Chapitre 38

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Il s'est passé une semaine depuis ma dernière altercation avec Naëlle et j'avoue que rien n'a vraiment changé. Dans l'appartement, une tension étrange s'est installée. Je lui en veux d'être partie voir Ibra même si elle affirme l'avoir croiser en ville. Je sais pas, j'arrive pas à la croire. C'est juste trop bizarre. Je l'entends le soir dire qu'elle a besoin d'Ibrahim et quelques jours plus tard elle le croise par hasard en plus en dehors de la cité elle qui ne sort jamais ? C'est louche. Du coup, j'ai de moins en moins confiance en elle. Je devrais pas, c'est vrai. Je suis censé croire ma meuf mais tout tourne tellement bizarrement entre nous que je n'arrive plus à avoir entièrement confiance en elle. J'ai peur qu'elle me la mette à l'envers et qu'elle continue de voir son ex en secret. Je pourrais pas cautionner ça.

Donc ouais, je l'évite. Même si on vit ensemble, on ne se parle quasiment plus. Je sens qu'elle essaye de réinstaurer le dialogue mais je suis fermé à toute conversation avec elle. J'arrive plus à la cerner et à comprendre ce qu'elle veut. Un jour elle veut qu'on discute car elle est de bonne humeur. Et un autre jour, elle ne me calcule pas, avachie sur le canapé en pyjama.

Sah, cette situation me saoule. J'ai l'impression qu'on est mariés depuis quinze ans et qu'on en arrive à un point où on n'arrive plus à se supporter. Si vivre avec elle est égale à ça, j'aurais peut-être dû réfléchir à deux fois avant d'aller voir son père. C'est pas que je regrette, c'est juste que j'imaginais ma vie à ses côtés tellement différemment. J'aurais voulu la présenter à mes parents, qu'ils sachent avec qui je vis mais là c'est juste impossible. Notre couple vire mal et j'ai le pressentiment qu'après quatre ans de relation, on arrive à la fin de nous deux...

Aujourd'hui nous sommes samedi. Comme je ne travaille pas aujourd'hui, pour pouvoir fuir Naëlle, je suis parti chez Djibou. Toute l'équipe est réunie. Ils parlent tous, ils rient, se chambrent. Ils ont tous l'air heureux, sans soucis à l'inverse de moi qui me prend la tête sans arrêt avec Naëlle. Issa ne cesse de nous parler de Nadia. Il avoue être fou amoureux d'elle, elle le comble. Certes, il ne se voit pas encore passer le cap et la demander en mariage mais il est bien avec elle et c'est ça le plus important. Lorsque la conversation dérive sur moi et mon couple, je me sens obligé de mentir. J'ai pas envie d'avoir à leur raconter mes problèmes. Déjà que je me suis livré à Marwan la dernière fois, c'est bon on est pas dans Confessions Intimes ici. Alors je fais le mystérieux. "On est là hein, ça bouge pas tu connais". Ils sont suspicieux mais je m'en fous royalement.

Issa — T'es bizarre Anas ces derniers temps. Tu fais plus de blagues c'est pas normal ça.

Ramy WAllah ! On dirait tu déprimes gros, c'est pas toi ça !

— Y a rien. C'est le taff qui m'épuise c'est tout.

Ramy Guetlek "c'est le taff qui m'épuise" tu crois t'as quarante piges ou quoi ? On a même pas trente ans.

— Ta gueule toi. J'ai une vraie vie à gérer moi, quand je rentre y a quelqu'un qui m'attend.

Djibou — Oh l'enflure ! Ramy le célibat c'est comment ? Faut que t'aies une femme toi aussi.

— Ah dis-lui.

Issa — On dirait que ça veut te faire Ramy.

Ramy — Moi je suis bien célibataire, je vis ma meilleure vie. Regardez-vous avec vos vies de pères de famille, vous êtes aigris c'est un truc de fou. Même pas de gosses et déjà là à se plaindre. Je suis tranquille moi, pépère, personne pour me les briser.

Djibou — On verra dans quelques jours si tu vas pas venir chez moi en pleurs en disant que tu vas finir ta vie seul.

Immédiatement, le visage de Ramy se serre. Il se redresse et regarde mal Djibou.

ANAS - Un mal pour un bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant