After ALL [ Newt ]

49. ODD LOOK

Une douleur lancinante força la jeune fille à ouvrir les yeux. Observant le plafond en toile, Abella chercha autour d'elle. Où était-elle ? Que s'était-il passé ? Elle était visiblement sur un lit de fortune, et elle entendait le bruit des conversations du dehors. Elle tourna alors sa tête vers la gauche, et découvrit le visage familier de son frère.

Et elle se rappela. Abel, la menace, un coup de feu, puis d'autres, Darwin, du sang, une douleur...

Elle voulut parler, mais une terrible douleur la prise au niveau du cou. Elle avait été touchée elle aussi. Abel était allongé sur le dos, les yeux fermés. Son lit se trouvait non loin du siens, à sa gauche. Il y avait tout de même une distance de quatre pas au moins entre eux.

                « Abel, réveil-toi ! » s'écria-t-elle dans les pensées du garçon.

                Celui-ci sursauta, mais n'ouvrit pas les yeux pour autant.

-          Je dors pas, grogna-t-il en fronçant les sourcils.

«  Tout le monde va bien ? »

-          Oui, oui, tout le monde va...

Ses paupières s'écarquillèrent d'un coup, et il se tourna vers sa sœur, choqué.

-          Putain, Bella ! T'es réveillée ! s'étonna-t-il.

Il voulut se redresser, mais abandonna l'idée en posant une main sur sa poitrine. Grimaçant de douleur, le garçon se rallongea en soufflant.

« Je dors depuis combien de temps ? »

-          Deux jours et demi je dirais, répondit Abel en tournant sa tête pour la fixer. C'était la folie. T'as failli crever pour de bon. Jack fait vraiment des miracles, putain.

Abella hocha la tête, puis il y eut un petit silence, sans qu'Abel ne cesse de la regarder. Il semblait réfléchir. Finalement, il baissa les yeux, puis les releva pour fixer le toit de la tente.

-          Mais il peut pas ressusciter les morts. Ton copain, Darwin, n'y a pas échappé, finit-il par dire d'une voix terne. Je suis désolé.

Abella ne répondit rien, observant simplement le plafond. Une boule s'était formée dans sa gorge, et elle ne pouvait même pas pleurer au risque de se faire mal. Son cœur était si serré. Et elle se remémora la scène. La balle traversant le crâne de son pauvre ami, elle n'avait même pas eu le temps de lui dire au revoir. Il ne méritait pas une telle mort, il ne méritait pas de mourir si vite. 

« Il n'aurait jamais dû faire ça... Il ne méritait pas de mourir à ma place... » souffla-t-elle.

-          C'était ton ami, il t'aimait, déclara le garçon. Ils l'auraient tous fait. Même Newt était prêt à sauter, crois-moi, il allait le faire. Mais sa jambe à flancher avant, et je suis arrivé le premier. 

« Toi non plus, Abel. Tu n'aurais pas dû. »

-          Je suis ton frère, dit-il en fermant les yeux. « Et je t'aime, moi aussi. »

Abella tourna tout doucement la tête vers lui, faisant attention à sa blessure, l'air neutre. Même s'il ne l'avouait pas à voix haute, il avait encore de l'affection pour elle ?

«  Pourquoi... ? Pourquoi avoir fais ça, après tout ce que je t'ai fais... ? » demanda-t-elle tristement.

« Parce que t'es ma sœur. Tu restes ma sœur. Tu ne te rappelles pas de moi, tu ne m'aimeras jamais autant que moi, mais tu restes ma petite sœur et... Je n'arriverai jamais à appuyer sur la gâchette. Même si j'essaye de te détester de tout mon être, j'y arrive pas. »