Chapitre 3 - La salle de conservation

57 7 6
                                    


Des gens.

Il y avait des gens dans les cuves.

James était figé.

Il ne pouvait plus penser.

Du coin de l'œil, il remarqua que les autres réagissaient comme lui.

Des gens.

Son cerveau tournait à vide.

Pourquoi y avait-il des gens dans ces cuves ? Il était incapable de répondre à cette question.

Tout à coup, il y eu un bruit. James sursauta avec violence. Le bruit venait des cuves. C'était un bruit d'aspiration. Petit à petit, le liquide blanchâtre devint de plus en plus transparent. Toujours incapable de réfléchir correctement, le jeune homme ne put émettre la moindre hypothèse pour expliquer le phénomène. Ce fut Collins qui parla la première et proposa d'une petite voix :

— Ce doit être automatique. Le liquide blanc doit être sale et il est remplacé.

Müller se reprit aussitôt.

— Mais si ce n'est pas automatique, c'est qu'il y a quelqu'un ici. Il faut inspecter cette salle, allez soldats !

L'ordre tira le groupe de leur état de transe. Arme au poing, ils se mirent à examiner chaque recoin de la salle. James évita avec soin de regarder les corps – son cerveau buggait quand il le faisait –, ce qui était très difficile. Heureusement pour son intégrité mentale, la fouille se termina en quelques minutes. Il n'y avait pas d'endroit où se cacher et la seule entrée était celle par laquelle ils étaient venus. À part les corps dans les cuves, il n'y avait qu'eux ici.

Dans un coin de la salle, James retrouva Jacobson. De la sueur perlait sur sa peau noire. Il étreignait son arme un peu trop fort.

— Ça va ? demanda James.

— Pas trop. Cet endroit...

— Moi aussi je suis pas rassuré, souffla le jeune homme, ce qui était un doux euphémisme : il mourait d'envie de partir d'ici en courant.

Il voulut passer une main dans ses cheveux, comme chaque fois qu'il stressait, mais ses doigts butèrent contre son casque.

— C'est surtout que... (Jacobson se tourna vers les cuves, un air horrifié sur le visage.) Ce sont des enfants.

James écarquilla les yeux. Il se tourna pour examiner de près l'une de ces personnes dans la cuve d'à côté pour la première fois. Le liquide, devenu clair comme de l'eau, ne dissimulait plus rien. Et en effet, la personne qui flottait dedans semblait avoir une douzaine d'années. Ses cheveux étaient rasés. Un appareil fixé sur l'entrejambe, probablement destiné à évacuer les excréments, empêchait de savoir si il s'agissait d'un garçon ou d'une fille. Un masque était fixé sur le visage, relié à un tuyau qui était rattaché au fond de la cuve. Diverses électrodes parsemaient le corps et une intraveineuse était plantée dans chaque bras.

James sentit sa curiosité reprendre le dessus. Pourquoi cet enfant était-il plongé dans cette cuve ? Que se passait-il ici ? Pourquoi lui et les autres soldats étaient-ils ici ? Il mourait d'envie de savoir.

D'abord, la mission, se rappela-t-il. Il se tourna vers Jacobson qui le fixait du haut de son mètre 90 avec un regard plein d'angoisse et de questions. Mais le jeune homme n'avait pas de réponses.

— Allons retrouver les autres. On a fini ici.

— OK.

Les deux hommes rejoignirent leurs camarades.

L'îleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant