Chapitre 14 - Le produit

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Wade s'effondra comme un vieux sac de patate, juste à côté de Sanchez. Une quantité incroyable de sang se répandit tellement... tellement vite sur le sol. Les soldats restèrent figés, les yeux rivés su le cadavre. James, plus que tout les autres, ressemblait à une statue de cire. Il n'aurai jamais cru qu'un seul corps puisse contenir autant de sang. Tout ce rouge...

J'ai tué de sang froid. De sang froid. Jamais il n'avait tué, alors de sang froid... Ces deux mots résonnaient dans sa tête comme une sentence de mort. Mais en même temps, il n'avait pas eu le choix... Wade était devenu fou, il avait provoqué l'affrontement avec les créatures ! Il allait tuer Sanchez ! James avait le faire !

La détonation a peut-être alerté des monstres, pensa-t-il soudain.

Il fallait partir. Il se tourna vers ses camarades, toujours pétrifiés sur place. Blue et Sanchez avaient le regard clair malgré les coups qu'ils s'étaient pris dans la tête, mais ils ne bougeaient pas. La flaque de sang grossissait vers le Latino sans que celui-ci esquisse un mouvement pour l'éviter.

James se racla la gorge.

— Les gars... (Comme personne ne détournait le regard du corps, il haussa un peu le ton.) Les gars !

Les quatre soldats sursautèrent et se tournèrent soudain vers le jeune homme. Ce dernier sentit alors son cerveau sortir complètement du brouillard et une terrible culpabilité l'assaillir. Il s'efforça de l'ignorer ; ce n'était ni le lieu ni le moment... mais... oh, si seulement il avait pu l'éviter...

— Il faut qu'on parte, allez ! dit-il en constatant que nul n'avait prononcé un mot.

— Oui ! lança Blue.

Elle inspira soudain, comme si elle était restée en apnée. Son regard perdit sa fixité, elle se releva, imitée par les trois autres et empoigna son arme. James se tourna vers la sortie, se retenant de fuir la pièce en courant.

— Il faut partir, vite.

À nouveau, Blue resta un instant immobile ; puis elle emboîta le pas au jeune homme blond, suivie par Jacobson, Sanchez et Deschamps. James toussa lorsqu'il sortit du labo : le couloir était plein de fumée. Apparemment, Blue n'avait rien trouvé de mieux pour couvrir leurs traces que de faire exploser quelques fumigènes pour tenter de brouiller l'odorat de l'ennemi.

Ah, oui. Il faut qu'on aille dans un laboratoire pour faire le produit anti-odeur, se rappela-t-il.

À chaque croisement, Blue lâchait un fumigène, qui inondait les lieus de fumée sur cent mètres à la ronde sans le moindre bruit. James, en tête, les guidait. Il se sentait bizarre. Il lui semblait que ses camarades l'avaient automatiquement désigné comme leader de leur petit groupe lorsqu'il avait tiré sur Wade. Mais en réalité, il avait tué quelqu'un ! Il ne méritait pas de commander !

Et puis, c'était une responsabilité trop lourde. Choisir, empêcher le groupe d'imploser, prendre les bonnes décisions... Non, vraiment, il n'était pas fait pour ça.

Sentant son besoin irrépressible de mettre les choses au clair grandir de seconde en seconde, il montra une porte dans un couloir sur leur gauche. Sanchez alla se placer sur la droite de la porte et avant que James puisse faire quoi que ce soit, Deschamps se posta face à lui. Aussitôt, le jeune homme se mit dans la bonne position pour mitrailler l'intérieur de la pièce si besoin était, tandis que Jacobson et Blue couvrait les alentours.

Iris – décidément, il avait de la peine à se faire aux prénoms de ses camarades, sauf le sien – entra la première, immédiatement suivie par le Latino.

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