ANAS - Un mal pour un bien

Chapitre 37

La conversation que j'ai entendu entre Naëlle et Cassia m'a laissé perplexe. Pendant une longue semaine, j'ai réfléchi. J'ai fait que ça. Je me suis retourné le cerveau, j'ai creusé mes méninges dans tous les sens mais tout ça n'a servi strictement à rien. Je la comprends pas en fait. J'arrive pas à capter ce qui va mal chez elle. Parce que si, après tout ce qu'on a traversé ensemble, elle décide qu'au final, elle aurait préféré Ibra, qu'elle me le dise maintenant qu'on soit fixés et qu'on agisse en conséquence.

Je sais que je suis pas l'homme parfait dont elle rêvait. Je sais très bien que j'ai des défauts et pas des moindres. Il m'arrive de l'appeler Yazel et ça, c'est un truc de ouf. Beaucoup m'auraient déjà quittés pour ça mais pas elle. Elle est compréhensive, à l'écoute. Elle voit en moi ce que je ne vois même pas en moi-même. C'est vrai, c'est la stricte vérité. Mais si au final, tout ça n'était que mascarade car madame veut Ibra, on va pas aller loin. C'est simple : on va aller nulle part carrément.

Mais tout ça, je me suis bien gardé de lui dire. J'ai continué à agir avec elle comme si je n'avais rien entendu. Au fond de moi, j'espérais qu'elle vienne m'en parler d'elle-même. J'espérais qu'elle s'excuse du comportement qu'elle a eu à mon égard et qu'elle me rassure. Mais elle ne l'a pas fait. Non, madame s'est encore plus éloignée de moi. Je ne sais pas si toutes ses actions sont réellement dues à la dépression dans laquelle elle est tombée, mais ça commence vraiment à me saouler.

Seulement voilà, j'évite le conflit. C'est bête parce que dans un couple, la communication c'est beaucoup trop important pour être négligé. Mais Naëlle je la connais comme ma poche. Si je m'engage sur ce sujet avec elle, elle va me rappeler Yazel et tout ce qu'elle endure chaque jour par ma faute. Je ne veux pas m'embrouiller avec elle une nouvelle fois à propos de mon ex dont oui, j'assume complètement, j'évite le conflit.

Et puis, il faut dire que j'ai d'autres chats à fouetter. Depuis que je suis entré dans la vie active, j'ai de moins en moins le temps de sortir comme avant. Et maintenant que je vis avec Naëlle, c'est encore pire. J'ai l'impression d'être cloitrer entre les quatre murs de mon appartement et je respire plus.

Du coup, lorsque Marwan propose que l'on se voit, j'accepte immédiatement. Et c'est ainsi qu'en ce jeudi soir, je me dirige à la cité juste après mon travail. Je le vois posé devant sa tour et le rejoins. Personne n'est dehors. C'est vrai que ça fait longtemps que je n'ai pas "traîné" à la cité. Elle paraît vachement vide comme ça...

— T'as l'air pensif.

Marwan — Je le suis. Mais c'est plus de la nostalgie. Je me rends compte que l'enfance c'est fini. On est des adultes maintenant, des hommes.

— rires Et quoi ? Tu prépares ton testament ? On dirait t'as un cancer et tu vas clamser demain.

Marwan — Eh ! Éloigne ton mauvais œil de moi frère ! J'ai encore une longue vie devant moi. J'ai des choses à accomplir.

— Pshartek.

Marwan  — Ouais... J'ai des choses à accomplir... et fonder une famille en fait parti.

Mon regard fixé au loin se pose sur le city vide. Je me remémore nos matchs de foot, nos rires, nos soirées passées. Et maintenant, plus personne n'est là. Ils sont tous avec leurs proches. Ils doivent sûrement repenser à ces moments révolus mais le fait de retrouver leur foyer les comble. Fonder une famille qu'il dit...

— Tu veux te marier avec Inès ?

Marwan — Ouais. Je veux qu'elle porte mon nom.

— T'es sûr que c'est la bonne ?