James se leva. Il voulut faire un pas en avant, marcher pour se calmer, mais il se retint au dernier moment, terrifié à l'idée d'être entendu. Alors il se rassit, tripota son arme, la posa, soupira avant de toucher du bout des doigts la racine de ses cheveux, puis recommença son manège : tripoter son arme, la poser, soupirer, toucher ses cheveux, tripoter son arme...
Au bout d'un moment, il commença à se ronger les ongles. Puis il porta une main à ses cheveux encore une fois. Il se tourna ensuite vers ses camarades, effondrés dans la pièce. Jacobson tremblait presque de peur. Il ne cessait de remuer et de se mordiller la lèvre, le visage couvert de sueur. Collins, assise dans un coin de la pièce, fixait le vide. Elle était très pâle, mais semblait se reprendre petit à petit. Wade, quand à lui, affichait comme d'habitude un masque de détermination, même si James se doutait qu'il était aussi choqué qu'eux. Ce fut lui, d'ailleurs, qui rompit le silence.
— Il faut qu'on décide quelque chose.
Ces paroles tombèrent comme un couperet dans le silence d'outre-tombe qui régnait dans le petit bureau. C'était les premiers mots prononcés depuis le massacre. James les redoutait, à vrai dire. Il voulait, il voulait ne pas penser à tout ça, ne plus penser à rien ! Mais Wade avait raison. Ils ne s'en sortiraient pas en jouant les autruches. Alors, au prix d'un effort monumental, il acquiesça tout bas :
— Il a raison. On ne peut pas rester ici.
Sa voix lui parut fatiguée, si fatiguée ! Comme si toute son énergie l'avait déserté d'un coup, sans prévenir.
Il vit Collins, à son tour, inspirer puis s'étirer avant de tourner vers eux un regard déterminé.
Jacobson mit plus de temps à les rejoindre. Il paraissait se remettre du choc avec plus de difficulté, tressaillent au bruit le plus infime.
Ils s'assirent en cercle au fond du bureau.
— Bon, affirma Wade sur un ton sans réplique. Il faut sortir d'ici et prévenir nos supérieurs pour qu'ils envoient du renfort.
La discussion ne va pas être simple, pensa tout de suite James. En effet, Wade n'avait pas fermé la bouche que Jacobson s'exclamait :
— Tu es fou ! Avant toute chose, il faut quitter cette île !
Wade tourna vers l'afro-américain un regard méprisant.
— On sait tous que t'es un lâche, mais c'est pas une raison pour l'ouvrir ! cracha-t-il.
Le jeune homme écarquilla les yeux. Quoi ? Ces deux-là se disputaient alors qu'ils devaient s'entraider pour survivre ? La peur amplifia ses émotions et il intervint sans réfléchir, furieux :
— Assez ! murmura-t-il d'un ton si sec qu'ils se tournèrent vers lui en se taisant d'un coup.
Il les toisa de son regard bleu azur, soudain mué en glace – du moins l'espérait-il.
— On ne peut pas se chamailler alors qu'on doit s'entraider pour survivre ! (Pour ne pas leur laisser le temps de répliquer, il enchaîna :) Vous avez raison tout les deux. Il nous faut prévenir nos supérieurs, mais, ajouta James pour convaincre Wade, si nous mourrons ici, comment pourrons-nous les convaincre que ce que nous avons vu est réel ?
Jacobson frissonna. Le soldat blond sentit ses muscles se crisper quand il repensa à la balle qui avait rebondi... Il écarta cette pensée. Concentre-toi sur le présent.
— Alors maintenant on va discuter calmement de ce qu'on va faire, termina Collins à la place de son camarade.
Quand il se tourna vers elle, il vit qu'elle avait les sourcils froncés et les lèvres pincées. Elle paraissait aussi furieuse que James de cette dispute ridicule.
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L'île
Science FictionUne île, loin de tout. C'est là que James débarque avec d'autres soldats, pour la sécuriser. Mais lui et les autres ne sont que les pantins d'enjeux qui les dépassent, manipulés par leurs supérieurs comme par leurs ennemis. De la vulgaire chair...