Chapitre 31

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La réaction se fit attendre. Les gars étaient étrangement silencieux. Plus ce silence durait, plus j'angoissais et je me disais à chaque seconde qui passait que je faisais une belle connerie de rester ici pour une femme. Un coup de blues m'envahit mais fut dissipé par les cris de joie de mes amis. Cela me déconcerta un peu. Ils scandaient dans la salle « il l'a fait ! » et les quelques autres clients qui prenaient leur repas matinal furent surpris. En même temps, je les comprenais. Cinq grands gaillards avec de grosses voix qui criaient de partout, cela ne passait absolument pas inaperçu. Je fus soulagé de voir qu'ils me soutenaient quoi que je décide. Lorsqu'ils furent calmés, ils me questionnèrent un peu plus : quand est-ce que je m'étais décidé, qu'est-ce qui m'avait convaincu, où est ce que j'allais dormir, qu'est-ce que je ferais en attendant que la jeune femme finisse sa journée de travail... Je répondis avec minutie à chaque question pour qu'ils me laissent un peu tranquille plus tard. Une fois le petit déjeuner avalé, nous débarrassâmes notre table et nous prîmes la direction de nos chambres. En passant devant la réception, j'interpellais la réceptionniste.

Till : Bonjour Mademoiselle.

Réceptionniste : Bonjour Monsieur. Est-ce que je peux vous aider ?

Till : Oui, j'aimerais savoir si je peux prolonger ma chambre pour quelques jours.

Réceptionniste : Quel est votre nom s'il vous plait ?

Till : Lindemann.

La jeune femme se pencha sur son écran et pianota un instant. Elle se redressa un peu pour me regarder et m'informa que malheureusement, ils n'avaient plus de place pour moi. Un congrès allait se dérouler dans le coin et toutes les chambres de l'hôtel avaient été réservés pour les participants. Je fus un peu déçu. Cet hôtel était calme, complet et nous n'avions rien à redire sur le service ni l'accueil. Je lui demandais alors si je pouvais profiter du wifi de l'hôtel afin de me trouver un logement pour les prochains jours. Elle m'informa alors que c'était un service gratuit de l'hôtel et qu'elle tenait à ma disposition un ordinateur. Je n'avais pas vu l'appareil qui était caché par des plantes. A priori il était en accès libre vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je remerciais la jeune femme et rejoins mes amis pour monter dans nos chambres. Nous devions faire nos valises puisqu'ils devaient aller à l'aéroport et changer de logement pour moi. Une vingtaine de minutes plus tard, ma valise était bouclée et je fis un dernier tour pour vérifier que je n'oubliais rien. Une fois cela fait, je sortis de la chambre et je tombais nez-à-nez avec la bande. En vingt minutes, j'ai eu le temps de penser à la réaction d'Emma lorsqu'elle apprendrait que je restais pour elle quelques jours de plus. Cela m'avait de nouveau tendu et un nœud s'empara de mon estomac. Ils m'accompagnèrent à l'accueil tout en me racontant des bêtises afin de me détendre. Ils me souhaitèrent alors un bon séjour en tête à tête avec la jeune femme et m'étreignirent chacun leur tour. Suite à cela, ils sortirent, leurs bagages à la main, et prirent la voiture qu'ils allaient rendre avant de prendre l'avion. Quant à moi, je m'installais sur l'ordinateur en question et ouvris en premier lieu le site de airbnb. Je fis une recherche rapide, mais rien ne me convint. Tout était soit excentré du centre ville (et accessoirement perdu dans des petits villages, non merci) soit trop grand pour moi. Je me décidais donc à faire quelque recherches sur booking. Je tombais sur deux trois hôtels sympathiques dans le centre ville. Le premier était complet, un client venait de prendre la dernière chambre. Le second n'avait plus que des chambres pour quatre personnes et était trop cher à mon goût. Le dernier avait encore des chambres standard et les photos me plaisaient plus que les deux autres. Je réservais donc une chambre chez eux pour quelques nuits. Je pris aussi les petits déjeuners à l'avance. Je rentrais ensuite mes coordonnées bancaires pour le payement. Lorsque je me tournais, la réceptionniste était en train d'arroser une plante près de moi. Je ne l'avais pas entendu du tout. Je lui demandais alors si je pouvais imprimer ma réservation et elle accepta avec un grand sourire. Elle me demanda de lui envoyer par mail pour cela. Je m'executais rapidement, elle avait surement d'autres choses à faire. Elle me sortit le papier et me le tendit. Je la remerciais chaleureusement et la laissais travailler tranquille. La chambre serait prête en début d'après-midi, il me restait donc du temps à tuer d'ici là. Il fallait aussi que je prévienne Emma, la chose la plus compliquée à mon sens. Je m'installais dans un des canapés de l'entrée et regardais bêtement mon téléphone. Soudainement, je tapais le numéro d'Emma et l'appelais. Elle décrocha rapidement et je restais un peu silencieux.

Emma : allo Till ? Il y a un soucis ?

Till : oui enfin non... Faut que je te dise un truc ?

Emma : c'est grave ?

Till : non du tout...

Emma : bah dis moi !

Till : je reste encore quelques jours. Les gars rentrent sans moi.

Elle ne répondit rien, surement à cause de la surprise. Je la laissais encaisser la nouvelle un instant et je pris ensuite la température. Elle était choquée et n'imaginait absolument pas que je reste. Elle me demanda alors ou est ce que j'allais m'installais. Je ne me fis pas prier pour rapidement la rassurer et lui expliquer ou est ce que je logerais. Elle s'exclama que c'était près de chez elle. Je ne lui avouai pas que c'était fait exprès. J'aurais bien une occasion de le lui dire dans quelques temps. Elle m'expliqua alors qu'elle devait me laisser puisqu'elle avait des cours à donner. Nous raccrochâmes et j'appelais un taxi pour qu'il me dépose en ville. Un moment plus tard, le taxi se garait devant l'hôtel. J'attrapais mes affaires, saluais la personne à l'accueil et sortis précipitemment. Je grimpais donc dans le véhicule. Cette fois, c'était une femme qui était au volant. Elle me demanda quelle était notre destination et je l'informais. J'attachais ma ceinture et la dame entama sa marche arrière. Elle sortit de l'enceinte et s'engagea sur la route. Tout le long du trajet, nous discutâmes de tout et de rien. le temps passait bien plus vite en sa compagnie et j'eus du mal à réaliser que nous étions déjà en ville. Je réglais la course et lui laissais un bon pourboire. Je sortis et commençais à m'aventurer dans les rues pour aller voir ou était ce fameux hôtel. J'avais plusieurs heures à tuer devant moi et je n'avais pas mieux à faire. Quelques minutes plus tard, je me plantais devant l'hôtel. Très propre, très lumineux. La devanture donnait envie. Je remarquais aussi qu'ils mettaient à disposition une bagagerie. J'entrais et je fus accueilli par un homme bien plus carré que moi mais tout à fait charmant. Il m'ouvrit donc la salle servant de bagagerie et me laissa déposer mes affaires. Je le remerciais chaleureusement pour ce service. 

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