Chapitre 42 : Emma

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Ca y est. Le moment fatidique arrivait et d'ici quelques minutes, une dizaine tout au plus, Till allait leur apprendre ses projets. Nous étions devant le bar, à attendre les garçons, et je stressais un peu plus à chaque seconde. Mes amis finirent par arriver, après un moment qui me semblait une éternité. Nous nous installâmes autour d'une table, tous ensemble et Till ne se fit pas prier pour inciser dans le vif du sujet. Il ne fit pas spécialement de blabla et mit à plat son projet. Enfin, pas entièrement. Il leur parla de la première partie, mais pas de la seconde. Les gars n'en revenaient pas. Ils étaient vraiment heureux d'apprendre que notre groupe aurait plus de possibilité de vivre de ce qu'il fait à Berlin plutôt qu'en France. Je poussais mon petit ami à tout dire jusqu'à la fin et les garçons attendirent impatiemment de connaitre la suite. Le Lindemann continua à parler de son projet et vida son sac jusqu'au bout. Un silence s'installa doublé de stupéfaction. Ils avaient tous la bouche grande ouverte. Ils restèrent dans cet état un instant. Le stress monta d'un cran. Je ne savais pas si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle ce silence prolongé. Le serveur vint interrompre ce sketch (si ça en était un) pour prendre notre commande. Ils sortirent de leur torpeur pour commander et ils explosèrent de joie. C'était la cerise sur le gâteau, le pompom sur la Garonne. Ils adhéraient totalement à l'idée de Till et pour eux, à les entendre, ils étaient déjà à Berlin à faire des concerts à droite et à gauche mais aussi pendant ladite tournée. Tournée mondiale bien entendu sinon ce n'est pas drôle. J'appréhendais leur réaction mais à les entendre, si nous pouvions partir tout de suite par avion pour rejoindre la capitale allemande, nous serions déjà dans l'avion, nos instruments dans la soute à bagages avec quelques vêtements. Je fus soulagée de savoir qu'ils étaient tout à fait ouvert à cette idée de quitter le pays, leurs emplois respectifs ainsi que tout le reste. Je commençais sérieusement à me détendre et à profiter de cette petite réunion entre amis. J'acceptais aussi doucement cela, de partir, de démissionner, de rendre les clefs de mon appartement et de partir à l'étranger avec ma basse sur le dos. Je comptais donner la majorité de mes habits à une friperie pour récupérer un peu d'argent ou bien à une association caritative comme la croix rouge ou une autre. Pour le logement, mon propriétaire était quelqu'un de très arrangeant je pourrais lui rendre sans soucis majeure. Puis je ne me faisais pas de soucis, il trouverait un autre locataire très rapidement. Il ne perdrait pas grand-chose au change. Mais je m'occuperais de ça plus tard. Il était temps de profiter de la bonne nouvelle. Nous, petit groupe de jeunes français, allions faire la première partie de Rammstein, un groupe monstre de la scène métal allemande. J'en étais vraiment reconnaissante auprès de Till de nous avoir décoché cette opportunités. Je le regardais tandis qu'il répondait aux questions des garçons, comment ça se passait sur une tournée, les groupes faisant les premières partie disposaient de combien de temps de scène généralement etc. J'espérais une seule chose : qu'il faisait cela parce qu'on avait un vrai talent, pas parce qu'on est ensemble et qu'il a des sentiments pour moi. Je lui en toucherais deux mots plus tard, lorsque nous serions seule à seul. Le serveur vint nous servir en s'excusant. Ils ont dû changer un fut et le mécanisme pour relier le fut et la pompe avait fait des siennes. Il n'avait pas voulu se laisser faire et ils ont dû s'y mettre à plusieurs pour relier le tout. On lui sourit sans rancœur et il repartit pour continuer son travail. Nous trinquâmes tous ensemble à cette nouvelle, le cœur léger et surtout heureux. Nous discutâmes joyeusement de tout et de rien. au bout d'un moment, Noa souleva une question.

Noa : dites, faudrait regarder quand est ce qu'on part avec l'avion. Demain, je passerais dans une agence de voyage pour avoir un devis et je regarderais aussi sur internet pour regarder s'il y a une différence de prix.

Till : oh c'est pas la peine. Ne vous en faites pas pour ça.

Noa : qu'est ce que tu veux dire ?

Till : on a mis des options pour vous sur un vol à la fin du mois. Ca vous donne un peu de temps pour vous retourner et préparer vos bagages.

Maxime : whaaaaaaaaaaaaat ?

Till : oui oui t'as bien entendu !

Emma : mais c'est trop Till...

Till : non c'est pas trop. Juste on prévoit de vous amener à bon port. D'ici deux jours je repars à Berlin, dans les semaines qui suivent vous pouvez finir de vous occuper de vos papiers, voir comment faire pour vos logements, vos emplois etc et à la fin du mois vous embarquer dans un avion direction Berlin. Point barre. Y a pas plus simple comme plan.

Nous en restâmes surpris à un degré intense. On ne s'attendait pas à cela non plus. Désormais, nous avions toutes les cartes en mains pour réussir dans la musique. Cette perspective de carrière nous faisait rêver depuis des lustres. Jusqu'à maintenant, j'étais la seule à avoir un métier qui se rapprochait de la musique. Mais c'était très limité. Les garçons n'avaient pas eu cette chance. Maxime et Ethan étaient manutentionnaires, Noa exerçait le métier de vendeur dans un magasin de chaussures et Enzo travaillait dans une librairie. On faisait notre possible pour se réunir, répéter et surtout nous produire deux ou trois fois dans le mois dans quelques bars. Ces petits concerts qui duraient une à deux heures maximum (c'était aussi rares que l'on fasse des concerts de plus d'une heure et demie) nous permettaient de nous échapper de notre quotidien ou l'on devait travailler pour gagner notre croute, nous loger et manger. Il était évident que Till voulait mettre toutes les chances de notre côté pour que l'on réussisse. Il avait aussi deviné, en nous fréquentant, que nos moyens financiers n'étaient pas très extensible. J'en étais un peu gênée qu'il fasse ça pour nous.

Emma : Till... Je... Tu n'es pas obligé... On va trouver un moyen de...

Till : non pas question. Gardez votre argent, on s'occupe des billets.

Emma : mais...

Till : y a pas de mais. On se tiendra au jus par skype de l'avancée des choses, des billets d'avion etc. Fin de la discussion.

Je ne protestais pas plus longtemps. Je savais très bien que je n'aurais pas le dernier mot sur le coup. Nous changeâmes de sujet de discussion et elle continua bon train jusqu'à ce qu'on finisse nos verres. Je me précipitais à l'intérieur pour payer ma tournée et les garçons protestèrent (non mais vous imaginez ? Se faire inviter par une fille ?). Ceci dit, j'avais pris assez d'avance pour donner l'argent au serveur afin qu'il encaisse. Lorsque les garçons arrivèrent à ma hauteur, près du bar, le serveur me tendit la monnaie tandis qu'il referma la caisse. 

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