Journal d'Anna Harlington, 17 juin 2073 (extraits)
Je me réveille... je suis encore un peu endormie... Mes sens m'indiquent que je suis dans un lit... Il y a une lumière éblouissante dans la pièce...
J'ouvre les yeux. Je suis dans une chambre identique à celle où on m'a amenée avant l'opération : même lumière trop vive, même miroir en face de mon lit, mêmes murs blancs et vides... Cette pièce est moche. Et les draps grattent.
Je renifle. J'ai la tête qui tourne et j'ai froid. C'est dingue qu'ils ne parviennent pas à régler les radiateurs !
Jana entre à ce moment-là. Ses cheveux blonds sont retenus en un chignon lâche et elle porte un dossier. Quand elle entre, elle me sourit, puis elle s'approche du lit pour me parler.
— Ça va ? demande-t-elle avec sollicitude.
— Non... j'ai froid et j'ai mal à la tête, geignis-je.
— Bon. On va vérifier tout ça. (Elle me sourit encore et retourne vers la porte pour tirer un chariot dans la chambre.) Je vais prendre ta température, d'accord ?
Elle prend un thermomètre et me le met dans l'oreille. Quand il bipe, elle l'enlève, regarde la température puis me sourit à nouveau.
— Tu as un peu de fièvre, m'annonce-t-elle, mais rien de grave.
Jana rabat ensuite ma couverture. Elle se frotte les mains, puis me demande :
— Remue les orteils.
Son ton est nerveux. Apparemment quelque chose l'angoisse.
Je regarde mes orteils et les bouge. Elle soupire, l'air soulagé.
— Bien. Bouge tes doigts maintenant.
À nouveau, je m'exécute. Jana me fait ensuite faire diverses sortes de mouvement avec mes bras et mes jambes, plier le coude et le genoux, faire des cercles avec les mains et les pieds, etc. Je ne comprends pas du tout à quoi ça sert, mais elle est médecin. Ensuite elle fait d'autres examens, puis une prise de sang, et à la fin elle dit :
— C'est bon. Tu va pouvoir retourner dans ta chambre. Je viendrai te donner des pilules contre la fièvre et ton mal de tête. Il faudra que tu te reposes, d'accord ?
Elle semble plus détendue. Elle avait peur pour moi, malgré le fait que l'opération soit totalement sûre ! Je lui souris.
Jana me tend mes vêtements et me dit :
— Habille-toi, je te ramène maintenant.
Je m'habille rapidement puis la suis. Je ne me sens vraiment pas bien, ma tête tourne et je n'arrête pas de transpirer. Le trajet jusqu'à ma chambre, même court, me paraît horrible ! Quand j'entre et vois mon lit, ma seule envie est de me laisser tomber dessus et de ne plus en sortir.
Je constate aussi que mes amies ne sont pas là – sans doute en cours. Ouf ! Je n'aurai pas à leur parler pendant des heures !
— Je t'apporte tes médicaments tout de suite, me rassure Jana, et demain je reviendrai voir si ça va mieux.
Elle quitte la pièce d'un pas rapide. Elle a de nouveau un air inquiet.
J'enfile rapidement mon pyjama avant de me glisser sous ma couette. Mon mal de tête a empiré ; je vois flou et j'ai l'impression que je vais m'évanouir. C'est comme quand on ne bois pas assez, en pire.
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L'île
Science FictionUne île, loin de tout. C'est là que James débarque avec d'autres soldats, pour la sécuriser. Mais lui et les autres ne sont que les pantins d'enjeux qui les dépassent, manipulés par leurs supérieurs comme par leurs ennemis. De la vulgaire chair...