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Journal d'Anna Harlington, 2076, date précise inconnue (extraits)

Je devais faire équipe avec elle !? Quoi !? Comment !? Jusqu'ici, ils nous avaient demandé de nous traiter en ennemis ! Ils disaient que nous étions des adversaires ! Les adultes sont...

Non. Non non non non. Ils ne sont pas imprévisibles, au contraire. Ils l'ont fait exprès. Je comprends tout en une seconde, stupéfaite, encore et malgré tout ce qu'ils nous on fait, par leur esprit tordu. Tout ceci... C'est une épreuve supplémentaire. Ils nous on divisés dans l'intention de nous forcer à coopérer après. Et nous avons donné droit dans ce piège. La logique est imparable. L'idée est diabolique. Et moi j'aurai dû me douter qu'il y avait forcément quelque chose là derrière. Les adultes sont ainsi : manipulateurs et sans scrupules.

Une vague de fureur m'envahit quand je comprends que je n'ai pas le choix, mais, justement, je n'ai pas le choix. Je laisse mon CC prendre un peu le dessus le temps de me calmer, et au prix du plus gros effort mental que j'ai fait à ce jour, je décide, folle de rage, de coopérer. Cependant les adultes paieront un jour de nous avoir fait subir ça !

J'échange alors un regard avec la blonde et comprends qu'elle a eu le même raisonnement que moi. Nous nous comprenons ; et sans échanger un mot, nous acceptons, pour cette fois, de faire alliance. Ce n'est que temporaire, je trouverai bien un moyen de lui faire ravaler ses paroles arrogantes, me dis-je pour mieux accepter cette atroce alliance.

Une seconde plus tard, la deuxième porte s'ouvre, et notre ennemi entre dans l'arène d'un bond.

Sauf que ce n'est pas un humain. C'est une créature à la fourrure dorée, marchant à quatre pattes, dotée de griffes et de crocs acérés. Il me faut quelques secondes pour le reconnaître : c'est un lion. Mais pas un lion ordinaire. Sa démarche est trop souple, ses mouvements trop rapides. Il est comme moi, comme nous : un être modifié.

Par réflexe, la blonde et moi bondissons chacune d'un côté pour nous mettre à bonne distance de la créature. Je chasse ma colère et ma haine pour me concentrer sur ce nouvel adversaire.

Celle-ci se fige une seconde, puis fonce sur ma coéquipière forcée. Pas le choix : je dois lui venir en aide. D'un bond puissant, je me propulse dans les airs, mais le lion me sent et se retourne en pleine course, tordant son corps, puis sans ralentir me saute dessus.

Incapable de prévoir son attaque – je n'ai jamais vu de félin de ma vie – je me prends ses 150 kg en plein dans la face et quand j'atterris, j'entends ma colonne craquer. Mon CC envoie immédiatement des nanites vérifier – pas de fracture. Mais c'est pas passé loin !

Sa mâchoire fonce vers mon visage. Par réflexe, j'empoigne sa gorge à une main pour tenir ses crocs loin de ma tête, tandis que de mon autre main, je lui lacère une patte. Le fauve rugit de douleur et redouble d'efforts pour me mordre. Malgré ma force, ses dents claquent bientôt à quelques centimètres de mon nez et je dois utiliser les deux mains pour le repousser. Son haleine chaude m'inonde les narines en même temps que des gouttes de salive m'aspergent la figure. Je ne peux plus parer ses coups de pattes et même si ma peau résiste, tout mon corps est ébranlé par les impacts successifs. Je sens même mes côtes protester, à la limite de la rupture.

Soudain, la bête s'éloigne de moi d'un bond. Je me relève immédiatement et jette un regard dans sa direction : la blonde a enserré son cou de ses bras et essaie de l'étouffer. Mais le lion fait des bonds partout ; il se roule par terre et elle est contrainte de de lâcher prise.

Sans attendre, je cours vers l'animal et avant qu'il ait totalement reprit son équilibre j'imite la blonde, l'étranglant, puis je lui communique :

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