L'île

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Journal d'Anna Harlington, 16 juin 2073 (extraits)

Cher journal, aujourd'hui c'est le jour de mon opération ! Et c'est aussi le jour de ta création ! Je vais te raconter en détail chaque jour passé ici. En commençant par aujourd'hui !

Je suis assise sur le sol, dans ma chambre. Je la partage avec trois filles supers : Olga, ma meilleure amie, et Venja et Hanja, deux sœurs trop sympas aussi ! Le seul truc, c'est qu'entre les deux lits à étage et les deux armoires, on est un peu serrées ici. Mais bon, on s'amuse beaucoup à quatre !

À ce moment, Olga saute de sa couchette (elle a une de celles en haut, la chanceuse) et me lance :

— Tu es la première de la chambre à te faire opérer ! Tu me raconteras ?

— Tu sais, je n'aurai pas plus de choses à raconter que le garçon qu'on a interrogé.

C'est une des rares personnes de notre couloir a avoir été opérée. Il y a aussi une des pestes de la chambre d'à côté, mais hors de question d'aller leur demander quoi que ce soit.

— À moins, dis-je en souriant, que je ne choisisse de ne rien te dire...

— Quoi !? s'exclame mon amie.

Ses yeux mordorés lancent des éclairs. Je ne peut résister au plaisir de la titiller un peu :

— Tu sais, parfois, tu te comporte comme les pestes d'à côté... ça donne pas très envie...

— Moi, comme elles !? glapit Olga.

Elle me bondit dessus et en fait mine de me donner des coups de poings.

— Moins fort ! crie Venja en se retournant vers nous.

Ses cheveux blonds tout ébouriffés partent dans tout les sens.

— Non, c'est très bien, rétorque sa petite sœur en sautant de la couchette supérieure de leur lit. Comme ça tu es réveillée et je peux me lever et aller manger. Je n'osai pas parce que tu râle toujours quand on te réveille.

— Je ne râle jam... Aïe ! crie Venja en se cognant contre la couchette au-dessus d'elle.

Olga et moi éclatons de rire.

— Te voilà bien réveillée maintenant ! m'esclaffais-je. Vous pouvez allez manger maintenant.

— Tu ne viens pas ? demande Hanja.

Elle est en train de se brosser les cheveux, aussi blonds que ceux de sa sœur.

— On t'a déjà dit qu'elle ne pouvait pas manger... commence cette dernière à ma place.

— À cause de l'opération ! terminent Olga et Venja, synchrones.

Je souris à nouveau. Tu vois, cher journal, on s'amuse trop ensemble !

Les trois filles enfilent rapidement leurs uniformes (l'opération me fait louper un jour d'école, génial !) et partent manger non sans m'avoir supplié dix fois de leur raconter ce qui va se passer (alors que j'ai de tout façon l'intention de le faire).

Lorsqu'elles quittent la pièce, je me sens soudain beaucoup moins à l'étroit. Je m'habille en vitesse d'un T-shirt blanc et d'un pantalon gris. Il n'y a pas beaucoup de couleurs disponibles ici, c'est dommage... Mais je sourit en rangeant mon pyjama : il est violet avec une tête de léopard (je crois) en paillettes argentée, et le pantalon est décoré de taches de léopard aussi faites de paillettes. Je l'adore !