Chapitre 50 (partie 2)

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C'est la toute première fois que je prends l'avion et je suis assez stressée mais paraît-il que l'avion est plus sûr que la voiture. De plus, on a fait 3 heures de voiture contre seulement 1 heure et demie d'avion. Alors je me détends et me concentre sur mon sommeil manqué.

- Je suis vraiment trop pressée d'arriver !!

C'était sans compter sur Rebekka qui est toujours plus emballée que moi à voir comment elle gigote sur son siège. Et après lui avoir prié de se calmer j'entame une discussion histoire de chasser cette sensation d'angoisse.

- On a vraiment de la chance qu'ils annoncent de belles températures !

- Oui enfin ça va tourner autour de 20°C, tu sais ! Pas de quoi s'emballer.

Ma petite sœur me répond mais je ne l'entends pas, me concentrant beaucoup trop sur mes inquiétudes. Intérieurement, j'essaie de me convaincre que tout va bien se passer et qu'il n'y a aucune raison qu'il ne nous arrive quoi que ce soit mais c'est plus fort que moi : j'ai peur.

Mes mains deviennent moites et inévitablement Bekky finit par remarquer mon comportement.

- T'as peur ?

Elle sourit et se moque gentiment puis se tourne vers maman :

- Eh maman, Erena est flippée !! Aaaah !! Tremblement de teeeerre !!

- T'es conne, on est dans les airs il peut pas y avoir de tremblements de terre. Lâche-moi, maintenant.

Je la pousse et ma mère nous fait comprendre qu'il est temps de se calmer. L'avion est petit et l'organisatrice, qui pourtant est tout devant, s'est retournée. De même que le garçon brun et la jumelle aux cheveux courts.

Un peu honteuse, je me ressaisie et passe mes mains sous mes cuisses pour éviter de les tordre encore longtemps.

- T'inquiète pas Nana, ça va bien se passer. C'est comme le déssanimé avec le chien, tu sais celui qui monte dans le ciel avec son ami et aussi...

Les mots se perdent dans mon esprit et je ne sais pas ce que je dois faire : me perdre dans ce que me raconte mon petit frère pour ne plus penser à ma nervosité ou justement me concentrer dessus pour tenter de la calmer ? J'opte pour la seconde option puisque, de toute manière, je suis incapable de porter de l'attention à mon blondinet de petit frère.

Les minutes me paraissent énormes et je tente encore et encore en vain de comprendre ce qui ne va pas chez moi. Pourquoi suis-je aussi stressée ? Et sans raison apparente, qui plus est. C'est pas comme-ci j'avais déjà pris l'avion et que ça s'était mal passé ? Serais-je phobique de l'avion ? Claustrophobe ou un truc dans le genre ? Impossible de savoir, mais ce voyage est vraiment en train de se transformer en torture et je n'apprécie pas trop de passer de « Génial je vais en Islande en avion » à « Génial j'ai passé la pire heure et demie de ma vie en avion ».

Finalement, le temps parvient à passer et nous arrivons presque à destination quand l'une des hôtesses se lève et commence à faire son annonce. Elle reste calme et souriante mais tout le monde sait que quand une hôtesse fait une annonce ce n'est pas pour dire « Woaw, ce voyage a été trop génial et je vous ai trouvé trop cool ! Qui veut faire un selfie ?».

Trop stressée à imaginer tout ce qu'elle aurait pu dire je n'ai rien écouté, mais vu le calme des autres voyageurs je me dit que je me fais des films et qu'il est vraiment tant que j'arrête la drogue. Ironie.

Mais à peine une poignée de seconde après son intervention, voilà que l'avion se secoue. Un trou d'air ? Une perte d'altitude ? Tous les mauvais films passent en boucles devant mes yeux, ma respiration s'accélère et je me crispe sur mon siège, m'accrochant aux accoudoirs comme-ci ces derniers pourraient me sauver en cas de danger.

- Mesdames, Messieurs, je vous pris de bien vouloir rester calme et de ne pas paniquer pendant ces légères turbulences.

Elle est marante elle, c'est son métier, évidemment qu'elle ne panique plus depuis longtemps. Désolée de pas pouvoir me payer des promenades en avion tous les deux jours pour m'habituer à ce genre de petits désagréments.

Les secousses s'accentuent et en l'espace d'une seconde tout bascule. Je ne suis plus la seule à être angoissée. Tous nos regards se croisent avec le même mot qu'ils semblent vouloir dire : panique. Je me retourne vers ma mère, les larmes aux yeux. Jack, lui, est étonnamment calme. Il regarde maman avec de grands yeux mais ne pleurent pas ni ne cri. Il le fera quand il me verra le faire.

Doucement, je me retourne et m'enfonce au maximum dans mon siège afin d'atténuer les sensations de secousses, mais cela ne change rien. Nos corps se balancent dans absolument n'importe quels sens et tout le monde semble avoir adopté le même reflexe : celui de s'agripper au siège de devant.

Soudain, je pense à ma sœur, elle qui était si détendue un peu plus tôt est maintenant en larmes et me montre le hublot. L'avion vacille si bien qu'il m'est presque impossible de discerner si nous somme au dessus de l'eau ou de la terre.

Petit à petit, tout redevient calme et je laisse enfin une larme couler sur ma joue en respirant beaucoup trop bruyamment. Seuls mes yeux bougent, je ne me permet aucun autre mouvement tant je suis pétrifiée par ce qu'il vient de nous arriver.

La même hôtesse que tout à l'heure, après nous avoir lancé un regard craintif par dessus le dossier de son siège, finit par se relever pour parler.

Mais plus rapidement que la première, une nouvelle vague de secousse beaucoup plus intense et beaucoup plus violente se fait ressentir. La dernière chose que j'ai pu voir dans cet avion était le corps de cette pauvre femme propulsé contre un des murs de l'avion comme une vulgaire poupée de chiffon.

Je m'étais trompée : au bout du tunnel, il y en avait un autre. 

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 04, 2018 ⏰

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Erena (Livre 2) [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant