Chapitre 23

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Suite à ce bon repas, nous suivîmes donc les jeunes adultes sur un chemin au début un peu escarpé. Rapidement, la pente se radoucit pour devenir totalement plat. Cette promenade promettait d'être agréable. Nous découvrîmes le paysage. Il fallait avouer que nous n'aurions jamais deviné qu'un chemin existait dans ce coin – là. Il fallait vraiment bien connaitre le coin pour le savoir. Paul questionna alors nos jeunes amis là-dessus. Ils se regardèrent tous d'un regard entendu et éclatèrent de rire. Nous ne comprenions pas ce qui était si drôle et ce fut à notre tour de nous retarder, mais avec un drôle d'air. Ils finirent par se calmer, ce qui semblait compliqué avec nos visages surpris. Lorsque tout fut rentré dans l'ordre, Emma commença à nous expliquer la raison de leur fou rire.

Emma : il y a quelques années, aucun d'entre nous n'avait le permis de conduire et donc pas de voiture. Normal puisque nous étions mineurs. On voulait absolument venir ici. On a trouvé un covoiturage qui nous a déposé mais nous n'avions rien pour revenir. Du coup, on a prévu des sacs de couchage et après s'être mis une caisse pas possible, on est descendus ici, j'vous raconte pas la galère avec un coup dans le nez, et on a campé ici. C'était festif.

Maintenant, nous comprenions mieux leur fou rire. Il était vrai que racontée comme ça, la situation donnait envie de rire. Sans compter le fait que cela devait leur faire de bons souvenirs, à bon entendeur. Quant à moi, je finis par trainer un peu à l'arrière du groupe pour admirer la nature environnante. Nous longions un cours d'eau à l'eau tellement transparente que nous pouvions voir le fond ainsi que les poissons qui se prélassaient ici et là. Il n'y avait aucun bruit de voiture, ou du moins venant de quelque chose de « citadin ». Cela reposait bien plus qu'une nuit de sommeil de douze heures. Le chemin était dégagé et agréable tandis que le soleil réchauffait doucement ma peau. Je sortis mes lunettes de soleil de ma sacoche et les posais sur mon nez. Je repris la marche et suivais le reste du groupe. Un peu plus loin, Emma discutait avec Olive. Surement de basse, de détails, de ce qu'ils aimaient respectivement comme matériel et tout le reste. La jeune femme regarda derrière elle, dans ma direction. Elle s'arrêta net tandis que je l'entendais dire au loin à Olive de continuer à marcher. Les autres firent de même. Elle attendit que je sois à sa hauteur pour reprendre à son tour. Nous restâmes quelques instants silencieux, ne sachant pas quoi dire à l'autre. Je n'osais pas lui prendre la main et à mon humble avis, il devait en être de même pour elle.

Emma : t'as bien mangé ?

Till : oui c'était parfait. C'est une adresse à retenir.

Emma : c'est pour ça qu'on vous y a emmené.

Elle m'adressa un beau sourire. Le genre de sourire chaleureux et sincère qu'on aimerait voir sur tous les visages que l'on croise dans la rue, dans les transports en commun ou au travail. Malgré la présence des autres, l'envie de lui prendre la main me démangeait de plus en plus. Je fourguais mes mains dans les poches de mon pantalon en espérant que cela m'empêche pour une durée assez longue de saisir sa main. Je savais au fond que ça ne servirait à rien, mais qu'importe.

Till : t'as un beau sourire. Je ne vais pas envie de partir et de ne plus le voir...

Je venais de chuchoter ces quelques paroles. Je me surpris moi-même. Je n'étais pas du genre à dire ce genre de choses. Mon cœur venait de prendre le contrôle sur ma raison, mon cerveau et lui avait faire dire ce qu'il pensait. Emma se mordilla la lèvre comme si elle réfléchissait à ce qu'elle allait dire ou qu'elle choisissait ses mots.

Emma : à vrai dire, je n'ai pas envie qu'on se quitte moi aussi.

Je stoppais net. C'était la première fois qu'elle formulait ses sentiments, qu'elle mettait des mots dessus. Vraiment grosse surprise. Elle s'arrêta quelques pas plus loin et se tourna vers moi. Elle ne semblait pas à l'aise. Je laissais tomber mes dernières appréhensions et parcourus les quelques pas qui nous séparaient. Je posais une main sur sa joue et me pencha vers elle pour déposer mes lèvres sur les siennes. Elle resta immobile quelques secondes mais finit par passer ses bras autour de ma taille. Elle répondit à mon baiser avec une douceur intense. Il n'y avait plus que nous, sur un petit nuage. Ma main passa de sa joue jusqu'à ses épaules. Je l'entourais de mon bras et la serrais doucement contre moi. Je sentis ses mains serrer mon haut avec un peu plus de force. Les autres n'existaient plus, je n'entendais plus le bruit de l'eau ni même le bruit de la brise passant dans les buissons près de nous. Pour ma part, j'étais ailleurs, dans un monde de douceur, ou rien ne pouvait venir me contrarier. Elle rompit le baiser et posa son visage contre mon torse. Je passais mon deuxième bras autour de ses épaules et enfouis mon visage dans ses cheveux. Je n'arrivais pas à deviner quelle était l'odeur qui m'envahissait le nez mais elle me plaisait. Bien évidemment, les garçons avaient finis par remarquer notre abscence et étaient revenus sur leurs pas pour nous chercher. Mes amis n'avaient rien dit de particulier puisqu'ils étaient au courant, plus ou moins, de ce que je ressentais pour elle. Mais ce n'était visiblement pas la même chose pour Emma. Elle n'avait rien dit à ses amis. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle devait surement avoir un peu peur de ce qu'il se passait. Si ça se trouve, elle ne voulait pas non plus leur en parler pour une raison X ou Y. les jeunes commencèrent à nous taquiner puis à nous reprocher, sur le ton de la rigolade, que nous aurions pu, et surtout du, leur en parler. Emma décolla son visage de mon torse et me lança un petit regard désolé avant de se tourner vers ses amis. Elle quitta mes bras et leur expliqua qu'elle n'était pas encore sûre de ce qu'il se passait entre nous. Je cite, elle ne voulait pas mettre la charrue avant les bœufs. Et elle avait raison. Je ne pouvais le nier. 

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