Nous sommes chez Cassia et Lounes. Toute la cité est dans leur appartement et il y a tellement de monde que la porte d'entrée est restée ouverte. Ils ont tous tenu à faire une petite fête pour célébrer le retour de Lounes et Salif. Alors pendant que les filles s'activent en cuisine, les gars jouent à la play sur la télé du salon. Ils s'amusent, rient, fument la chicha et plein de conneries pas forcément licites. Issa, Djibou et Ramy ont été engrainés et se sont mis à fumer des joints avec les grands. Je suis le seul à ne pas me sentir à ma place. Du coup, je me lève pour sortir un peu. Le shit commençait à me faire mal à la tête de toute façon.
Je descends les escaliers pour me poser contre les boîtes aux lettres dans le hall mais avant de pouvoir y arriver, je croise Naëlle. Elle sourit en me voyant alors je lui rends son sourire. Elle me tend sa main que je serre.
Naëlle — Tu pars ?
— Nan. J'arrive je vais juste faire un tour vite fait.
Naëlle — Ah.
Pendant un court instant, nous nous contentons de nous regarder avant qu'elle ne remarque le bruit audible dans tout le bâtiment qui vient de l'appartement de Lounes et Cassia.
Naëlle — C'est chez Cassia tout ce bruit là ?
— Ouais. Y a beaucoup de monde c'est pour ça.
Naëlle — Y a mes frères et sœurs ?
— Ouais, y a toute la cité là-bas. Même mes sœurs, Ramy, Djibou, Issa...
Je marque un léger temps avant de rajouter :
— Il n'y a qu'Ibra qui n'est pas là.
Son regard devient tout de suite plus insistant. Elle attend que je poursuive.
— Mais je suppose que c'est mieux comme ça. Avec votre love story, Salif risque de le lapider. J'imagine même pas sa réaction quand il va apprendre qu'il est revenu. Il va prendre ça comme un défi, un affront carrément.
Naëlle — Il va rien faire. J'en suis sûre qu'il est même déjà au courant. Ses potes ont dû lui balancer quand il était encore en prison. Et puis, il m'a dit qu'il me considère plus comme sa sœur, je suis morte pour lui.
— Pourquoi tu montes alors ? Pourquoi tu te déplaces pour quelqu'un qui n'en a rien à foutre de ta gueule ?
Naëlle — Je le fais pas pour lui. Cassia est comme ma sœur. Elle et Lounes m'ont toujours supporté. Je vais là-bas pour voir Lounes, ça s'arrête là.
Je la regarde encore cinq secondes et je continue de descendre les escaliers sans lui répondre.
Naëlle — Euh... Anas !
Je ne me retourne pas et me contente de m'arrêter pour lui prouver que je l'écoute.
Naëlle — On est cool nous deux ? Si je dis ça c'est parce que j'ai pas reçu de messages de ta part et... j'avais honte d'en envoyer après tout ce que je t'ai dit la dernière fois.
— C'est déjà oublié Naëlle. Arrête de te focaliser sur le passé, c'est pas comme ça que tu vas avancer.
Puis je me retourne pour lui faire face et j'ajoute : «si tu vois ce que je veux dire» pour souligner le fait que je parle d'Ibra. Elle beug un long moment avant de tilter puis dit :
Naëlle — Je vois pas de quoi tu parles.
— Je peux rien faire de plus pour toi alors.
Cette fois-ci, je ne m'arrête plus et continue de descendre les escaliers. J'arrive dans le hall et je me cale contre les boîtes aux lettres. Je mets mes écouteurs et par ennui, je galère sur Twitter avant que mes doigts ne me dirigent vers mes vidéos et que le visage de Yazel ne s'affiche sur mon écran. Je donne des conseils que je ne suis même pas capable d'appliquer. Quel hypocrite.
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ANAS - Un mal pour un bien
Художественная прозаJe me souviens comme tu n'avais pas peur de parler de ce mot, la mort. Moi, j'en ai toujours eu peur. Je n'ai jamais su pourquoi mais il m'effrayait. J'avais tellement de questions qui en découlaient comme : «Qu'est-ce qu'il se passe après ?» «Allon...