Really?

Chapitre 34 : Emma

La journée était passée bien plus vite que je ne l'avais imaginé. Mon emploi du temps surchargé avait occupé mon esprit toute la journée entre les cours de chant, de basse et de batterie. Je réalisais qu'il était temps de partir lorsque d'autres professeurs me saluèrent et me souhaitèrent une bonne soirée. Till attendait surement dans la ville que je finisse ma journée. Je n'avais même pas pu lui proposer qu'on déjeune ensemble puisque je n'avais qu'une heure à peine pour manger. On n'aurait jamais eu le temps d'aller au restaurant ou de rentrer chez moi. Cela m'aurait fait courir et je préfère prendre mon temps pour déjeuner. Je me dépêchais donc de ranger ma salle de cours, de débrancher les amplis et tout le matériel. J'attrapais ma basse, la rangeais dans son étui et l'enfilai sur mon dos. J'attrapais les clés de la salle et la fermai en sortant. Je descendis les escaliers qui débouchaient sur l'extérieur. Je passais le portail et remarquais une grande silhouette un peu plus loin sur le trottoir. Elle m'était familière, très familière même. C'était Till. Il se tenait là, planté au beau milieu du trottoir. Je restais surprise et j'eu du mal à le réaliser. Il m'attendait devant mon lieu de travail comme un homme très amoureux le ferait. Je me délestais de mon étui, le posai délicatement contre le grillage et courais vers lui pour sauter dans ses bras. J'arrivais avec plus de force que je ne le pensais. Ceci dit, il avait une carrure imposante et assez de force pour absorber le choc sans problème. D'autant plus que je n'étais pas épaisse non plus. Ses bras s'enroulèrent autour de mon corp et je me plaquais contre lui. Mes bras autour de son cou et mes cuisses autour de sa taille se resserrèrent assez fort, comme si j'avais peur qu'il parte. Je le lâchais et descendais de mon « perchoir » pour le laisser respirer et accessoirement l'embrasser. Une fois sur mes deux jambes, je défroissais vaguement mon haut et fis un pas vers lui. Je saisis sa main en lui jetant un coup d'œil pour voir sa réaction. Un grand sourire s'afficha sur son visage et il se pencha vers moi. Je ne me fis pas prier pour déposer immédiatement mes lèvres sur les siennes. Nous nous embrassâmes tendrement, comme un couple normal. Lorsque je me détachais de lui, je remarquai quelques femmes de l'autre côté de la rue qui nous regardaient de travers et se murmurant des choses avec un air outré. Je leur montrais joyeusement mon majeur. Avec le sourire, cela passe toujours mieux. Till jeta un coup d'œil aux personnes en face de nous, leur sourit et m'embrassa à nouveau avec plus de passion, cette fois-ci. Son intention était claire : elles jasaient à cause de notre différence d'âge et il m'avait de nouveau embrasser pour enfoncer un peu plus le clou. Dans le fond, je m'attendais à ce que la différence d'âge surprenne, choque même. Et nous en faisions l'expérience pour la première fois. Nous nous séparâmes à nouveau et je récupérais ma basse. Une fois l'étui sur mon dos, j'attrapais sa main et nous marchâmes en direction de mon appartement tout en discutant de tout et de rien, du soleil et du beau temps. Nous arrivâmes en bas de chez moi et rapidement, nous déposâmes ma basse dans mon salon. Nous descendîmes suite à cela les escaliers et nous sortîmes de l'immeuble. Il prit ma main dans la sienne et nous continuâmes de marcher dans la rue, main dans la main. Comme je m'y attendais, le regards des passants s'attardaient sur nous, certains semblaient surpris, d'autres choqués ou même outrés. Mais qu'importe. Je me sentais bien comme ça et ce n'était pas grave que les gens soient outrés. Notre bonheur passait avant l'avis des gens nous entourant. Et vu le comportement de Till, il pensait la même chose que moi. Nous nous intéressâmes aux diverses cartes des restaurants à droite et à gauche. Nous nous accordâmes à manger mexicain et nous pénétrâmes dans l'établissement. Un jeune homme s'occupa de nous installer, de nous donner la carte et de nous servir de l'eau. Le serveur déposa aussi un petit apéritif offert par la maison, cela nous permettrait de patienter. Il nous suggéra, à notre demande, quelques plats puis nous laissa réfléchir en regardant la carte. Moins de dix minutes plus tard, il revint avec un petit carnet pour prendre notre commande. Il nota ce que nous voulions manger et repartit pour communiquer tout cela aux cuisiniers.

Till : j'espère que ca te fait plaisir que je sois là

Emma : bien sur que ça me fait plaisir ! Tu en doutes ?

Till : non pas vraiment. Je voulais juste avoir la confirmation.

Emma : tu n'as pas besoin de me demander pour en être sûr. Je suis très heureuse que tu sois restée. Je ne m'y attendais pas vraiment et je commençais à être triste à cause de ton départ. Je n'avais pas envie que tu partes. Je te laisse imaginer ma réaction quand j'ai appris que tu restais un peu encore.

Il prit ma main dans la sienne en me souriant. Il avait besoin d'être rassuré, ce qui était normal. Il devait peut-être penser qu'à cause de mon jeune âge, cela pourrait être qu'une amourette de passage, rien de sérieux. Sans trop de doute, ce n'était pas vraiment ce qu'il cherchait. Il semblait tout aussi heureux que je l'étais en ce moment même. Je comptais bien profiter de ces quelques jours de plus avec lui pour que l'on soit bien ensemble. Pour le reste, on verra. Il était trop tôt pour décider ce que nous allions faire. Et puis, dans le fond, est ce que cette relation va fonctionner dans le temps ? Est-ce que l'un de nous aura une opportunités professionnelle pour rejoindre l'autre dans son pays natal ? Cela serait arrangeant pour nous. Nous pourrions donc envisager quelque chose de sérieusement stable. Affaire à suivre.