ANAS - Un mal pour un bien

Chapitre 12

Naëlle est devant ma tour avec les mains pleines de cartons. J'hésite à aller la voir pour lui proposer mon aide. En vrai, j'arrive pas à la cerner cette fille. En terminale, quand tout le monde était contre elle, j'ai toujours essayé d'être gentil avec elle, de lui montrer qu'elle pouvait me parler si elle le souhaitait mais elle ne m'a jamais adressé la parole. Elle est toujours restée seule dans son coin. Si ça se trouve, je vais lui proposer mon aide et elle va me recaler.

Je continue alors mon chemin en m'apprêtant à ne pas la calculer mais elle fait tomber un carton rempli d'ustensiles de cuisine. Ma bonne conscience a eu raison de moi, j'ai été obligé d'aller la voir. Je me suis mis accroupi à côté d'elle et j'ai commencé à ramasser les objets.

Naëlle — Ah... euh... merci...

Je lui souris et elle elle fait de même timidement. Je porte les cartons et nous marchons jusqu'à sa voiture. Elle ouvre le coffre et je mets le carton à l'intérieur.

Naëlle — Désolée de t'avoir dérangé.

— Nan tranquille c'est rien. Tu déménages dans ma tour ?

Naëlle — Nan. Tu sais, ma belle-mère vivait au quatrième. Bah elle a déménagé donc bah, je reprends ses affaires celles de ses enfants.

— Qui Clarisse ? Jure c'est ta belle-mère ? Je savais pas.

Naëlle — Ouais.

Clarisse c'est la tantine de ma tour. Elle doit avoir la quarantaine et tout le monde la respecte. Elle est grave sympa, elle a le sens de l'humour aussi. Une tantine cool comme on en fait plus. Elle a deux enfants, Rayan et Maëlys. J'étais pas au courant que c'était la belle-mère de Naëlle. Pourtant, elle ne vit pas chez Naëlle, c'est chelou.

— Donc Rayan c'est ton demi-frère et Maëlys ta demi-sœur ?

Naëlle — Oui.

J'allais parler mais une fille arrive elle aussi avec un carton. Elle nous regarde tour à tour sûrement en attendant une explication.

Naëlle — Anas je te présente ma petite-sœur Amy. Amy - Anas, on était dans la même classe tout le lycée.

Sa sœur me sourit alors moi aussi. On voit grave la ressemblance exceptée qu'elle a de la chair sur les os, elle au moins. Je lui tends la main qu'elle serre difficilement à cause du carton de vêtements qu'elle porte.

— Au fait, je savais pas que t'avais tant de frères et sœurs. Vous êtes combien au juste ?

Elle ouvre la bouche pour répondre mais ne dit finalement rien. Je sens qu'elle hésite et une gêne s'installe. C'est Amy qui finit par répondre à sa place.

Amy — On est cinq enfants.

Je hoche la tête de haut en bas en guise de réponse et remarque le regard qu'elles s'échangent. Je décide de ne pas relever l'hésitation de Naëlle et propose de les aider à porter tous les cartons. Elles acceptent volontiers donc je porte les affaires restantes et les mets dans le coffre de Naëlle. Dès qu'on finit, Amy va s'asseoir au côté passager et je reste un moment seul avec Naëlle.

Naëlle — Encore merci Anas. Fallait vraiment pas.

— T'inquiètes c'est rien. Bon vas-y je dois y aller moi. A la prochaine.

Naëlle — Ouais, à la prochaine.

J'ouvre la porte de ma tour mais soudain je me retourne. Elle vient d'ouvrir la portière de sa voiture et je cris de manière à ce qu'elle m'entende bien :

— ON DEVRAIT ALLER MANGER UN DE CES JOURS !

Naëlle — Ah... euh... ou... OUI POURQUOI PAS !