Chapitre 43

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Tesnim m'attire. Je ne sais pas comment l'exprimer ni comment l'expliquer, mais quelque chose en elle m'attire. C'est un sentiment assez étrange puisqu'il ne s'agit pas d'attirance physique ni sexuelle. C'est vraiment étrange. C'est comme si quelque chose en elle me disait d'aller lui parler et de me rapprocher d'elle. Je la trouve jolie mais à part ça, je n'ai pas spécialement envie d'apprendre à la connaître pour me mettre en couple avec elle. J'ai juste envie de la découvrir, de creuser. J'ai l'impression que c'est réciproque. On dirait qu'elle a aussi vu en moi quelque chose...

Une semaine après qu'elle soit venue dîner avec ses amies, j'ai reçu un message de Halima, sa pote. J'avais complètement oublié que je lui avais donné mon numéro. Elle a engagé la conversation naturellement en me demandant comment j'allais. Puis nous nous sommes mis à parler de tout et de rien, comme si de rien était. Quelques jours sont passés, et elle a commencé à souvent me parler de Tesnim. Elle me dit qu'elle a vu qu'on s'entendait bien la dernière fois, elle me pousse à aller lui parler un peu plus chaque jour. J'ai beau ne pas comprendre quel est son motif, je finis par prendre le numéro de Tesnim et lui envoyer un message le soir-même. « C'est Anas », simple et efficace. Elle m'a répondu en me demandant comment j'allais et, comme avec Halima, la conversation a coulé.

Un jour alors que j'étais au téléphone avec Tesnim, j'ai reçu un appel d'Issa. J'ai écourté la conversation, ai appelé mon reuf et dès que nous avons fini, j'ai rappelé Tesnim.

Tesnim — Viens on fait un jeu.

— Quoi comme jeu ?

Je suis un peu sceptique, on ne sait jamais ce qu'elle peut avoir dans la tête celle-là. Je n'arrive pas à la cerner.

Tesnim — Chacun son tour on va deviner des infos sur l'autre. Et tant qu'on ne se trompe pas on continue, ça te va ?

Intérieurement, je souris. Ça me plaît. Surtout que je me doute bien qu'elle n'arrivera jamais à deviner la situation chaotique dans laquelle je me trouve.

Tesnim — Je commence. Tu as quitté la France pour venir vivre au Maroc. C'est ça ?

— Ouais mais bon, ça t'as pu le comprendre facilement.

Tesnim — Ouais mais ça compte quand même. Ensuite tu es marié ?

— Non. Célibataire. A mon tour. J'ai cru comprendre que Aziza et Halima sont tes meilleures potes.

Tesnim — Affirmatif.

— T'as 24 ans. T'as cinq grands frères qui sont tous mariés et t'es enfant unique. Tes frères sont autoritaires, ils ont un peu un rôle de parent avec toi donc tes parents... je suppose que tu vis pas avec eux. J'ai raison ?

Tesnim — Hmm... oui.

— Tu vis pas avec eux parce que t'as voulu prendre ton indépendance ?

Tesnim — Non, négatif. A mon tour. T'as 30 ans et t'es pas marié. Pourtant t'es quand même un bel homme, donc ça veut dire que t'as eu des relations compliquées.

— C'est une question ou une affirmation ?

Tesnim — Chut je réfléchis. Si je raisonne bien, c'est à cause de tes relations compliquées que t'es venu t'isoler au Maroc ?

— C'est à peu près ça.

Tesnim — La femme que t'aimes t'as trompé ?

— Hmm... ouais ça aussi c'est arrivé.

Tesnim — Mais c'est pas ça le déclencheur ? Bah quoi ? Elle t'a fait un enfant dans le dos ?

— Non abuse pas aussi. Bref, c'est à moi. Tes parents sont morts.

ANAS - Un mal pour un bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant