A peine deux jours étaient passés depuis notre rendez-vous en tête-à-tête avec la jeune femme. J'avais profité de ce laps de temps pour faire du sport. Je suis parti courir une heure environ avec Paul. Il avait trouvé l'autre jour, en allant à la piscine, un sentier le long d'un court d'eau. Nous prîmes la voiture pour y aller. Une fois garés, nous descendîmes et nous commencions à courir à petite foulée pour s'échauffer. Nous aurions bien le temps d'accélérer le rythme et d'augmenter notre fréquence cardiaque. Les autres n'avaient pas voulu nous accompagner. Ils préféraient se jouer quelques parties de basket sur le terrain de l'hôtel. Je remarquais que Paul était un peu trop silencieux. En soit, ce n'était pas un grand bavard, mais un silence un peu trop prolongé de sa part n'était pas une bonne chose. L'expérience parle. Je ne me risquais pas à parler pendant notre course, de peur d'attraper un point de côté et de ne plus pouvoir m'en séparer comme cela m'arrive souvent lorsque je parle et cours simultanément. Quelque chose le contrariait. Je ne saurais pas dire si c'est notre longue amitié ou le fait qu'il le transpirait mais cela se sentait. Je lui en toucherais deux mots lorsque nous serions dans la voiture pour le retour. Mon intuition me disait que cela concernait Emma et ce que j'envisageais avec elle. Lors de notre retour à la voiture, il se lança.
Paul : euhm Till ?
Till : oui ?
Paul : j'aimerais te parler...
Till : ça concerne Emma je suppose ?
Paul : ouais...
Till : vas-y je t'écoute...
Paul : est ce que c'est une bonne idée ? Fin, elle est jolie, elle a l'air intelligente et tout, mais est ce que votre écart d'âge n'est pas un frein ? Et encore... Ce n'est plus un écart, c'est un fossé de dix mètres de profondeur là... Peut-être qu'elle n'a pas la maturité nécessaire po ur te convenir, ou même pour rester avec toi...
Till : alors je t'arrête tout de suite. Qu'importe sa maturité dans le fond. J'ai juste envie d'essayer. Je n'ai pas envie de m'abstenir puis de regretter ensuite. Je préfère tester, peut être me prendre un mur, mais au moins je sais que j'aurais essayé.
Paul : je sais que tu n'as pas envie de regretter. Mais est ce que c'est vraiment le bon moment pour tenter ce genre d'expérience ?
Till : qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Paul : Till... Je suis désolé, je ne sais pas comment te le dire autrement... Mais t'as l'âge d'être son père, pas son petit ami, ou copain, ni même futur mari en se projetant un peu dans le futur. Il ne faut jamais complexer de son âge, mais t'imagine l'impact et l'influence que tu peux avoir inconsciemment de par son jeune âge ? Tu n'es pas un p'tit jeune de son âge. Garde bien ça en tête s'il te plait.
Je ne répondis pas à cette tirade. Quelque part, ce qu'il disait tenait la route. C'était une éventualité que je me devais de prendre en compte. Je ne savais plus trop si je devais écouter la voix de la raison, et donc les paroles de mon ami, ou la voix de mon cœur, qui me disait de foncer la tête baissée, quoi qu'il arrive. Mes sentiments m'incitaient à y aller, quitte à me prendre un mur de plein fouet. C'était un combat interne assez intense. Pour le moment, ces deux forces étaient à égalité, aucune n'arrivait à prendre le dessus sur l'autre pour m'aider à trancher et prendre une décision. En un rien de temps, nous étions de retour à l'hôtel, trempés de sueur. Nous filâmes sans un mot de plus dans nos chambres respectives. Je le sentais déjà un peu plus à l'aise d'avoir livré le fond de sa pensée mais dans le fond, je savais très bien qu'il s'en voulait un temps soit peut de me couper l'herbe sous le pied de cette façon. Une fois dans ma chambre, je fis couler l'eau afin qu'elle soit chaude lorsque je m'installerais sous le jet et sortis de la salle de bain. J'attrapais mon chargeur et retournais dans la salle d'eau. Je branchais l'appareil et lançais une playlist de plusieurs groupes que j'appréciais comme Korn ou Apocalyptica, entre autres. Je quittais mes vêtements humides et m'installais dans la douche. L'eau chaude coulait à grands flots le long de mon corps. Je frottais mon visage, espérant que cela m'aide à reprendre un peu mes esprits. Je lavais rapidement mes cheveux puis le corps. L'eau chaude détendait délicieusement les muscles mais je ne le remarquais qu'à peine. Mon esprit tournait à plein régime, je le sentais, mais je n'arrivais pas à formuler une réflexion cohérente. Je sortis de la douche et enfilais un peignoir. Je pris une serviette qui trainait par là pour me sécher les cheveux et les mollets. Mon portable me sortit de mes réflexions en vibrant. Le jeune Maxime nous invitait à sortir boire un verre avec le reste de ses amis, dont Emma. Personnellement, j'étais tout à fait partant. J'enfilais sans plus attendre un jean brut, un débardeur blanc, une chemise à carreaux noir et rouge et des rangers. Je rangeais mon portefeuille et mon portable dans les poches de mon pantalon, pris la clé dans la main et sortit. Je toquais à la chambre de Paul, qui logeait à côté. Il m'ouvrit, en jean et tenais un tee shirt bleu marine dans la main. Je lui demandais s'il avait vu le message du jeune homme. Il confirma et m'expliquait qu'il allait lui aussi voir avec le reste du groupe si cette virée les tentait. Il se dépêcha de s'habiller pour qu'on aille voir les autres. Après concertation, nous étions d'accord à l'unanimité pour les rejoindre. Nous prîmes donc la voiture et Richard répondit à Maxime en lui disant que nous partions de l'hôtel. Nous nous donnâmes rendez-vous une demie heure plus tard le temps de faire la route et de se garer. Sur le trajet, nous discutâmes de tout et de rien. Certains voulaient rester un peu plus longtemps ici, puisqu'ils s'y plaisaient plutôt bien. D'autres voulaient rentrer à la fin initiale de notre séjour.
Richard : je crois qu'on connait la réponse de Till, pas besoin de poser la question.
Nous éclatâmes de rire. Effectivement, ils connaissaient la réponse. Et je savais qu'ils savaient. Surtout après la discussion que l'on a eu tous ensemble l'autre jour. A ce moment-là, je réalisais qu'il ne nous restait plus que quelques jours de vacances, théoriquement, dans ce petit bout de paradis français. Je me surpris aussi à me sentir attaché à cet endroit, pas seulement à cause d'Emma. Plus les secondes passaient, plus j'avais envie de prolonger nos vacances ici. Du moins les miennes si les gars voulaient rentrer à Berlin. Un détail me vint alors à l'esprit : Berlin était a à peine deux heures de l'aéroport le plus proches. S'ils le voulaient, ils pouvaient rentrer et je resterais encore un peu. Si le besoin se faisait sentir, je pourrais rentrer au bercail plus que rapidement. Richard me tira de mes rêveries lorsqu'on se gara. Nous étions dans un parking payant du centre ville. Il avait choisi cette solution pour nous faciliter les choses et nous éviter de laisser la voiture un peu loin des rues piétonnes.
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Really?
FanfictionParfois, la vie peut nous réserver quelques surprises, quelques rencontres fabuleuses au détour d'un voyage, d'une sortie dans un bar. Les fans aussi peuvent étonner avec un talent insoupçonné, nous en avons fait l'expérience. Mais est ce que ce ser...