Chapitre 40

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Il s'est passé une semaine depuis ma rupture avec Naëlle. Les journées passent et je ne peux m'empêcher d'avoir la haine contre elle. Je lui en veux de m'avoir trompé mais surtout de m'avoir fait perdre mon temps. Quatre ans à ses côtés. Quatre longues années à la supporter, lui remonter le moral, lui prouver que je suis un homme bien qui fait certes des erreurs mais qui essaie de lui prouver qu'il l'aime. Je n'arrive pas à croire qu'elle ait pu me faire ça. Je sais que je ne suis pas parfait. Je sais très bien que trop souvent je l'ai blessé mais jamais je ne l'aurais trompé. Jamais je me serais permis d'autant lui manquer de respect. Même si mes actions ne traduisaient pas toujours mes sentiments, j'avais de l'estime pour cette femme. De l'estime, de l'amour, des putain de sentiments qui aujourd'hui n'ont plus aucune importance puisqu'ils ont été bafoué. Elle s'est foutue de ma gueule en couchant avec Ibrahim. Qu'elle regrette ou pas n'est pas la question, elle a été trop loin. Elle aurait pu tout stopper mais elle a tenté le diable. Elle est montée dans sa voiture, a été chez lui, l'a laissé l'embrasser pour au final avoir un rapport sexuel avec lui. Beaucoup d'étapes soit énormément de moments où elle aurait pu se rétracter.

Alors ouais, j'ai la haine contre elle. Je lui en veux vraiment. Je n'arrive pas à atténuer ma haine tellement j'ai mal. J'ai mal de m'être fait berné. Tout aurait pu être évité si elle était restée avec Ibrahim dès le début. Pourquoi m'avoir fait ça ? Pour me faire souffrir ? Sah, ça faisait parti de leur plan machiavélique à tous les deux ? Ils se sont sûrement dit "eh si on se jouait de Anas, ce bouffon il a perdu la femme qu'il aimait, viens on l'enfonce encore plus bas que terre".

Mes pensées fusent. Je me fais toute sorte de films dans ma tête. Je me demande si c'était vraiment que cette nuit-là où si, pendant que je dormais naïf et insouciant, elle prenait du plaisir dans son lit ? Ou dans mon lit, qui sait ? Peut-être qu'elle l'a emmené ici pendant que je travaillais ou que j'étais tout simplement dehors ? Ma tête me fait horriblement mal. Mes tympans tambourinent tant je réfléchis. Et s'ils n'avaient jamais cassé tous les deux ? Et si depuis quatre ans je passe pour le dindon de la farce devant tout le monde et personne n'a osé me le dire ? Ils ont dû tous se foutre de moi lorsqu'ils ont appris que je suis allé voir le père de Naëlle. "Mesquine c'est vraiment un p'tit con Anas" qu'ils ont dû tous se dire. Sûrement qu'ils ont rit de ma personne, qu'ils m'ont montré du doigt, "Anas la p'tite pute".

Je ne pense pas être un jour capable de pardonner cet acte. J'ai le démon contre elle. J'avais placé ma confiance en elle après toutes ces années à souffrir. J'ai culpabilisé de nombreuses fois auprès de Yazel, de Farah et de leur famille. Je passais des nuits blanches à me questionner sur mes choix, à me demander si Yazel est fière de moi, si je prends les bonnes décisions. C'est incroyable, je n'aurais jamais pensé que Naëlle pourrait me faire ça un jour. J'ai vu en elle une innocente qui avait besoin d'être sauvée. J'ai voulu la protéger face à ce monde immonde et impitoyable envers elle. J'avais tord. Je n'aurais jamais dû m'approcher d'elle. J'ai été l'élément perturbateur de sa vie. Elle a toujours été destinée à Ibrahim, ils ont un vécu beaucoup trop fort. J'ai été présomptueux de vouloir faire partie de sa vie. J'ai cru qu'on pourrait construire quelque chose ensemble, qu'Ibra et elle n'avait aucun avenir. Je me suis fourvoyé. J'ai été le démon qui l'a tenté. J'aurais dû la laisser avec Ibra et rester seul, comme j'en avais l'habitude.

Faisant sûrement preuve d'arrogance ou de déni, j'ai voulu me prouver à moi-même que ma vie n'était pas finie. J'ai pensé qu'elle était en train de se perdre et qu'il fallait que je la sauve. Je n'aurais jamais dû intervenir. J'ai bousillé leur relation. J'ai tout foutu en l'air.

Finalement, c'est à moi que j'en veux. Je m'en veux de m'être bandé les yeux tout ce temps. Pourtant tous les signes montraient qu'il fallait que je me détache d'elle. Toutes ces fois où j'ai confondu ses yeux avec ceux de Yazel, toutes ces nombreuses fois où je sentais la présence de Yazel au lieu de celle de Naëlle, toutes ces fois, j'aurais dû...

ANAS - Un mal pour un bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant