me plaisait, son physique aussi et son regard me captivait comme aucun autre. Dans le fond, il me plaisait mais j'étais gênée par cette différence d'âge. Est-ce qu'on s'entendrait dans la vie de tous les jours sachant cela. Nous n'avions peut-être pas le même point de vue sur tout un tas de chose. Nous ne nous connaissions pas assez. 

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