Prologue

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Je ne vais pas prétendre que tout va bien. Je ne vais pas prétendre m'être rétabli. J'ai toujours voulu rester honnête, rester moi-même. Je pense d'ailleurs que c'est comme ça que j'ai réussi à te séduire. Je ne t'ai pas accosté comme un chien en manque. J'ai essayé de te montrer combien je t'appréciais tout en restant respectueux. Mes parents m'ont bien éduqués, ils m'ont appris les bonnes manières. Et puis, il y a mes sœurs aussi. Elles m'auraient tuées si elles avaient appris que j'étais devenu un de ces dalleux qui ne respecte pas la femme.

J'espère que tu ne m'en veux plus, de là où tu es. Je sais que j'ai fait le con, mais j'espère que tu m'as pardonné. Personnellement, j'avoue ne pas avoir réussi. Je n'arrive pas à aller de l'avant, c'est plus fort que moi. J'ai été idiot. Bête. Stupide. Mais j'ai changé. Tu devrais me voir maintenant. On peut dire que je suis devenu un homme.

On toque à la porte de ma chambre alors je me relève immédiatement de mon lit pour faire comme si je rangeais mon bureau. J'essaye de paraître le plus naturel possible, je ne veux pas qu'on s'aperçoive de ma peine. Je n'ai besoin de la pitié de personne et surtout, je ne tiens pas à plus inquiéter ma famille qu'ils ne le sont déjà.

Ma petite-sœur Inès qui a 19 ans fait son apparition dans l'encadrement de ma porte.

Inès — Désolée de te déranger c'était pour te dire que... euh... tu fais quoi ?

— Je range, ça se voit pas ?

Inès — Tu ranges ? rire Toi, Anas Al Saoud tu ranges ? Depuis quand ? D'habitude tu m'ordonnes de ranger plutôt.

— Eh, tu veux quoi ?

Inès — Rien. Juste te dire que je dors chez Telma.

Psahtek.

Elle me regarde mal et sort de ma chambre. Âgée de 24 ans, Telma est mon autre sœur. C'est l'aîné de la famille, elle est mariée. Mes parents n'ont pu avoir que trois enfants même s'ils en voulaient plus.

Je m'arrête de ranger –même si je ne le faisais pas vraiment– et au même moment, mon téléphone vibre pour m'annoncer un nouveau message. C'est Ramy qui propose un tournoi FIFA chez lui avec l'équipe.

J'accepte volontiers et quelques minutes plus tard je suis chez lui.

Comme d'habitude, dans sa chambre se trouve une photo encadrée de nous tous. De «l'équipe» comme les gens du quartier aiment nous appeler. Je prends le cadre et regarde nos têtes lorsque nous étions petits. Je m'en souviens comme si c'était hier. Cette photo a été prise lorsque nous étions en colonie de vacances. Nous étions à la piscine et pour inaugurer ce joyeux moment, notre animatrice nous a pris en photo. Sur le moment, on la voyait comme une photo digne d'un célèbre magazine. Aujourd'hui, quand je la regarde, je ne peux que me retenir d'exploser de rire. Issa et moi avons des brassards, Ramy une frite et Djibou porte ses meilleures lunettes de piscine. Niveau maillot de bain, ça va. Personne n'a fait la ridicule erreur de porter un slip de bain.

Je repose la photo toujours le sourire aux lèvres. A chaque fois que je viens, je pars dans l'optique de lui demander d'enlever cette photo qui nous affiche tous. Mais après l'avoir regardé, je me rétracte toujours et me dis qu'il serait bien qu'il me fournisse une copie.

L'équipe est constitué de quatre débauchards dont moi.

Le premier débauchard, certifié dans la misère : Djibril alias Djibou. D'origine congolaise de Kinshasa et Brazzaville, il est âgé de 21 ans et est le plus grand de la bande mais surtout le plus paumé. Lui, c'est le loveur, le canard. Ça fait au moins trente ans qu'il est avec sa meuf Amandine, une portugaise. On le clash tous mais au fond on est contents pour lui. Au moins, un de nous quatre est posé. Il est en fac de droit.

ANAS - Un mal pour un bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant