Chapitre 21 - Ces foutus conduits !

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Comme il fallait s'y attendre, ramper dans ces conduits était d'une difficulté abominable. Surtout avec le lance-flamme ! James se trouvait forcé de le traîner derrière lui et n'avait donc plus qu'un bras pour se tirer ; en plus, l'arme raclait les murs métalliques presque sans arrêt ! Comment Blue avait-elle pu être aussi silencieuse ? Cela relevait du miracle !

Le jeune homme ne cessait de tendre l'oreille pour percevoir un éventuel bruit. Mais rien. Les GM semblaient toujours occupés à se battre. Cela expliquait pourquoi les créatures ne les avaient pas trouvés plus tôt. Elles étaient trop occupées à se bagarrer ! Cependant, quand elles se rendraient compte que les soldats avaient pris la fuite, elles s'allieraient sans doute immédiatement pour les rattraper...

La gorge du soldat blond paraissait se resserrer de plus en plus au fur et à mesure que s'écoulaient les secondes, son cœur accélérer, son estomac faire des loopings dans son ventre. James sentait les GM, pas loin, comme lorsqu'on est sûr d'être observé alors qu'on ne voit personne. Cette certitude l'emplissait de crainte et donnait naissance aux hypothèses les plus folles. Mais il les cadenassait dans un coin de son cerveau ; ce n'était ni l'endroit ni le moment ! Chaque fois que le jeune homme sentait son attention vaciller, il jetait un regard aux pieds de Blue, devant lui, et se rappelait qu'elle lui avait confié la responsabilité de la sécurité du petit groupe ! Donc, pas question de flancher !

Malgré tout, la tension imprégnait ses muscles crispés. Et la difficulté de la progression n'arrangeait rien ! Chaque petit détail de la situation portait sur les nerfs de James ; pas un côté, une chose qui le laissât tranquille !

Bon sang, du calme ! Vous allez y arriver ; vous n'avez jamais été aussi près du but ! s'encouragea le jeune homme.

Alors il rampa dans le conduit métallique étroit, lance-flamme à la main, avec toujours un œil anxieux posé sur ses pieds et l'obscurité en arrière-plan.

Blue, devant lui, progressait vite malgré son bras blessé. Tout en surveillant leurs arrières, James laissa une partie de son esprit dériver. En dépit de son air froid et inflexible, leur leader s'était montrée bien plus à l'écoute que Wade, car elle possédait un cerveau en état de marche, elle. La femme aux cheveux bleus savait qu'une équipe devait être soudée et était assez intelligente pour écouter les idées des autres. Au contraire de Wade, elle ne souffrait pas d'une agressivité maladive et de nerfs fragiles.

En parlant de nerfs... Jacobson, en apparence moins sûr de lui et moins fort que Wade, avait bien mieux résisté que lui... Et dire que ce dernier s'était moqué de la lâcheté du grand Noir ! Il n'était peut-être pas très courageux, mais bien plus équilibré...

Un mouvement soudain dans l'obscurité fit se dresser les poils sur les bras de James. Il se tendit, doigt frémissant près à cramer tout ce qui s'approcherait...

Rien. Juste le silence et les ténèbres.

Et dire que son père l'avait obligé à faire l'armée pour qu'il « devienne un homme » ! Cruelle ironie : désormais, il savait la mort, la peur et le sang ; il avait vu mourir une femme qu'il connaissait à peine mais estimait et appréciait et était lui-même devenu un meurtrier.

Un vision éblouissante de clarté se forma dans son esprit : une île couverte de tant de sang que le liquide vital éclaboussait ceux qui y posait le pied. N'était-ce pas là fidèle à la vérité ? Blue et lui avaient tué ; quant à Sanchez, Deschamps et Jacobson, ce n'était pas faute d'avoir essayé ! Même les GM – assassins aussi, les mains souillées de rouge !

Pour un peu, je vais finir par croire aux malédictions... pensa James. Puis, dans un sursaut de colère : Non, toutes ces horreurs sont de la faute de ceux qui ont lancé le projet !

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