L'île

Chapitre 9 - L'autre équipe

  

James fixait les canons pointés sur lui, le cœur au bord des lèvres. Il avait échappé aux monstres pour se faire tuer par des camarades ! Si la situation n'avait pas été aussi grave, il aurait rit. Le jeune homme déglutit avec difficulté : il ignorait tout de ces gens, donc ils pouvaient tout à fait tirer de ce qu'il en savait. Et il sentait son cœur et ses poumons faire la course l'un contre l'autre dans sa poitrine...

Wade fit un mouvement vers son arme, mais le colosse l'interrompit :

— On est à huit contre six. Vous pouvez rien faire. Donc pas bouger.

Le soldats aux cheveux grisonnants s'immobilisa à contrecœur, ses muscles tendus déjà prêts à l'action. La rage se lisait sur son visage. James respira un tout petit peu plus librement : une menace de moins.

— Mettez-vous en ligne, face au mur, les mains sur la tête, ordonna le chef de l'autre groupe.

Le jeune homme obéit tout de suite. Il ne voulait pas se prendre une balle, pas après avoir échappé aux monstres ! Ses camarades obéirent aussi, partageant sans doute ses pensées.

— Bon. Toi, la rousse, vient ici. Schwartz, Lamie, occupez-vous du brun, là.

"Le brun", ce devait être Sanchez. Sanchez qui avait crié de douleur dans le conduit, se rappela soudain James. Était-il blessé ? Comment le jeune homme avait-il peu oublier ça ?

La situation était stressante... plus que ça, on a échappé à la mort. Je ne dois pas m'en vouloir, se rappela-t-il en chassant l'embryon naissant de culpabilité loin de son cerveau. Le stress prit tout de suite sa place quand le soldat blond entendit Collins s'écarter du mur. De tous les membres du groupe, c'était celle en qui il croyait pour les sortir de là. S'ils l'abattaient... Sa respiration accéléra au point de devenir sifflante. Du calme.

Il entendit un cliquetis métallique : on lui retirait probablement son arme. Puis il y eu le silence. James se tendit. Il imagina la détonation d'une arme à feu... Mais rien. Et le colosse ordonna :

— Le Noir vient ici.

Qu'était-il arrivé à Collins ? Et aux deux autres ? Le chef avait parlé d'un « test ». Mais comment pouvaient-ils pratiquer un test en quelques secondes et sans bruit ?

— Au blondinet, poursuivit l'homme, implacable.

James se décolla du mur et se retourna avec lenteur, histoire de ne pas se prendre bêtement une balle. Il s'avança vers l'autre groupe, les jambes flageolantes à l'idée de ce qu'il pouvait lui arriver. Quand il vit Collins, Sanchez et Jacobson, vivants, dans un coin, il sentit un poids en moins sur sa poitrine. Ils paraissaient indemnes... Un gros bandage entourait même la main du blessé. Mais alors, en quoi consistait le test ?

Un des soldats lui ôta ses armes, puis le poussa vers le colosse, qui devait bien faire deux têtes de plus que James. Avec horreur, ce dernier se rendit compte qu'il tenait un énorme couteau à la main, et il y avait du sang sur la lame !

— Donne ta main, ordonna le géant.

Le jeune homme lui obéit, mais tout son être lui criait de s'enfuir. Le chef lui prit la main pour la retourner paume vers le ciel, puis il enfonça légèrement la pointe du couteau dans le gras du pouce. James sentit une piqûre tout à fait supportable quand la lame perça sa peau. Un soulagement un peu trop précoce l'envahit. Quand l'homme, désigné comme un sergent par ses galons, vit une goutte de sang couler, il retira la pointe, examina soigneusement la plaie, puis poussa le jeune homme vers un coin de la pièce où se trouvaient déjà Collins, Jacobson et Sanchez. Il les rejoignit avec précipitation, heureux de s'éloigner du colosse.