Le petit groupe entra dans un laboratoire vide pour pouvoir parler à leur aise. James se sentit, au contraire, mal à l'aise. Cet endroit lui rappelait trop les labos sécurisés au début de la mission – c'est-à-dire au moment où les militaires, comprenant que quelque chose clochait, auraient dû fuir cet île le plus vite possible.
Lui et Deschamps durent monter la garde près de la porte. Le jeune homme leva les yeux au ciel, agacé, quand Wade le leur ordonna : il ne voulait pas être mit à l'écart de la création d'un nouveau plan, mais il dut s'y résoudre. Il n'avait pas le choix.
Ils se postèrent de part et d'autre de l'unique porte, silencieux et vigilants. La brunette ne pouvait s'empêcher de remuer de temps en temps, supportant de toute évidence difficilement leur immobilisme. Elle semblait déborder d'énergie, malgré la peur qui sapait les forces des soldats. Tout l'inverse de son compagnon : le jeune homme restait figé sur place, toute son énergie concentrée sur ses oreilles pour percevoir un éventuel bruit suspect.
Les deux sentinelles entendaient les autres murmurer au fond du labo, mais ils ne comprenaient pas ce qu'ils disaient. À nouveau, James réprima une bouffée de colère. Il ne pouvait rien y faire, inutile de s'énerver.
Deschamps se tourna alors vers lui pour lui demander :
— C'était une adolescente, vraiment ?
— Oui. Nous avons pu voir clairement son visage et nous sommes quatre à avoir vu la même chose. À moins d'une hallucination collective... répondit le soldat blond sans finir sa phrase, toujours perturbé par ce souvenir.
— Mais les hallucinations ne tuent pas les gens, souffla la jeune femme en frissonnant.
Elle fixa James d'un air effrayé et le jeune homme eut l'impression de se faire transpercer par son regard vert olive. Il réprima son propre stress pour ne pas la contaminer.
— C'est stupide... murmura-t-elle en se détournant de lui.
— Quoi ?
— Je vais peut-être mourir ici, parce que je suis devenue un soldat, alors que je me suis engagée pour des raisons futiles... murmura Deschamps avec un sourire cynique.
James garda le silence. Il contenta d'écouter sa camarade tout en gardant une partie de son attention focalisée sur la porte.
— Et tu sais pourquoi je me suis engagée ?
— Non, répondit machinalement le jeune homme, bien que ce soit évident.
— Pour prouver à ma mère que les filles peuvent être autre chose que des petites poupées bien élevées, lâcha Deschamps avec amertume.
James pouffa. En voyant le regard de la jeune femme, il se reprit et chuchota rapidement :
— Il m'est arrivé quelque chose de similaire, c'est pour ça que je ris ! En fait, je me suis engagé pour que mon père soit fier de moi. « Soit un homme, James ! » disait-il. J'ai pensé que ce serait une bonne idée... et voilà où j'en suis.
À sa grande surprise, il faillir rire à nouveau devant le ridicule de la situation. Deschamps gloussa à son tour :
— On s'est tout les deux engagés à cause de nos parents et à cause de ça, on va peut-être mourir ! Tu te rends compte ? C'est ridicule !
James sourit, absolument d'accord avec elle, puis il aperçut à ce moment-là Wade qui marchait vers eux. Sa joie disparut d'un seul coup.
— Vite, reprends-toi ! Wade arrive ! chuchota-t-il.
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L'île
Science FictionUne île, loin de tout. C'est là que James débarque avec d'autres soldats, pour la sécuriser. Mais lui et les autres ne sont que les pantins d'enjeux qui les dépassent, manipulés par leurs supérieurs comme par leurs ennemis. De la vulgaire chair...