Really?

Chapitre 16

Elle m'invita à entrer dans son bureau pour que nous nous mettions un peu plus à l'aise. La secrétaire semblait encore plus outrée par tant de familiarité de quelqu'un comme moi avec un de ses employeurs. Je jubilais intérieurement. Une fois la porte fermée, nous nous asseyions sur les chaises, chacune d'un côté du bureau.

Lucie : raconte-moi tout dans les détails Emma. Je veux tout savoir.

Emma : c'est un peu long, ça ne te dérange pas ?

Lucie : absolument pas. Et puis, c'est mon métier d'écouter et de conseiller ma belle. Je t'écoute.

J'entamais donc mon récit depuis la soirée ou nous nous sommes rencontrés jusqu'au rendez-vous de la veille. Je lui mentionnais rapidement qu'il m'avait fait un cadeau en lui montrant le bijou pour illustrer mes propos. Pendant tout mon récit elle ne broncha pas, prenant quelques notes de temps à autres sur son petit calepin. Certainement des choses qu'elle trouvait pertinentes ou qu'elle voulait aborder un peu plus tard avec moi. Lorsque j'eu finis mon blabla, elle relu rapidement ses notes et releva le regard vers moi.

Lucie : bien. Je vais te poser quelques questions afin de t'aiguiller dans ta réflexion. Prête ?

Emma : est ce que j'ai le choix ?

A cette réflexion, nous éclatâmes de rire sans pouvoir s'en empêcher. Ce que j'aimais chez elle, c'est sa facilité à rire et sa légèreté. A mon sens c'est une grande qualité dans cette branche un peu particulière de la santé. Cela dit, je n'avais jamais vraiment eu recours à un psychologue, donc je ne pouvais pas tellement me rendre compte.

Lucie : bon, plus sérieusement, on attaque.

Emma : prête !

Lucie : tout d'abord, quand tu es avec lui, seule ou avec le reste de tes amis et les siens, qu'est-ce que tu ressens ? Qu'est ce que tu te dis instinctivement ?

Emma : ce qui est certain à cent pour cent, c'est que je suis très à l'aise en sa présence. On peut discuter de plein de choses intéressantes. Quand il y a des blancs, ce n'est absolument pas gênant ou quoi que ce soit de ce genre.

Lucie : un bon début en somme.

Emma : exact.

Lucie : et hormis cela, qu'est ce qui te vient à l'esprit ? Quelque chose dans son physique ? Dans ses gestes ? Le langage non verbal peut jouer un rôle assez important dans la séduction.

Emma : et bien physiquement, il a une carrure très virile, très carrée et toute en muscles. Ceci dit, ce n'est pas le genre d'homme bodybuildé à mort comme on peut voir sur les réseaux sociaux ces derniers temps. Tu vois ce que je veux dire ?

Lucie : je vois très bien. Et la question qu'il faut que tu te poses c'est est ce que ça te plait ? Est-ce que tu te sens prête à tenter quelque chose avec cet homme ? Pas un autre, pas ton voisin, lui.

Je me tus un moment afin de réfléchir à cela. Elle avait touché un point auquel je n'avais pas encore la réponse. Elle me questionna aussi sur le futur. Malgré nos différences, est ce que cet homme pouvait me combler ? Est-ce que je me voyais dans ses bras ? Est-ce que l'image que nous renverrons à cause de notre différence d'âge aurait un impact sur notre relation ? Elle continua dans sa lancée et me posa d'autres questions du même acabit. Elle m'expliqua aussi que je devais me concentrer sur ce que je ressentais lorsqu'il était là, près de moi, pour vraiment définir ce que c'était : de l'amitié, de l'amour, une attirance physique ou intellectuelle. Pour le moment, je me positionnais plutôt vers l'attirance intellectuelle sur une légère note d'attirance physique sans en être totalement sûre. Le rendez-vous étant fini, elle me raccompagna à la sortie du cabinet et m'invita à la rappeler si je ressentais le besoin d'un autre rendez-vous. Je lui souhaitai une bonne journée avant de m'en aller. Ce rendez-vous avait été bien plus bénéfique que ce que je m'étais imaginée. Maintenant, je savais un peu plus où aller, à quoi réfléchir. J'avais le cœur un peu plus léger. Je décidais de me promener et de me faire plaisir aujourd'hui. Je fis donc un peu de shopping, d'autant plus que je commençais à avoir besoin de m'acheter des vêtements neufs. Peut-être que ce « nouveau » départ en ce qui concerne mes sentiments me donnait envie de nouveauté, de changement. Après quelques heures de promenade et d'achats, je rentrais chez moi en milieu d'après midi les bras chargés de sacs. Je m'étais offert quelques vêtements, quelques accessoires, une paire de chaussures et des sangles pour ma basse. J'avais profité aussi de cette escapade citadine pour changer le piercing de ma langue. J'avais des billes transparentes afin de le rendre plus discret et j'avais opté pour une bille d'un blanc éclatant. Après avoir enlevé mes chaussures, je m'installais dans mon canapé avec un grand verre d'eau fraiche et devant une émission télé. Quand j'eus fini mon verre d'eau, je me levais et embarquais mes sacs pour trier mes achats. Je lançais un cycle de lavage sur ma machine avec tous mes achats. J'attrapais mes nouvelles sangles, une bleue électrique, une verte sapin et une bordeaux, que je rangeais dans le tiroir spécialement dédié pour cela. Je récupérai aussi les billes que je venais de faire changer pour les ranger dans mon chevet. Peut être que je le ferais remettre dans quelques temps. On ne sait jamais, peut être que je me lasserais vite de ces nouvelles billes. Je sentis alors mon portable vibrer dans ma poche. Je m'en emparais et vis que Maxime venait de m'envoyer un message. Je l'ouvris et le lu.

De : Maxime

A : 17h36

On est sorti boire un coup avec les gars. On a croisé Rammstein et ils se sont installés avec nous. Tu viens ? On est à la marmite.

Je m'empressais de lui répondre.

A : Maxime

A : 17h37

Ok, ça marche. Je prends mes affaires et j'arrive. Je me dépêche.

Je pris ma batterie portable et y branchais mon téléphone dessus. Je le balançais dans mon sac avec mon portefeuille et mes clefs. J'attrapais le sac en question après avoir mis mes chaussures. Je sortis de mon appartement et fermais la porte derrière moi. Je m'élançais dans l'escalier à toute jambe. Lorsque je fus sortie de mon immeuble, je marchais rapidement afin d'arriver un peu plus vite au bar. Une certaine légèreté soulevait mon cœur. J'allais revoir Till. Et je pourrais commencer à me poser les bonnes questions, comme j'avais vu avec Lucie.