Chapitre 20 - L'échappée belle

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— Pas de temps à perdre. Il nous faut un plan.

Bien sûr, c'est Blue qui parla la première. Sous son casque, ses yeux brillaient de détermination. Elle n'avait pas l'intention de perdre une seconde.

James proposa :

— On peut toujours prendre les conduits d'aération. De cette manière, les GM ne pourront pas nous sauter dessus de tous les côtés.

— Mais on ne pourra défendre que l'avant ou l'arrière puisqu'on a qu'un seul lance-flamme, objecta Iris.

Blue réfléchit à voix haute, sourcils froncés :

— Mais au moins, ils ne pourront attaquer que d'un côté. Et puis, ils doivent surveiller les ascenseurs. (Elle marqua une pause et ferma un instant les yeux, comme pour visualiser la situation.) Je crois que c'est la meilleure option.

Les soldats échangèrent des regards indécis. Ils n'auraient pas d'autre chance. Ils devaient prendre le bon choix, ici et maintenant. James se mordit la lèvre. L'idée venait de lui, mais que faire, au final ? Il ne possédait pas la réponse à tout. Il pouvait se tromper. Le doute embrouillait ses pensées. De leur choix dépendait leur vie...

Le jeune homme constata, soulagé, que ses compagnons semblaient en proie aux mêmes doutes. Leur avenir se jouait ici. Soit ils parvenaient à s'échapper, soit... eh bien... les GM voudraient sans aucun doute s'amuser avec eux, pour se défouler sur les envoyés de ceux qui les avaient fait souffrir. Cette pensée s'insinua comme du poison dans le cerveau du soldat blond. Elle accéléra le rythme de son cœur et obstrua sa gorge, comme pour l'empêcher de respirer.

Stop. Tu n'as pas le droit de lâcher maintenant. Accroche-toi, bordel !

James s'obligea à inspirer et expirer avec lenteur et régularité. Il repoussa ses angoisses et ses doutes dans un coin de son esprit, loin de sa conscience, et réfléchit à nouveau au plan qu'il avait proposé. Le regard de Blue, emplit de détermination seule, sans la moindre trace de peur, croisa le sien. Aussitôt la vérité éclata dans le cerveau du jeune homme : c'était l'unique option. Le petit groupe n'avait aucune autre solution.

— Écoutez, souffla le blondinet. On est bien d'accord qu'on ne peut pas rester ici ? (Les quatre soldats hochèrent la tête.) On arrivera pas à battre les GM. Ils sont trop nombreux. Donc, on est obligé de sortir. (Il s'interrompit un instant, le temps de voir ses camarades approuver à nouveau.) Or, il n'y a que deux moyen de se tirer : les ascenseurs et les conduits. Sauf que les ascenseurs sont surveillés. On ne passera jamais. Nous sommes obligés de prendre les conduits. OK ?

Jacobson, la peau couverte de sueur, acquiesça la premier. Sa respiration sifflait comme un vent de tempête dans le silence des couloirs. Iris imita son camarade. Elle se triturait les doigts, piétinait sur place, jetait des coups d'œils anxieux autour d'elle. James comprit, au regard qu'elle lui lança, que la jeune femme acceptait le plan plus car elle lui vouait une confiance immense que parce qu'elle approuvait son raisonnement. Les poumons du soldat blond se figèrent un instant ; il sentait, à cause du geste de son amie, peser sur lui toute la responsabilité de cette idée.

Mais je ne commande pas ! protesta-t-il, terrifié. C'est Blue la chef, et elle le fait très bien ! ... Du calme, James, du calme. On ne panique pas pour ça, OK ?

Sanchez approuva à son tour. Ses yeux noirs insondables, qui ne reflétaient ni peur ni colère ni détermination, se plissèrent un instant et conférèrent à son visage un air féroce. Lui ne flancherait pas. Il était de la race de Blue : taillé dans l'acier et la roche, alliant la force du chêne à la flexibilité du roseau. La femme aux cheveux bleus entérina la dernière le plan. Le plus probable était qu'elle ait imaginé quelque chose de similaire. Son air impassible empêchait le jeune homme de deviner ce qu'elle pensait, mais elle avait fait preuve d'une remarquable intelligence tactique jusque-là. Impossible qu'elle n'ait pas compris que les conduits représentaient la seule option valable. Il se détendit un peu. Si elle avait eu la même idée que lui...

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