L'île

Chapitre 12 - Le plan

 

James se tourna vers les deux femmes, rayonnant comme s'il venait de percer le secret du voyage interstellaire. Tout allait bien se passer désormais.

— Venez avec moi, il faut qu'on parle aux autres, sourit-il.

Il se mit à marcher sans même regarder derrière lui, son arme battant négligemment contre son flanc.

— Ranson, attends ! s'exclama Blue. Pourquoi aller les rejoindre si vite ?

— Parce que, répondit-il, clouant les deux femmes sur place, je sais comment sortir d'ici.

Deschamps sursauta. Elle s'approcha de lui à grands pas, qui résonnaient lugubrement entre les hautes étagères. Elle piétina sans aucun ménagement les dossiers que James avait sorti des cartons et envoya valdinguer ceux-ci hors de son chemin à grands coups de pied. Ils allèrent se cogner contre les meubles métallique avec des boums étouffés.

Le jeune homme s'arrêta et se tourna vers elle. Ses yeux verts lui donnèrent l'impression de se faire transpercer par des lasers. James eut un mouvement de recul, effrayé par la colère se lisant sur le visage de la jeune femme.

— Tu voudrais dire, articula-t-elle, la voix vibrante de rage, qu'à partir de simples dossiers tu as trouvé un moyen pour sortir ?

— Euh... balbutia le soldat blond, n'y comprenant rien. Oui... c'est-à-dire que... enfin... J'ai un plan...

— Parce que, l'interrompit Deschamps, si tu nous as juste fait miroiter de faux espoirs, je t'étrangle, compris !?

Ah ! C'était donc ça ! La jeune femme n'était pas vraiment en colère contre lui ; elle avait peur d'espérer et d'être cruellement déçue ! James lui adressa un sourire et tenta de la réconforter, un peu gêné de l'avoir mise dans cet état.

— J'ai autant envie de sortir que toi. Je ne me permettrai pas de me bercer d'illusions.

Deschamps hocha la tête avec vivacité.

— Bien. Très bien. OK, on y va.

Et elle se mit à marcher vers l'extrémité de la rangée au pas de course. Le jeune homme, son enthousiasme initial un peu refroidi, la suivit plus lentement. Blue le rattrapa et se mit à marcher à son niveau. Elle se pencha vers lui et murmura : « Si tu as raconté n'importe quoi, c'est moi qui t'étranglerai la première. », ce qui glaça la jeune homme jusqu'aux os. Sa camarade devait plaisanter... non ?... mais son air des plus sérieux poussait à prendre ses paroles au premier degré.

Son enthousiasme envolé pour de bon devant le scepticisme des deux soldates, James les suivit à travers les rayons. Leurs pas résonnaient pesamment entre les étagères. Le silence de mort qui s'était abattu sur le groupe semblait être un poids de plus en plus lourd au fur et à mesure de la marche. Et dire que quelques secondes plus tôt, il se sentait calme et confiant en l'avenir ! Merci, les filles, soupira-t-il. C'est déjà assez difficile de ne pas juste laisser tomber ! Même si... elles ne veulent pas être déçues, c'est normal.

C'était Blue qui menait, là encore. Deschamps la suivait de près. Un peu en arrière se trouvait James. Contaminé par l'inquiétude de ses camarades, son cerveau inventait des scénarios de plus en plus sombre. Le doute prenait le pas sur ses certitudes lumineuses et rassurantes. Et si... ? Et si il se trompait ? Et si l'inquiétude des filles était justifiée ?

Alors je n'aurai plus qu'à préparer mon cercueil. Si Deschamps ne risque pas de me tuer, malgré ce qu'elle a dit, Blue, elle, tiendra parole... pensa-t-il en frissonnant.

Le jeune homme regretta tout de suite sa pensée. Jusqu'à preuve du contraire, Blue ne lui avait jamais voulu du mal ! Il devenait parano ! Si il commençait à perdre confiance en ses camarades, il pouvait abandonner maintenant !