Personne. Rien. Que dalle. Le néant.
L'équipe de Brook ne les attendaient pas ici. Ils ne pouvaient pas se barrer de ce cauchemar souterrain que représentait la base. Ils devaient rester et les attendre.
Les soldats se regroupèrent devant l'un des ascenseurs. Blue montait la garde avec Sanchez, cependant pas un des membres du petit groupe ne pouvait quitter du regard la noirceur environnante.
Une chape de plomb tomba sur l'équipe, ne leur permettant de ne penser qu'à une chose : l'attente, dans les ténèbres et le silence, aux limites de la folie et à la merci des GM.
Car il fallait attendre. On ne pouvait pas abandonner l'autre équipe... n'est-ce pas ? Ce n'était pas gentil... pas humain... cruel... Mais qu'importait ce genre de choses ici ? Le seul but à atteindre, c'était la survie. Pas même la vie, non, juste parvenir à faire exister sa carcasse fatiguée quelques minutes supplémentaires, en priant pour qu'elles deviennent des heures, et qu'après ces heures-là ils soient libres.
Et toute cette obscurité... Ces ténèbres... Noir, noir, noir. N'y avait-il donc que du noir ici-bas ? La lumière du soleil n'avait-elle été qu'un rêve ? Et sa chaleur ? Et toutes les bonnes choses de la terre ? Ici en tout cas, elles n'existaient pas... Même la fragile lueur de l'espoir se dissolvait dans les ombres.
James avait envie de pleurer. Il voulait se recroqueviller dans un coin et attendre que quelqu'un s'occupe de toutes ces histoires. Il en avait assez, assez vu, assez subit, assez fait. Il avait vu ses camarades mourir, il avait entendu le bruit répugnant que fait la chair humaine quand elle se déchire, il avait vu assez de sang et de cadavres pour une vie entière, et il avait du sang sur les mains. Il avait tué... ! Sans réfléchir, sans hésitation ! Même pas une de ces affreuses créatures – non, un enfant innocent – mais un de ses camarades !
Il ne pouvait même pas se consoler avec l'idée qu'il combattait des monstres, car c'était des enfants, des enfants ! leurs ennemis. Oh, quelle horreur, quelle horreur... Trop beau mot pour la situation. Il n'y avait que de trop beaux mots de toute façon. Rien ne pouvait retranscrire... retranscrire... un dégoût, une abomination si profonds qu'ils en causaient une douleur presque physique.
Il se sentait vide, avec juste un trou noir à la place du cœur. Cet ordinateur... ç'avait été la pire idée du monde. Ça les avait détruits. Ça avait signifié la fin de tout espoir, car nul ne pouvait gagner ce combat à mort. Quoi qu'il arrive, il n'y aurait aucun vainqueur, seulement des vaincus. Pour ceux qui étaient sur l'île en tout cas. Pour les autres... bien à l'abri...
Stop.
Y'en a marre. Marre de ces conneries !
James fit un pas en avant. Il inspira profondément. Il voulait... il voulait que ces GM meurent, d'une manière ou d'une autre, il voulait sortir d'ici, il voulait oublier tout ce qu'il s'était passé, il voulait faire payer le gouvernement pour avoir changé des enfants au-delà de tout espoir de rédemption...
Il voulait pleurer, se réveiller et se rendre compte que tout cela n'était qu'un mauvais rêve.
— Bordel... murmura Iris.
Son visage était aussi désespéré que celui d'une statue dans un cimetière, les muscles figés pour toujours en la même expression de tristesse absolue.
— Quoi ? demanda machinalement Jacobson, sonné, comme tout les autres, par ce qu'ils avaient appris.
— On ne peut pas rester là à se morfondre. Il faut qu'on fasse quelque chose ! Que... je sais pas... qu'on bouge, qu'on... balbutia la jeune femme, cherchant ses mots, cherchant un moyen de dissiper le désespoir aussi collant que du goudron fondu qui emplissait l'esprit de chaque membre du petit groupe.
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L'île
Science FictionUne île, loin de tout. C'est là que James débarque avec d'autres soldats, pour la sécuriser. Mais lui et les autres ne sont que les pantins d'enjeux qui les dépassent, manipulés par leurs supérieurs comme par leurs ennemis. De la vulgaire chair...